Chapitre 10

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Le monde autour semblait tourner trop vite pour Natasha. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait de faire. Natasha Romanoff n'était pas femme à vivre ses sentiments. Natasha Romanoff avait appris très jeune à réprimer tout ce qu'elle pouvait ressentir. Natasha Romanoff ne pouvait pas tomber... et pourtant. Il ne lui avait fallu que trois secondes. Pour trois secondes seulement, elle avait baissé sa garde. Pour trois secondes, elle avait cédé. Et ça avait été le début de sa fin. Elle savait que plus jamais elle ne pourrait lutter. Lutter contre ces sentiments qu'elle cachait en elle depuis des mois, voire des années déjà. Elle n'avait pas su quand ils s'étaient sournoisement glissés en elle, mais elle savait que désormais elle ne pourrait plus les rejeter. Steve Rogers l'avait embrassée il y avait quelques minutes à peine et déjà, il était partout : sur sa peau, contre son visage, entre ses bras, et jamais elle ne voudrait désormais qu'il en soit autrement.

« Ouvre tes yeux. »

La voix grave de Steve la fit sourire mais à sa grande surprise, elle ne céda pas à sa demande. Alors que ses deux mains s'agrippaient au devant du chandail du capitaine, elle sentit son visage contre le sien, et ses lèvres contre les siennes alors qu'il répéta : « Ouvre tes yeux. » Elle ne put s'empêcher de secouer la tête tout en laissant échapper un sourire immense. Elle le sentit qui l'embrassait une fois de plus, et c'était comme si plus rien n'existait au monde. Il n'y avait que lui, qu'elle, qu'eux deux. Qu'importaient toutes les guerres et toutes les politiques du monde, qu'importaient tous ceux qui gravitaient tout autour. En ce moment précis, n'existaient plus que Steve Rogers et Natasha Romanoff. À nouveau, elle entendit au creux de son oreille la voix grave de Steve qui lui répéta lentement : « Ouvre. Tes. Yeux. J'ai besoin de sentir ce puissant regard vert posé sur moi. »

Elle sourit de plus belle, mais ne céda toujours pas.

- Hors de question, eut-elle pour toute réponse à voix très basse.

Elle l'entendit qui riait contre son propre visage.

- Et pourquoi ?

- Parce que tant que je les garde fermés, je peux me convaincre que tout ça est réel. Parce que si j'ouvre les yeux, j'ai peur de me réveiller toute seule dans ma chambre au complexe des Avengers, pour réaliser que rien de tout ça n'est réellement en train de se produire.

- Parce que tu crois que tu pourrais rêver à tout ça ?

Elle sentit ses lèvres s'échouer contre les siennes avec toute la force dont il était capable, et ses mains qui la serraient si fort qu'elle crut qu'il allait la briser en deux. Elle se demanda s'il était possible que tous les atomes de son corps se fusionnent soudainement aux siens tellement il était près, tellement elle avait l'impression de le sentir à travers tout son être.

« Je te promets que je n'irai nulle part. Ouvre les yeux, Tasha. »

Il ne l'avait jamais appelée ainsi avant ce matin, mais elle l'avait entendu murmurer ce nom deux fois la nuit dernière. C'est à ce moment qu'elle sentit sa main près de ses yeux, qui dégageait cette mèche trop courte qui semblait toujours vouloir lui couvrir le visage. Elle sentit ses doigts qui repoussaient la couette pour la replacer derrière son oreille dans un geste si banal mais qui était en train de devenir pour lui un symbole. Un signe de sa présence. Elle rassembla lentement tout son courage et ouvrit enfin les yeux, lentement, puis vit son regard plongé dans le sien. Elle n'avait pas rêvé. Il était toujours là, et sa voix grave la fit vibrer de l'intérieur.

« Les voilà. »

Elle sentit une chaleur l'envahir, quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Elle l'embrassa à son tour, alors qu'elle sentait ses mains rugueuses qui soulevaient le bas de sa camisole et couraient le long de sa colonne vertébrale. Était-ce ça, ce qu'ils appelaient le bonheur ?

L'Entre guerres [COMPLET!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant