SCÈNE 29

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PARADOXDES CORBEAUX À CORPS HUMAINS.

Paradox, à moitié enfoui dans l'ombre,est assis sur une chaise, et regarde son ordinateur portable.

PARADOX. Génialissime ! Ma pièce est absolument génialissime ! Personne aura jamais rien vu de pareil ! Y a la fois un côté surréaliste, voilà, on sonde l'inconscient des gens et on repasse sur les rêves, et à la fois un côté franchement absurde, des trucs débiles qui n'ont aucun sens et qui semblent ne rien avoir à faire là. Cette pièce n'a rien à faire là. Comme toutes les autres formes d'art, ma pièce ne sert à rien. Comme la vie, ma pièce ne sert à rien. Et pourtant, elle est à la fois drôle et glauque, à la fois belle et cruelle... Telle mes muses démoniaques, ces infâmes corbeaux à corps humain, qui sont pourtant d'une beauté aspirante, d'une beauté pénétrante, d'une beauté ténébreuse, d'une beauté hideuse !

Deux corbeaux à corps de femme et un corbeau à corps d'homme viennent l'entourer et tourner autour de lui, et croassent pour acquiescer à chacune de ses paroles. Les corbeaux s'arrêtent de voler autour de lui, alors qu'il s'est tu.

LE CORBEAU À CORPS D'HOMME. Paradox, il est deux heures du matin. Il est temps d'aller dormir.

PARADOX. Quoi ? Pourtant, quand j'ai regardé l'heure il y a cinq minutes, il n'était qu'une heure du matin.

Il se lève. Les corbeaux à corps de femme s'accrochent à lui et croassent d'un air enjôleur.

LE CORBEAU À CORPS D'HOMME. Viens avec nous, Paradox... viens rejoindre tes fantasmes aspirants, tes fantasmes pénétrants, tes fantasmes ténébreux, tes fantasmes hideux !

LES CORBEAUX À CORPS DE FEMME. Viens avec nous !

PARADOX. Je suis bien content de pouvoir gagner ma tombe.

Noir de transition.

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