LE PORTRAIT DE PANSY, TIFFANY, GOTH, DAF, LE CADAVRE DE ROYALINE.
Au fond de la scène, Tiffany, son propre masque posé à côté d'elle, est accroupie sur le cadavre de Royaline : elle lui enfile un masque, s'affaire à déposer d'épaisses bandes sur son corps. À ce moment, Goth et Daf accourent chacun depuis un côté différent, jusqu'au devant de la scène. Ils regardent tous les deux par terre en même temps, jettent un œil au fond de la scène, et poussent un cri. Tiffany cesse de s'affairer sur le cadavre de Royaline : elle récupère deux feuilles qui étaient cachées sous son propre masque, où sont divisées les strophes d'un poème, et en tend une à Goth et une à Daf. Puis, elle saisit son masque entre ses deux mains tandis que Goth et Daf regardent chacun leur feuille et continuent d'échanger des regards horrifiés.
TIFFANY. LA SPIRALE INFERNALE.
Elle met son masque et retourne s'affairer sur le cadavre de Royaline. Goth et Daf se regardent. Goth commence, la voix tremblante, terrorisée.
GOTH. Quand la lune glauque étend son empire dans le ciel d'encre et jette sa pâle lueur
Il apparaît, recroquevillé, verdâtre majesté dégageant une épouvantable odeur
Luxueux palais où trônent les vers et où accourent les mouches et les blattes
Noirâtre forêt aux arbres grouillants et gluants, marécage putréfié et écarlate
DAF. prenant à sa suite, terrorisé lui aussi Rongé à l'intérieur, rôti à l'extérieur, affaissé, honteux, jauni et brunâtre
Masque carminé, avarié, aux yeux globuleux et vides, il est l'étrange théâtre
D'une joute sans merci entre l'appétit des bactéries et la souillure du temps
Noir de cristaux l'hiver, milieu fécond pour les champignons au printemps
Il commence à s'effaroucher tout en continuant de déclamer Il devait être joli et jovial du temps où il abritait encore la vie
Le voici désormais trop mûr, rejeté, renié, aigri et pourri
GOTH. Il révulse, il déroute, devant lui les passants s'effarouchent
Il répugne, il dégoûte, et l'on finit contaminé si on le touche
Par la cruelle maladie qui l'habite, la maladie immortelle
L'infection inéluctable, la décomposition éternelle
Qui, même si vous ne touchez pas l'horrible carcasse pourpre, s'étend
Elle marque une pause et elle et Daf se regardent, chacun poussés à la folie.
GOTH ET DAF. ensemble Et vous attrape comme des tentacules, c'est le noble et ignoble Temps
DAF. Qui ride votre front, froisse vos chairs, paralyse vos organes et enfin vous prend
Ils se mettent tous les deux à courir partout, ils ont perdu le contrôle et sont ravagés par la folie.
GOTH ET DAF. Pour vous entraîner dans sa spirale infernale, celle qui aussi hideux vous rend
Que ce corps pourpre et maigre, où les vers grignotent et où les mouches pondent
Abominables comme ce putride refuge où les larves croissent à leur tour et se fécondent
La Déesse à la faux contemple le foisonnement de cette ruche cramoisie
Car où que s'éternise le règne de la mort, renaîtra toujours la chaîne de la vie
Ils s'enfuient en coulisses. Tiffany enlève son masque, regarde du côté où est partie Goth, puis du côté où est parti Daf. Long silence.
TIFFANY. Le cadavre, serein dans son macabre cynisme, accepte la douleur de son sort et en jouit
Car il savait déjà que s'ouvraient à lui les portes de l'éternité dès l'heure de son agonie
Il fait fuir les enfants en étendant son pouvoir sordide dans la décomposition de la nuit
Et liquéfie sur place les passants, semblant leur sourire de toutes ses dents Royaline se redresse d'un seul coup et termine avec elle « Bon appétit ! »
Le cadavre de Royaline retombe inerte à terre, et Tiffany se redresse. Elle fait pleuvoir les dernières bandes qu'elle avait encore à mettre sur le cadavre de Royaline, et s'enfuit en coulisses. Des marques verdâtres apparaissent sur le portrait de Pansy, aux endroits où il y avait déjà des taches de sang. Ses yeux deviennent blancs. Noir de transition.
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DYSTOPIA
De Todo« Papa ! Papa, j'ai un ver dans l'oreille, papa ! J'ai essayé, j'arrive pas à l'enlever ! » Avez-vous jamais rêvé de pouvoir entrer dans le subconscient des gens ? De savoir ce qu'il se passait dans la tête des violeurs et des assassins ? De pouvoi...