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Elle n'était pas fâchée. Son éternel sourire timide toujours scotché à ses lèvres. Maëlle était la gentillesse incarnée.

- Vous inquiétez pas, je ne dirais rien.

Je n'en doutais pas mais ça faisait plaisir à entendre. Si on avait fait tout ça pour rien, ça m'aurait vraiment énervée. On souffla un coup, soulagée.

- Maintenant que tu le sais, tu pourrais être notre complice, proposais-je.
- C'est vrai, il y a encore des personnes qui n'y croit pas vraiment, tu pourrais être notre alliée, enchaîna Sira.
- Je sais pas, mais ça pourrait être drôle.

Elle semblait excitée par cette idée, c'est vrai que ça mettait un peu de piment à nos vies.

- Bon, tout d'abord il faut savoir qu'au début, si on a inventé cette histoire, c'est juste parce qu'on s'est mal coordonnées sur un simple bisous sur la joue et du coup on s'est embrassée.
- Et puis, j'ai pensé que ça pouvait être amusant de tous vous faire croire qu'on était en couple.
- On a donc pensé à toute une histoire logique. Du jeu action ou vérité qui a dérapé jusqu'au mensonge sur ma relation avec Lucas.
- Mais, il ne le sait pas du coup ?
- Non, je pense que si on lui avait dit au début il aurait trouvé ça dérangeant mais amusant, maintenant qu'il s'est passé tout ça je ne pense pas qu'il va très bien le prendre.
- D'accord, donc si je le vois je ne dirais rien.
- Je pense que je vais en parler mais il faut que je trouve une façon de faire pour ne pas qu'il soit trop en colère.
- Sérieusement ? me demanda Sira.
- Bah oui, pourquoi ?
- Non, je pensais juste que c'était notre petit secret et on était convenues de n'en parler à personne.
- Je crois que c'est trop tard pour ça, rigola Maëlle.
- Bref, c'est pas grave fait comme tu veux. Mais je pense simplement que ça lui fera plus de mal que de bien.
- Je sais bien, mais les mensonges dans un couple, c'est jamais bon.
- Je suis d'accord avec toi mais ce n'est pas toi qui vit avec lui h24. S'il nous fait la gueule, c'est moi qui en paiera le prix.

J'allai répliquer lorsque la porte s'ouvrît. La tête d'Ivy dépassa de l'entrebâillement.

- Que-ce-que vous foutez ? Ça fait vingts minutes que vous êtes aux chiottes.
- On arrive, on discutait.
- Derrière notre dos ? rigola Ivy.

Elle ne croyait pas si bien dire.

- Non, bien sûr que non ! répliquai-je un peu trop vite pour que ça paresse naturel.
- Mouais. Bref on vous attend pour aller chercher les desserts.
- Je fini juste de sécher un peu mon t-shirt et on est là.
- D'accord. Prenez pas trop de temps.

Je plaçai mon haut trempé sous le séchoir, tant bien que mal. Cela ne servit pas à grand chose mais c'était mieux que rien.

- Bon, du coup Maëlle, tu ne dis rien et si on ajoute des éléments à la blague tu seras prévenue.
- Pas de problèmes.

Sur ces mots, on sortit des toilettes, un sourire factice collé aux lèvres, comme si l'une de nous avait raconté une blague marrante.

- Vous en avez pris du temps ! nous reprocha Marie.
- On sait. Vous voulez qu'on aille chercher les desserts ?
- Ouais, c'est sympa.

Maëlle se réinstalla a table, tandis que Sira et moi allâmes demander les glaces aux comptoirs. On passa commande et on se retrouva avec deux plateaux bien remplis. Nous n'échangeâmes aucun mot, tout avait été dit et on risquait de se faire remarquer.

Je voulais m'expliquer avec Sira, lui expliquer pourquoi, selon moi, il serait préférable de le dire à Lucas. Mais je me contentai de m'asseoir en silence. Le reste du repas, je le passais dans mes pensées. Le McFlurry rafraîchissait mes neurones qui n'allaient pas tardé à exploser. Sira laissa sa main sur la table et discutait avec le groupe, et c'était bien mieux comme ça.

Après la fin du repas, nos parents respectifs nous ramenaient, à part moi qui squattait la voiture de la mère de Sira. Cette dernière resta sur son téléphone, tandis que je discutais avec la conductrice. Lorsque je rentrai chez moi, il était presque vingt-deux heures et le soleil avait pratiquement fini de décliner.

Lundi, déjà le premier jour d'une nouvelle semaine, les week-ends étaient beaucoup trop court et beaucoup trop rempli, c'était épuisant.

Ce jour-là, je rentrais toute seule dans la cours du collège. Mais je savais que Lucas venait me chercher. Et même si c'était toujours stressant de le voir maintenant, sa présence me réconfortait.

Les premiers cours passèrent vite. C'était l'heure du repas. Maëlle m'avait demandé de manger avec elle et je m'en réjouissais, je pourrais enfin me confier à cœur ouvert.

Nous nous installâmes à la cantine dans les places les plus isolées.

- Ça va ?
- Oui pourquoi ?
- Non, je sais pas, tu as l'air pas super bien en ce moment. Je sais bien que c'est à cause du prank, mais si tu veux arrêter elle comprendra, j'en suis sûre.
- Merci, mais c'est son moyen de se remettre de sa rupture avec son ex. Elle a besoin de ça, ça lui permet de ne plus y penser.
- Arrête de la surprotéger ! Elle s'en est remis de sa rupture avec Tom. Il n'avait plus de sentiments, c'est comme ça et elle l'a très bien compris.

C'est comme si je me prenais une gifle en pleine tête. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. C'est vrai que je m'inquiétais souvent pour elle car elle était naïve, mais jamais je n'avais remarqué que j'en faisais trop.

- Tu dois avoir raison...
- Tu veux arrêter du coup ?
- Oui et non. Oui parce que je ne veux pas cacher ça à Lucas. Mais en même temps non, car j'ai envie d'aller jusqu'au bout et, je n'osais pas me l'avouer, mais c'est assez excitant de jouer la comédie comme ça, le premier couple de lesbiennes, on est le centre de l'attention avec cette histoire et ça me fait du bien qu'on s'intéresse à moi.

Ça me coûtait de le dire, mais il fallait avouer que c'était vrai. Heureusement, qu'elle était dans ces toilettes quand on a parlé de la blague, parce que sinon j'aurais explosé de ne pouvoir en parler à personne.

- Du coup, je vais continuer ! L'anniversaire d'Ivy est dans deux semaines, je pourrais tenir jusqu'à là.
- Si tu te sens mal, tu me le dis.
- Pas de problèmes, je t'en parlerais.

Sur ces mots, on débarrassa et on repartit en cours. Il ne me restait qu'une heure, une heure d'histoire, le pire cours avec la pire prof. Du coup, je passai son cours à discuter avec mon pote Nico qui était à côté de moi.

Lorsque je sortis du collège, je vis que Lucas m'attendait, un sourire aux lèvres.

- Coucou !
- Salut, tu vas bien ?
- Ouais, à part l'heure d'histoire qui était ennuyante à mourir.

Il rigola, mais son rire cessa bien vite. Plusieurs personnes nous dévisageaient en se parlant.

- Hey ! Ça te fait quoi de savoir que tu es sortit avec une lesbienne ? cria un gars que je ne connaissais pas.

Tout le monde rigola de la réplique du mec. Je me retournai vers Lucas pour voir sa réaction. Il semblait perdu et contrarié.

- C'est quoi ça ?
- T'inquiètes, c'est rien, essayais-je de me justifier. Juste une petite blague.
- Non, s'il te plaît explique-moi ! De quoi il parlait ?

Là j'étais clairement dans la merde...

PRANKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant