LE PORTRAIT DE PANSY, ROYALINE, MÖRDER, DES CORBEAUX À CORPS HUMAINS.
Souffle du vent. Des feuilles volent dans l'air. Royaline vient se placer face aux spectateurs.
ROYALINE. Oh, que c'est joli ! J'ai l'impression de revoir mon doudou d'enfance, ce joli petit lapin que je serrais dans mes bras, sur lequel je bavais toutes les nuits, que j'emmenais partout avec moi !
Un complice dans le public lui lance son doudou lapin.
ROYALINE. Ah, que de souvenirs de mon petit Bunnynou... Oh, et puis il a toujours son étiquette, en plus ! Ah ça, bien évidemment, elle est toute mâchouillée... C'est moi qui la mâchouillait quand j'étais stressée. À la maternelle, je gardais toujours mon Bunnynou avec moi, comme ça quand un de ces sales mioches venait me chercher des poux, sblaf ! Un coup de Bunnynou dans la tête, et c'était réglé ! Cette sacrée peluche était plus efficace qu'une gifle pour repousser les petits moutards qui venaient m'assaillir avec leurs foutues épées en plastique !
Non mais ! Ils étaient là, ils prenaient leurs grands airs de chevaliers dans le bac à sable, ils me forçaient à être leur princesse, et après, ils voulaient même pas me laisser jouer au basket avec eux en échange, alors que moi je détestais faire la princesse, et que je voulais jouer au basket ! Ah, Bunnynou... lui au moins, il a toujours été là pour la petite Royaline de cinq ans, et il ne l'a jamais déçue. Je me souviens, quand j'étais petite je glissais des doigts dans son étiquette, et comme ça, je le traînais partout avec moi ! Oui, enfin, bien sûr, maintenant mes doigts sont devenus trop gros, bien évidemment...
Elle change d'expression et jette Bunnynou au fond de la scène. Elle regarde de nouveau droit devant elle.
ROYALINE. Oh, et tiens, là-bas, je rêve ? Les fraises que tata Joséphine préparait chaque Noël ! Elles étaient bonnes ses fraises ! Mmm ! Elle avait le secret pour me donner des caries avec ses fraises, aussi. En fait, elle ne mettait pas de sucre dedans, mais du sucre glace. Et moi, comme j'avais les dents fragiles, j'avais toujours des caries. Je me demande si tata Joséphine ne faisait pas exprès de me faire avoir des caries, en fait... C'est vrai qu'elle m'aimait pas beaucoup, tata Joséphine. Bon. Elle m'ignorait un peu quand je lui parlais, c'est vrai. Je me souviens, mes frères ils lui faisaient des dessins, et elle était tellement contente quand elle les recevait qu'elle leur donnait des bonbons, vous voyez, pour les remercier. Et moi, quand je faisais des dessins et que je les lui donnais, elle se montrait à peine enthousiaste, et j'avais jamais aucun bonbon. Bon... c'est vrai qu'ils étaient pas fameux, mes dessins.
Un complice dans le public lui apporte un dessin d'enfant,qu'elle montre aux spectateurs.
ROYALINE. Voilà ! Ça, c'était mes dessins d'enfance, et ils plaisaient pas à tata Joséphine ! Mais quand-même ! Elle aurait pu me donner des bonbons cette connasse, là ! Alors que quand c'étaient Chal et Vic qui lui en faisaient, bien évidemment, ils avaient toujours des bonbons, mais moi, jamais, non, bien sûr ! Putain !
Elle déchire son dessin.
ROYALINE. Je revois Chal et Vic quand j'avais onze ans. Ils en avaient quinze et seize. Ils jouaient à des jeux vidéos, mais quand j'essayais de venir les voir, ils me claquaient la porte au nez. Et en plus ils riaient. Ces connards. Et quand j'ai eu mon premier soutif, je m'en rappelle, mon tout premier soutif...
Un complice dans le public lui lance son tout premier soutif.
ROYALINE. Ah, le voilà ! Il était si joli ! Une petite brassière de rien du tout, rose, et moi je me baladais avec sous mon T-shirt, et je me disais que j'étais grande, que j'avais déjà de la poitrine... Regardez-moi ce soutif, franchement ! Il est pas adorable ? Même pas rembourré, juste une simple petite brassière... bon, rose, c'est vrai, mais que veux-tu, à l'époque j'aimais bien le rose, bon, voilà, c'était comme ça, on va pas revenir sur ce qui est passé et enterré, hein. Franchement, est-ce que vous trouvez qu'une gamine de onze ans qui porte ça sous son T-shirt et qui laisse juste un peu voir la bretelle sur son épaule, ça fait pute ? Je ne crois pas, non !

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DYSTOPIA
Diversos« Papa ! Papa, j'ai un ver dans l'oreille, papa ! J'ai essayé, j'arrive pas à l'enlever ! » Avez-vous jamais rêvé de pouvoir entrer dans le subconscient des gens ? De savoir ce qu'il se passait dans la tête des violeurs et des assassins ? De pouvoi...