CHAPITRE 53 - Corruption et trahison

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Ghyni quitta la place et Lovio les yeux remplis de larmes, elle avait fini par se réfugier chez elle. Une fois dans sa chambre, elle se jeta sur son lit et pleura de plus belle. Elle frappa le matelas de ses poings.
- Reprends toi ! Cela suffit de t’apitoyer sur ton sort, tu n’es pas un bébé.
Elle s’assit sur son lit et du revers de la main, effaça les dernières larmes qui coulaient. Ghyni se leva : elle était déterminée à changer et à devenir meilleure, pour Lovio.
Elle retourna à la grande place de Toal, là ou elle avait laissé Lovio, mais il n’y était plus. Elle se rendit alors à la bibliothèque, mais elle ne trouva qu’une porte fermée. Au loin quelqu’un l’appela, c’était Kira.
- Tu cherches le groupe ?
- Euh, oui, enfin je cherche Lovio.
- Ils s’en sont allés aux Bois Perdus, il y a peu. Je pensais que tu étais au cou...
Kira n’eut pas le temps de finir sa phrase que la jeune Ghyni courut vers l’entrée du village. Elle leva les yeux : le dôme de protection n’était plus actif, comment avait-elle pu passer à coté de ça ? Elle accéléra le pas de peur de ne pouvoir sortir du village. Elle s’arrêta, un peu essoufflée. Elle se tenait debout à quelques mètres du pont qui servait d’entrée quand un léger grondement se fit entendre. Elle leva les yeux : la barrière était en train de se refermer. Elle se remit à courir de plus belle, voyant à présent la protection au niveau de la cime des arbres. Celle-ci descendait plus vite qu’elle ne l’aurait pensé. Dans un dernier effort, elle sauta et glissa sur le flanc, tout en fermant les yeux. Elle passa le pont de justesse au moment même où la barrière toucha le sol. Haletante, elle se redressa devant Toal et sa protection. Elle avait réussi, elle était passée. Ghyni resta plantée là un long moment à regarder le village. Qu’avait-elle fait ? Elle avait encore désobéi et finirait par le payer. Sheik trouverait une punition à la hauteur. En pensant à cela, la Sheikah serra les poings.
- Au diable Sheik ! Je ne suis plus une enfant et je te le prouverai !
A ces mots, Ghyni se retourna et courut dans la forêt. Elle ne devait pas être loin d’eux et les rattraperait vite. Malheureusement au bout d’une trentaine de minutes, Ghyni n’apercevait toujours personne. Comment cela pouvait être possible ? Elle ralentit et regarda autour d’elle, mais rien, aucune trace. Pourtant un groupe de cette taille devait bien en laisser. Elle continua sa route en marchant. Après plus d’une heure de marche, la fatigue et l’angoisse l’avaient gagnée.
- Ce n’est pas possible, ils ne doivent pas être loin. Ou alors je les aurai dépassés ?
Paniquée à l’idée d’avoir perdu le groupe, la jeune fille s’aventura hors du sentier et s’enfonça de plus en plus dans la forêt. Après un long moment à tourner et chercher, la jeune fille s’assit au pied d’un arbre et ramena les jambes vers son torse. Elle s’était perdue, elle qui d’ordinaire avait un bon sens de l’orientation. Ghyni regarda autour d’elle une dernière fois avant de sentir les larmes lui couler sur ses joues. Elle était partie tellement vite qu’elle n’avait rien avec elle. Ni arme, ni nourriture. A bout de forces, la jeune fille s’endormit.
Ghyni ouvrit péniblement les yeux. Devant elle, se trouvait une femme assise auprès d’un feu.
-Tu es enfin réveillée ?
La jeune Sheikah observa les environs, elle n’avait pas bougé, ce qui voulait dire que l’inconnue l’avait trouvée là.
- Tu as faim ?
Ghyni acquiesça.
- Viens près du feu, tu dois avoir froid, les nuits sont fraîches par ici.
La jeune fille approcha doucement, et ramassa une branche au passage.
- Je ne te veux aucun mal, ne t’inquiète pas, lui dit la jeune femme. Je me présente : je m’appelle Zylia, je suis une Gerudo.
- Ce n’est pas très gerudo comme prénom, répondit Ghyni du tac au tac.
La Gerudo rigola.
- C’est vrai, je le tiens du côté de mon père.
- Moi, c’est Ghyni, je suis une Sheikah, dit-elle en s’asseyant autour du feu.
Après avoir fait plus ample connaissance et s’être remplie l’estomac, la Gerudo reprit.
