L'Entre guerres [COMPLET!]

Chapitre 5

Natasha sentit quelque chose qui remontait le long de sa colonne vertébrale. Elle n'ouvrit pas tout de suite les yeux; la sensation était agréable. Les souvenirs de la nuit passée lui revinrent en mémoire : son cauchemar, puis la manière dont elle s'était soudain ouverte à Steve. Elle ne se rappelait pas s'être endormie, mais devinait que c'était sa main qu'elle sentait aller et venir contre son dos. Elle prit une profonde respiration, et fut envahie pas son odeur. Il était partout à la fois. Lorsqu'elle se hasarda enfin à ouvrir les yeux, elle vit que le soleil pointait à peine à l'horizon. Le matin était encore tout jeune. Elle était allongée sur le ventre, la tête au creux du bras de Steve qui était allongé sur le dos, yeux fermés. Mais à la manière dont il promenait ses doigts sur elle, elle savait pertinemment qu'il ne dormait pas. Elle demeura là un long moment, à l'observer. Sa barbe naissante lui donnait un air si différent. Moins coincé. Plus relax. Plus naturel. Elle se mit à songer qu'elle devrait changer d'apparence, elle aussi. Voyager en groupe était plus dangereux. Les chances de se faire remarquer étaient plus grandes que lorsqu'elle était seule. Elle devrait régler ça rapidement.

- Tu sembles avoir mieux dormi...

La voix de Steve la fit légèrement sursauter. Il n'avait pas bougé, ses yeux étaient toujours fermés, et sa main continuait ses allées et venues contre son dos.

- Je suis désolée, lui répondit-elle d'une voix rauque.

- Arrête.

- Je te dois tout de même un merci.

Il eut un sourire et ouvrit enfin les yeux, puis tourna la tête vers elle. Elle lui répondit de la même manière. Et même si elle était surprise de voir que ni lui, ni elle, n'osait bouger, et qu'ils demeuraient allongés là, l'un contre l'autre, elle dut s'avouer que la situation était confortable.

Ce fut un bruit contre la porte qui les tira de leur silence. On ne frappait pas. On voulait visiblement entrer de toute urgence. Les trois Bang ! résonnèrent à travers toute la chambre, alors que Steve et Natasha furent sur leurs pieds en moins de deux. Steve ne comprit pas où elle avait pris le temps d'agripper son revolver, mais ils se retrouvèrent près de la porte aussi vite que s'ils avaient pu s'y téléporter. Ni lui, ni elle, n'eut le temps de jeter un œil par le judas que la voix familière de Wanda se fit entendre de l'autre côté.

« Ouvre ! C'est moi ! »

Steve déverrouilla la porte qui s'ouvrit en coup de vent, et déboula dans la chambre une Wanda visiblement paniquée.

- Faut foutre le camp de c'pays ! s'écria-t-elle en agrippant le sac de voyage de Steve. Dépêche-toi, pas le temps de t'habiller, il faut partir ! Sam est dans le jet. Je suis allée le rejoindre à Hamburg, et on a été reconnus. On a dû se battre pour s'enfuir, et maintenant Sam est blessé. Si on ne part pas très vite, on va avoir toutes les polices de l'Allemagne à nos trousses.

C'est à ce moment que Wanda se retourna et remarqua que Steve n'était pas seul.

- Nat ! s'exclama-t-elle d'une voix aigüe que Natasha ne lui connaissait pas et en se jetant sur elle, la prenant dans ses bras. Mais tu es là depuis quand ? Peu importe. Remballez vos affaires, il faut y aller ! Plus vite !

Wanda ramassait tout ce qu'elle trouvait dans la chambre pendant que Steve et Natasha, après avoir échangé un regard grave, passaient leurs vêtements de la veille.

- Wanda, calme-toi ! lui demanda Natasha en enfilant son pantalon. Vous avez fui Hamburg, tout va bien. À quel point les blessures de Sam sont-elles graves? Visiblement, il a réussi à piloter jusqu'ici...

- ...et on a bien failli se tuer quand il a tenté de le poser sur le toit du building ! Il faut trouver un endroit pour le soigner, et il faut foutre le camp avant que le soleil se lève.