TIFFANY, ROYALINE.
Tiffany sort de coulisses avec une cape et un masque. Derrière elle, Royaline, parée comme une princesse.
ROYALINE. C'est vraiment de la merde ton idée, Tiffany ! Les gens vont rien comprendre à ce que tu racontes !
TIFFANY. C'est pas grave, je raconte quand-même !
Elle sort un parchemin, qu'elle déroule. Une voix robotique lit le titre à sa place : DES LOUPS ET DES TOMATES CERISES.
ROYALINE. Tiffany, mais arrête, c'est n'importe-quoi!
TIFFANY. Cette nuit, des loups sont rentrés chez nous par le garage. Cinq loups. Grands, gris, sombres, terrifiants. Moi et ma famille étions cachés dans le garage quand ils sont arrivés. J'avais mon doudou tomate et un seau de plage dans les bras. Mais les loups n'ont pas fait attention à nous et sont allés dans le jardin. Il y a la maison entre le garage et le jardin, mais eux sont passés directement dans le jardin. Nous les avons suivis.
Je serrais mon doudou tomate parce que j'avais vraiment très peur. Je pensais que les loups allaient nous manger. J'ai fait tomber le seau de plage. Un loup a tourné la tête vers moi, et j'ai frissonné de peur en voyant ses yeux jaunes. J'ai encore serré mon doudou tomate, et j'ai dit à ma grand-mère : « Mamouchka, j'ai peur ! » Mon grand-oncle était là, aussi. Il ne disait rien, mais il prenait beaucoup de place. Il prenait beaucoup de place parce qu'il était là et que je me rappelle plus de son expression que de celle des autres, bizarrement.
Les loups sont montés vers le potager. Nous les avons suivis, même si nous avions toujours très peur d'eux. Ils sont montés à l'endroit où il y avait la ciboulette et les tomates cerises. Nous avions si peur d'eux ! Ils allaient nous manger ! Mais nous les avons suivis quand-même. De très près, même. Nous avions si peur. Et alors, les cinq grands loups, gris, sombres, et terrifiants, qui allaient nous manger, ont soudain gobé les tomates cerises.
Ils les ont mangées. Ils les ont mangées, et ils ont trouvé ça très bon. Nous avons posé la main sur leur tête et les avons caressés. Ils se sont retournés vers nous et nous ont souri. Ils étaient doux comme des chiens. Ça fait neuf ans, peut-être huit, peut-être sept, peut-être six, je ne sais plus trop, et pourtant je m'en rappelle encore. Mon grand-oncle ne sait pas faire la cuisine, mais il a cueilli les tomates cerises et en a fait une délicieuse salade, que nous avons partagée avec les loups. C'était vraiment très agréable.
ROYALINE. Kiss !
TIFFANY. Quoi ?
ROYALINE. Viens là que je te roule une pelle !
Elles se roulent une pelle. Royaline lui pose la main sur l'entre-jambe.
ROYALINE. T'as une belle bite bien moulée tu sais.
TIFFANY. Royaline, mais enfin ! Ne dis pas ça ! Nous ne sommes que sex friends et cousines, je te rappelle !
ROYALINE. Elle était super, ton histoire.
TIFFANY. C'était pas la mienne. Et c'était pas une histoire, c'est réel.
ROYALINE. C'est vraiment arrivé ?
TIFFANY. Ouais : c'est un rêve. C'est un vrai rêve. C'est réel. Sauf la salade. Ça, c'est moi qui l'ai ajouté. Mais le reste, c'est un vrai rêve.
ROYALINE. Kiss !
TIFFANY. Quoi ?
ROYALINE. Approche-toi encore de moi.
Elle s'approche. Royaline lui fait un bisou très léger sur la joue droite, et très bruyant sur la joue gauche. Royaline lui enlève son masque, et se le met sur la tête. Elles partent en coulisses du même côté que celui où elles sont arrivées.

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DYSTOPIA
Random« Papa ! Papa, j'ai un ver dans l'oreille, papa ! J'ai essayé, j'arrive pas à l'enlever ! » Avez-vous jamais rêvé de pouvoir entrer dans le subconscient des gens ? De savoir ce qu'il se passait dans la tête des violeurs et des assassins ? De pouvoi...