- Que fais-tu ici dans les bois ? Je ne penses pas que tu te sois perdue, lui dit Zylia. Fuyais-tu un voï ?
- Je ne fuis personne.
La jeune Sheikah raconta alors comment elle en était arrivée là. Son récit évoqua tout, de sa rencontre avec Lovio à comment elle l’avait suivi jusque chez le Goron, leur retour à Toal et sa surprise quand il l’avait repoussée la veille.
-Tu l’aimes beaucoup, ce voï, et lui te rejette après tout ce que tu as fais pour lui. Chez moi, on lui ferait payer jusqu’à ce qu’il demande pardon.
- Je ne veux pas lui faire de mal, je veux qu’il m’aime aussi, dit la jeune fille en regardant le feu.
- Je pense que le problème ne vient pas de lui, fit remarquer Zylia.
Ghyni releva la tête et observa la Gerudo en attendant la suite. Si le souci n’était pas Lovio alors d’où venait-il ? La guerrière se mit debout les mains sur les hanches :
- Il est un peu plus âgé que toi, mais je pense que tu lui plais au vu de tout ce que tu m’as raconté.
- C’est vrai ? la coupa Ghyni.
- Oui, mais ses amis, ainsi que ton mentor ont du le remarquer et lui interdire de te fréquenter.
Ghyni ouvrit de grands yeux. Ce que lui racontait la Gerudo avait du sens.
- La preuve : ils ne t'ont pas prévenue de leur départ. Pour eux, tu n’es qu’une enfant, alors que tu as accompli tellement de choses en compagnie de ton amoureux.
La Sheikah sauta sur ses pieds et leva le poing :
- C’est vrai ! Je les ai aidés à trouver la pierre au village Goron ! Sans moi, ils n’y seraient pas arrivés. Et sans moi, Lovio n’aurait pas retrouvé son ami Link !
Zylia se plaça devant Ghyni et lui tint les épaules.
- Je vais te dire même plus : je pense que ce Sheik est jaloux de toi.
- Jaloux ?
- Oui…
Un sourire mesquin aux lèvres, la Gerudo poursuivit :
- Au vu de ce que tu m’as dit, j’ai l’impression que tu es bien meilleure que lui ne l’a été à ton âge.
- Vous pensez vraiment ?
- Et comment cela pourrait être autrement, il n’est même pas Sheikah ! Il a pris la place qui te revenait de droit. Sans lui, ton amoureux serait en ce moment à tes côtés.
- Moi ? A la tête de la tribu Sheikah ! s’exclama la jeune fille. Mais… mais, je ne suis qu’une adolescente ! Jamais personne n’a été chef aussi jeune.
- Tu te trompes, il y eu déjà une Sheikah de ton âge au pouvoir. Il y a de ça bien longtemps.
Ghyni ne savait pas quoi répondre à cette information.
- Tu n’étais pas au courant ?
A ces mots, la Gerudo tourna le dos à la jeune fille et alla s’asseoir près d’un arbre.
- Et bien, je vois que l’on te cache bien des choses...
Le silence regagna le petit campement de fortune où se trouvaient les deux femmes. Ghyni resta assise à repenser à ce que lui avait dit la Gerudo fraîchement rencontrée. De son côté, Zylia l’observait, murmurant une incantation inaudible. Grâce à cela, elle avait réussi à avoir les informations dont elle avait besoin. La jeune Sheikah était facile à manipuler, elle n’avait pas encore appris les techniques pour esquiver certaines magies. Et de ce fait, la jeune Ghyni n'avait pas non plus remarqué le charme qui dissimulait son aspect.
- Il se fait tard, je vais dormir. Profites en pour te reposer aussi, lui dit Zylia.
A cela, l’acolyte de Ganondorf s’allongea et laissa la jeune Sheikah seule devant le feu.
Ghyni ramena les genoux à sa poitrine et posa le menton dessus. Les paroles de Zylia résonnaient en elle. « Sheik n’est pas un Sheikah »… « Tu es bien meilleure que lui »… « Lovio serait à tes côtés ». La jeune fille sentait la colère monter en elle. Tout cela était de la faute de son mentor ! Elle en était persuadée.

La nuit fila à toute allure, mais Ghyni n’avait pas dormi, elle cherchait un moyen de se venger de ses soi-disant amis. Ils l’avaient tous rejetée à cause de son rapprochement avec Lovio.
- Vasaaq, jeune Vai. On dirait que tu n’as pas dormi.
- Effectivement, lui confirma Ghyni. Je cherche un moyen de leur faire payer.
-Leur ? l’interrogea la Gerudo.
- Oui, je veux qu’il paye tous.
- J’aime ton caractère, jeune Vai. Je te verrai bien à la tête de mon armée.
- Votre armée ? dit la jeune Sheikah, surprise.
- Oui, j’ai une armée. Elle est constituée de personnes rejetées par leurs tribus.
- Et tu voudrais de moi comme chef ? lui dit Ghyni d’un air étonné.
- Je vois ton potentiel, mais cela se mérite. Prouve-moi ta dévotion et tu dirigeras mes troupes.
- Et comment je fais cela ? s’impatienta la Sheikah.
- Tes soi-disant amis sont en route pour les Bois Perdus si je ne me trompe pas.
- Ohhh mais oui, j’ai saisi : vous voulez que je mette ma vengeance à exécution, c’est ça ?
- Tu es perspicace, dit la Gerudo avec un grand sourire. Cela me plait de plus en plus. J’ai une petite idée de ce que tu pourrais faire. Si tu es d’accord bien-sûr.
- Je ferai n’importe quoi, tant que mon Lovio me revient.
- Moi aussi j’ai une vengeance en cours. Il se trouve qu’une personne dans ce groupe a tué l’homme que j’aimais.
Jouant sur la sensibilité de la jeune fille, Zylia inventa cette histoire de toutes pièces.
- Ohh, je suis vraiment désolée pour toi.
- Cet homme se fait passer pour un Gerudo en plus, il est le mal incarné.
Ghyni avait tout de suite compris qu’elle parlait d’Hönir. Elle s’était toujours méfiée de lui depuis leur rencontre et il n’avait pas hésité à tuer un Goron sans aucun scrupule.
- Je vais t’aider, lui dit la jeune fille levant le poing pour affirmer sa décision. Je hais cet homme depuis que je l’ai rencontré, il a réussi à berner mon pauvre Lovio mais pas moi.
- Très bien. Dans ce cas, approche, lui dit Zylia en lui faisant signe du doigt.
Ghyni fit face à la Gerudo.
- A présent, tu fais partie de mon armée. En route, allons faire payer à ces Voïs.
La jeune Sheikah n’avait pas compris dans quoi elle venait de s’embarquer. Zylia cherchait à capturer Hönir et elle venait de lui offrir des Sages et les détenteurs de la Triforce sur un plateau. Intérieurement Zylia jubilait. Elle n’était qu’à quelques heures de tuer ce petit groupe et ainsi changer l’histoire d’Hyrule.

***

Aëline filait sur son balai à travers les arbres de Firone. Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait trouvé refuge au cœur des Bois Perdus, auprès des Kokiris et de la protection de l'Arbre Mojo, mais en dehors du jeune prince Lars, aucun autre Sage n'était venu la rejoindre. Cela l'inquiétait d'autant plus que l'esprit d'Asphar était venu la prévenir que Ganondorf l'avait tué, aidé par une mystérieuse et dangereuse magicienne. L'héritière du Sage des Vents était éveillée à ses pouvoirs, cela, elle le savait aussi. Ce qu'elle ignorait, en revanche, c'était où elle se trouvait, ainsi que les autres Sages. Elle espérait que Ganondorf et son alliée l'ignoraient tout autant qu'elle.
Contre l'avis de l'Arbre Mojo, Aëline avait donct  décidé de quitter la sécurité des Bois Perdus pour se rendre à Toal. Sheik et Link devaient y être retournés maintenant. Elle priait pour que les deux jeunes hommes aient retrouvé sa fille. Mais surtout, elle espérait que les nouveaux Sages aient été guidés vers l'Arbre Mojo et s'ils étaient dans la forêt, les Sheikah devraient le savoir.
Elle fonçait droit devant elle quand une petite silhouette de bleu vêtue apparut, perchée sur une haute branche. Elle se stoppa net avant de rentrer dans la jeune Sheikah qui la regardait, complètement essoufflée.
- Vous êtes Aëline, n'est-ce pas ? Demanda Ghyni en feignant d'avoir du mal à respirer.
- Et toi ? Qui es-tu ? Répondit la sorcière après avoir approuvé d'un signe de tête.
- Je m'appelle Pruah, je suis envoyée par Sheik, du village de Toal.
Ghyni n'aurait jamais imaginé qu'il soit si facile de mentir. Jusque là, elle avait toujours eu des scrupules quand cela lui arrivait de travestir la réalité, mais maintenant, elle n'en ressentait plus aucun.
Zylia lui avait confirmé qu'un Sage approchait, sentant son pouvoir, mais avait été incapable d'en dire plus. Ou ne l'avait pas voulu. Après tout, Ghyni savait que cette première mission pour la Gerudo était un test pour mesurer sa détermination. Zylia comprendrait vite qu'elle n'en manquait pas. Ghyni ne dévierait pas du chemin qu'elle venait de choisir pour atteindre son but : avoir Lovio pour elle seule.
- Il est arrivé quelque chose à Zelda ! Continua-t-elle, un masque d'inquiétude sur le visage.
- Zelda ?
Le cœur d'Aëline manqua un battement et son trouble n'échappa nullement à Ghyni. La jeune fille avait frappé le point faible de la sorcière. Lovio lui avait parlé d'elle alors qu'ils se rendaient chez les Gorons. D'elle et de la princesse qu'elle avait élevée comme sa fille.
- Nous venions vers vous, mais nous avons été attaqués, reprit Ghyni. Sheik est resté avec elle et m'a envoyée vous chercher. Je suis contente de vous avoir trouvé si vite !
Ghyni tourna le dos à Aëline et lui fit signe de la suivre.
- Venez vite.
Sans se méfier le moins du monde, Aëline emboita le pas à Ghyni qui bondit de branche en branche. Elles cheminèrent quelques longues minutes en silence, la sorcière rongée par l'inquiétude, jusqu'à ce que Ghyni s'arrête au sol.
- Qu'y a-t-il ? Tu t'es perdue ? Demanda la sorcière.
- Absolument pas. Nous sommes arrivées, répondit Ghyni en se tournant vers elle.
- Mais... Où est Zelda ?
- Aucune idée, fit la jeune fille en haussant les épaules. Mais vous, vous êtes arrivée à destination.
Le sourire mauvais qu'elle lui adressa fit comprendre à Aëline qu'elle venait de tomber dans un piège. Elle leva le manche de son balai pour reprendre de l'altitude, mais Ghyni fut plus rapide. Elle sauta sur le balai, déséquilibrant la sorcière qui tomba à terre. La Sheikah lutta contre le balai qui essayait de lui échapper quand un rayon de magie violette le percuta pour l'envoyer au loin. Aëline s'était redressée, mais il était trop tard : Zylia venait de faire son entrée.
- Qui êtes-vous ?
- Des questions, toujours des questions, soupira Zylia, peu disposée à lui répondre.
Mais Aëline se moquait bien de son identité. Elle fit appel à ses pouvoirs magiques et lança un sort vers Ghyni, et un deuxième vers sa nouvelle ennemie. La Sheikah l'évita de justesse en bondissant, mais Zylia ne bougea pas d'un pouce. Le sort s'écrasa cependant sur une barrière magique.
- Vous, les Sages, vous vous croyez tellement supérieurs.
Aëline fronça les sourcils, réfléchissant à son prochain mouvement.
- Vous êtes celle qui a tué Asphar.
- Et je ne compte pas m'arrêter là, répondit Zylia avec un sourire cruel.
La déesse sombre avait retrouvé un peu de ses pouvoirs grâce à celui qu'elle avait volé à Asphar. C'était encore loin de ce dont elle était réellement capable, mais cela devrait suffire pour se débarrasser de cette Sage-ci avant de s'en prendre aux autres et de pouvoir capturer Hönir.  Elle lança aussitôt sa magie de foudre contre Aëline qui ne bougeait pas. L'éclair transperça la sorcière qui disparut aussitôt, évanouie.
- Un mirage... cracha Zylia.
- Je suis le Sage de l'Esprit. Mon pouvoir n'est pas à négliger, qui que tu sois.
La voix d'Aëline sembla résonner tout autour d'elles et Ghyni chercha partout d'où elle pouvait provenir. Tout d'un coup, plusieurs Aëline apparurent, les encerclant. Toutes faisaient les mêmes mouvements en même temps.
- Des illusions. Plutôt amusant, reprit Zylia.
- C'est ce que nous allons voir.
Toutes les Aëline lancèrent le même sort sur Zylia et Ghyni, mais la déesse le para de son sceptre. Elle n'avait pas prévu que cette attaque soit une diversion, aussi fut-elle prise par surprise quand la véritable Aëline se matérialisa devant elle, les mains jointes en triangle. Le sort frappa Zylia en plein visage, mais Ghyni contre-attaqua, se jetant sur elle.
Zylia resta immobile, prise dans le sort de la Sage. Aëline venait de frapper directement son esprit, lui faisant revivre le pire moment de son existence. Elle se revit, face à Hylia, cette Lumière dont, elle, les Ténèbres, était issue. Elle revécut le moment de joie immense où, forte de ses pouvoirs sans pareil, elle avait réussi à détruire l'Epée de Légende devant le Héros anéanti, baignant dans son sang. Mais juste après cette jubilation venait le désespoir car Hylia – ou plutôt sa réincarnation –, aidée des Sages de son époque et de ces maudits Sheikahs, avait réussi à la sceller au cœur du Néant, lui retirant ses pouvoirs avant de l'exiler pour une éternité de solitude.  Elle se revit alors tomber dans le vide, encore et encore. Seule pour l'éternité. Elle se mit à hurler, encore et encore. Elle ne voulait pas retourner là-bas. Elle voulait sa liberté. A cette pensée, elle se souvint alors que la seule chose qui l'avait empêchée de devenir folle alors qu'elle dérivait dans sa prison de vide était la satisfaction d'avoir tué la réincarnation d'Hylia et ses alliés, l'exiler ayant brûlé leurs pouvoirs et leurs âmes. Cela et l'espoir qu'un jour, elle réveillerait l'Avatar du Néant.
Cette pensée la sortit de l'illusion créée par Aëline. Si elle avait eu l'impression d'avoir revécu ses tourments pendant des heures, elle comprit que seule une poignée de secondes avait passé. Ses hurlements n'avaient eu lieu que dans son esprit. D'ailleurs, Ghyni ne s'était aperçue de rien, plaquant Aëline à terre avec une force que la Sheikah ne pensait pas posséder.
Ivre de rage, Zylia les rejoignit et avant qu'Aëline ait pu faire quoi que ce soit, elle posa le haut de son sceptre d'obsidienne sur son front. Aussitôt, le joyau noir au front de Zylia se mit à briller et Aëline hurla alors qu'on la dépossédait de ses pouvoirs. La déesse se fit un plaisir d'opérer lentement, arrachant à la Sage le moindre morceau de sa magie et de son pouvoir. Quand Zylia eut terminé, Aëline gisait au sol, inanimée, mais la déesse haletait. Son corps mettait du temps à s'habituer au pouvoir qu'il venait d'absorber.
Ghyni avait observé tout cela avec grande attention, surprise de voir que sa nouvelle alliée avait de tels pouvoirs, mais satisfaite aussi car plus Zylia serait puissante, plus facilement elle pourrait lui donner Lovio.
- Achève-là maintenant, Ghyni, ordonna la Gerudo en s'appuyant sur son baton.
Ghyni ne pouvait quitter les yeux noirs de Zylia, sentant toute son autorité malgré la fatigue qu'elle affichait. Si quelque part au fond d'elle-même sa conscience lui criait qu'il était encore temps de reculer, la jeune fille la fit taire, l'enfermant à double-tour dans un recoin de son esprit. Elle se releva lentement et sortit son couteau de son étui. Zylia attendait, sans un mot, qu'elle lui obéisse.
- Alors, te revoilà, toi.
La voix fit se retourner brutalement Zylia qui écarquilla grand les yeux en voyant Ash devant elle.
- Tu es morte, siffla-t-elle entre ses dents, ce qui arrêta Ghyni dans son geste.
- Toi aussi, à ce que je vois. Tu aurais pu mieux choisir qu'un zombie.
L'esprit de l'ancienne Sage lui adressa un sourire ironique. Elle ne sous-estimait pas l'ennemi. Après tout, c'était elle qui l'avait tuée. Seulement, elle ne pouvait rien contre le fantôme qu'elle était devenue.
- A qui parles-tu ? Demanda soudain Ghyni.
- Trop tard. Ils arrivent, fit Ash avec satisfaction.
Zylia entendit alors des bruits de course non loin d'elles. Elle se sentait encore trop faible, son corps ne s'était pas encore habitué au pouvoir volé à Aëline, sa tête lui tournait et voir Ash n'aidait pas.
- Ghyni, allons y.
- Mais...
- Maintenant.
L'ordre était absolu, Ghyni ne s'y trompa pas. Elle approcha de Zylia pour la soutenir et toutes les deux disparurent dans un nuage de fumée violette. Celle-ci s'était à peine dispersée que le Loup arriva, précédé du balai d'Aëline bien mal en point.

Épopée d'Hyrule: TOME 1 , Les élus  [ EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant