Épilogue

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Quelque part, loin à l'extrême Sud-Est d'Hyrule, une petite tête violette courait après un homme à l'âge avancé.
- Mais mon Père ! Il faut y aller ! Je DOIS y aller ! supplia le plus jeune.
- Non ! Tu n'iras pas, c'est trop dangereux, je te l'ai assez répété. La discussion est définitivement close.
- Mais...
- J'ai dit non. Tu es trop jeune.
Sans autre forme de procès, l'homme continua sa route à grand pas, semant le jeune garçon. Ce dernier s'arrêta net et serra les poings, tellement fort que ses jointures devinrent blanches.
- Cela ne sert à rien de vous énerver, jeune Prince, vous ne vous ferez que plus de mal, dit une mélodieuse voix féminine non loin de lui.
L'intéressé serra la mâchoire, puis se détendit soudainement lorsqu'il entendit une douce mélodie venant de la personne.
- Je le sais, Mira, c'est juste que... C'est inadmissible de m'interdire cela.
Il tourna la tête vers son interlocutrice, les larmes lui venant. La jeune femme était tranquillement assise sur un rocher, son fidèle Psaltérion positionné comme un violon entre sa jambe et son épaule, son archer glissant sur les fines cordes, uniquement maintenu par deux fragiles doigts plumeux. Elle avait les yeux fermé, concentrée sur sa mélodie, et son plumage violet-bleu virevoltait légèrement au gré du doux vent.
Elle ouvrit doucement ses yeux verts-jaune, arrêta calmement son air, et planta son regard dans celui du jeune homme.
- Tu t'es améliorée ? Ou bien est-ce une nouvelle composition ? demanda-t-il en se rapprochant d'elle.
- Sans me vanter, Jeune Prince, un peu des deux, sourit Mira.
Il sourit à son tour et lui fit signe de le suivre. Ils marchèrent un petit moment jusqu'à arriver dans une sorte de jardin. Elle s'assit sur un banc et lui dans l'herbe. Il prit entre ses mains la flûte qu'il portait en guise de collier et commença à en jouer, vite accompagné par son amie. Les yeux fermés, il se concentrait sur les notes à jouer, hasardant et les hachant quelque fois, faisant gronder au fond de lui un bruit sourd. Mira, elle, jouait de façon plus légère, comme à son habitude. Le garçon ouvrit les yeux et vit autour de lui un étrange ballet de feuilles virevoltant en cercle. Ce n'était pas la première fois que cela se passait, mais à chaque fois il ne pouvait s'empêcher de s'extasier devant ce spectacle.
- Vous aussi, vous vous êtes amélioré, Jeune Prince. dit doucement la jeune femme.
- Oh, je t'en prie Mira, arrête de me vouvoyer et de m'appeler « Jeune Prince »... souffla-t-il.
Son amie lui répondit quelque chose, mais il n'y fit pas attention, son regard attiré par une petite ombre au coin d'un mur qui disparut aussitôt. Le jeune garçon se leva, et alla en direction du mur, suivi par Mira qui lui demandait ce qu'il se passait. Il tourna à l'angle, mais ne vit personne. Il décida alors de suivre le chemin devant lui. Celui-ci était assez sombre, presque lugubre, mais il ne s'en détourna pas. Le chemin devint plus étroit, se transformant en couloir, puis, l'espace était devenu si mince qu'il lui fallait avancer de profil. Le jeune garçon se demanda où allait ce passage, lui qui connaissait vraisemblablement tous les passages secrets et autres chemins de la cité. Enfin, les deux amis purent sortir de cet interminable boyau et furent tout deux bouches bée devant le spectacle qui se dévoilait à eux : d'une petite corniche derrière les grande maisons, on pouvait apercevoir la mer de sable infinie qui s'étendait en contrebas, frappée par son perpétuel Khamsin (def : vent de sable brulant). Divers oiseaux migraient vers des pays plus froids, et au loin, très loin, un point vert, deux points blancs, et un ciel bleu recouvrant le tout. De plus, une légère brise chaude soufflait sur eux, soulevant les cheveux de l'un, et les plumes de l'autre. Les deux jeunes gens étaient totalement sous le charme de cet endroit, tellement, qu'ils ne remarquèrent même pas la présence non loin d'eux.
- C'est beau n'est-ce pas ? demanda-t-elle, faisant sursauter les deux amis.
Le jeune homme se retourna vers la voix, et observa la personne désormais face à lui. C'était une dame très âgée vu sa peau, les taches sur ses mains, son dos voûté et son appui sur un frêle bâton. Elle avait les cheveux violet profond à la lumière, tirant même sur le bleu-noir, et des yeux bleus très pâles, renvoyant un regard tendre.
- Qui êtes-vous Madame ? demanda le garçon. Est-ce vous que j'ai aperçue avant ?
La femme ne répondit pas, et se contenta de tourner la tête vers le paysage.
- Notre monde est sur le point d'entrer en guerre... murmura-t-elle comme pour elle.
- Comment ça ? Notre pays a toujours était en paix ! s'exclama le prince.
La femme secoua lentement la tête, et regarda à nouveau le jeune garçon et son amie.
- Il y a une prophétie... et elle est sur le point de se réaliser...
- Quelle prophétie ? Expliquez-nous ! éructa-t-il.
Elle ne répondit rien, concentrant son attention sur la mer de sable. Le garçon fit de-même, lorsque la vieille dame reprit d'une voix rauque :
- Il y a tant de choses que tu ne sais pas, mon garçon, tellement de choses... Un jour, tu comprendras enfin...
Le jeune garçon tourna la tête à nouveau vers elle.
- Mais pour l'instant, pars. Va explorer le monde et retrouver celui qui te fait défaut, même si pour cela tu dois désobéir à ton roi de père, souffla-t-elle, comme si ces paroles lui avait coûté.
Le garçon redirigea son attention vers le lointain, envieux d'écouter les paroles de la doyenne. Puis, il se demanda quelque chose.
- Mais, comment savez-vous cela, Madame ? demanda-t-il à la femme en se tournant vers elle.
A sa plus grande surprise, elle n'était plus là. Disparu. Il se demanda alors si elle avait sauté dans le vide, voulant peut-être s'échapper de cet archipel des cieux dont la vie y était si monotone.
- Que faisons-nous, Jeune Prince ? interrogea Mira.
Il lui fit alors face, et du haut de son jeune âge, déclara :
- Nous partons, Mira. Fais tes bagages, mais n'emmène que le nécessaire, car notre voyage sera long. Ce soir, nous quittons ce maudit pays.
La jeune Piaf sourit et dit :
- C'est avec plaisir que je viendrai avec vous, Jeune Prince.
Et sur ce, elle commença à rebrousser chemin, pendant que le jeune homme s'assit au bord de la corniche, admirant le couché de soleil. Mais avant que son amie ne s'engouffre dans le passage, il se retourna et l'interpela :
-Mira !
Elle se retourna, et il lui sourit.
- Tutoie-moi, s'il te plait, et désormais, appelle-moi Plume.

Épopée d'Hyrule: TOME 1 , Les élus  [ EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant