CHAPITRE 50 - Coeur brisé

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Ghyni avait passé la nuit, seule, dans sa maison. A son réveil, le soleil était déjà haut dans le ciel. Elle s'étira et repensa aux évènements de la veille.
Après leur retour à Toal, l'adolescente avait été contrainte de retourner chez elle et de s'excuser auprès de son père. Elle avait envisagé les pires punitions, mais en rien ce qui l'avait attendue. La maison était déserte, il n'y avait personne. Elle avait fait le tour à maintes reprises, fouillé jusqu'au jardin, mais son père n'était pas là. Elle s'était alors rendue à la taverne, endroit où la moitié du village aimait passer du temps, mais il n 'y était pas non plus. Elle avait questionné les amis de son paternel, personne ne l'avait vu depuis le départ des différents groupes. Ghyni avait alors fouillé tout le village, de la place au cimetière, de la bergerie à la forge. Exténuée, elle avait fini par se résoudre à retourner chez elle. Elle s'était installée sur un fauteuil à fixer le portrait de son père et sa mère accroché au mur et s'y était assoupie. La fatigue accumulée ces derniers jours et la recherche de son père dans tout Toal avaient eu raison d'elle.

Ghyni se rendit compte qu'elle regardait encore le portrait.
-Où peut-il bien être ? Le dôme s'est refermé de suite après le départ de tout le monde... murmura-t-elle pour elle-même.
Elle se mit debout et repartit aussitôt en quête de nouveaux indices. Elle se rendit à la chambre de son père et vérifia encore une fois qu'il ne manquait rien. A première vue non... Mais après avoir tout fouillé de fond en comble, il manquait un sac à dos et diverses armes.
- Mais pourquoi ?
Inquiète, la jeune fille sortit de la maison en courant : il fallait qu'elle en parle à quelqu'un. Elle vit au loin son ami Lovio en pleine discussion avec l'exubérant Era, elle n'avait absolument aucune envie d'être confrontée à cet hurluberlu. Il ne resta plus qu'un endroit : la bibliothèque. Elle accéléra l'allure, et se retrouva à bout de souffle devant la porte quand Sheik sortit en claquant celle-ci.
- Eh Sheik !
- Pas maintenant, gamine! dit-il en continuant sa route.
- Mais c'est au sujet de mon père ! réussit-elle à dire.
Le jeune homme se retourna et lui fit face, le regard froid. Il en avait assez de tous ces problèmes qui s'accumulaient. Deux Sages venaient de les rejoindre, mais il avait appris qu'Asphar était mort, tué par Ganondorf, il n'avait plus de nouvelles du Sheikah qu'il avait envoyé à sa rencontre et voilà que cela continuait.
- Il a disparu, j'ai fouillé toute la maison et je ne l'ai pas trouvé.
Sheik croisa les bras sur son torse.
- Je n'ai pas le temps pour ça et puis, il ne doit pas être bien loin. Il doit être parti à ta recherche, encore une fois. Si tu avais respecté ta promesse et était restée bien tranquillement ici au lieu de désobéir aux ordres, il serait sans doute à la maison. Tu veux qu'on te traite en adulte, mais tu n'es décidément qu'une gamine.
A ces paroles, le jeune homme abandonna Ghyni. A bout de nerfs, la petite se laissa tomber à genoux et serra les points si fort que ses jointures devinrent blanches.
- Gamine !!! Je ne suis pas une gamine !cria Ghyni frappant au passage le sol de son poing.

***

Après un moment assise, l’adolescente décida de continuer à chercher son père. Sans plus attendre, Ghyni se releva et observa le village. Tous semblaient être occupés à la tâche qui leur incombait ou flânaient. C’était le cas de Era et Lovio qui discutaient, bientôt rejoints par Sheik et le Loup.
Ghyni s’approcha d’eux discrètement et se cacha derrière un arbre pour épier la conversation. Era contait des légendes sur les mondes merveilleux au delà des frontières d’Hyrule. La petite Sheikah se délecta des histoires, toujours cachée.
Soudain, pendant la conversation animée des 3 jeunes hommes, un éclair de lumière bleue apparut pendant une fraction de seconde avant de laisser place à un grand Piaf. Ses plumes pouvaient se confondre avec le ciel tant la couleur était ressemblante. Les trois garçons accoururent vers l’intrus, accompagnés du tapis et du Loup. Ghyni s’approcha elle aussi du nouvel arrivé.
Le Piaf discutait avec Sheik, Era et Lovio, puis l’oiseau géant tendit l’aile et un oisillon se posa avec toute la délicatesse du monde dessus. Le Piaf semblait dire quelque chose à propos de l’oiseau, ce qui fit froncer les sourcils de Sheik et rire Era. Quant à Lovio, il paraissait intrigué. Ghyni se rapprocha plus, toujours sans faire connaître sa présence. Sheik eut l’air contrarié, puis l’oisillon battit de ses frêles ailes en direction de Lovio, manquant de tomber. Fort heureusement, le jeune homme vêtu de violet la rattrapa. Ce geste mobilisa toute l’attention de Ghyni vers l’Hylien et l’oiseau. Lovio amena l’oiseau contre son front. Ce simple mouvement eut pour conséquences un torrent de larmes chez le violet. Era, dans un élan d’empathie, réconforta son ami. Le Piaf aussi vint le réconforter. Il l’entoura de ses puissantes ailes, tandis que Sheik observait d’un air ennuyé. Ghyni ne comprenait pas les pleurs de Lovio lorsqu’il avait approché l’oisillon de lui. Le Piaf relâcha son étreinte et se releva, dominant tout le groupe de sa taille imposante alors que le jeune homme serra le Shiro dans ses bras, en prenant garde à ne pas l’écraser.
Ghyni quitta la scène du regard et observa les alentours. Jehd arrivait, d’une démarche assurée, et parla au petit groupe. Ils eurent l’air surpris de ce que disait le bibliothécaire, à l’exception de Lovio, toujours au sol, l’oisillon blotti contre lui. Era posa alors un bras réconfortant sur l’épaule de son ami, ils échangèrent quelques mots, avant que le brun ne se relève et suive Sheik qui venait de partir. Il ne restait plus que le Tapis, le Piaf, Lovio, et Sekiro. Puis, ce fut au tour de l’oiseau géant de s’éclipser, il ouvrit ses ailes et s’envola hors des limites de Toal.
Ghyni, saisissant sa chance, rejoignit Lovio à pas feutrés pour ne pas lui faire peur. Le jeune homme, qui se croyait visiblement seul, mit la créature dans ses mains et lui adressa le regard le plus doux qui soit, avant de dire à l’oiseau « Maintenant je ne te quitterais plus jamais, mon amour... ». L’instant d’après, il couvrait le Sekiro de baisers.
Ghyni était toute proche d'eux. Elle l’était suffisamment pour toucher Lovio rien qu’en tendant le bras. Elle avait donc parfaitement entendu les paroles du Violet. Retenant sa colère, elle contourna le jeune homme et s’agenouilla en face de lui. Lovio leva les yeux :
- Coucou Ghyni...
- Bonjour Lovio.
Sa voix était posée et calme, et elle faisait de gros efforts pour ne pas laisser sa colère transparaître.
- Oh mais... tu pleures ! s’exclama-t-elle.
- Mais non... je vais bien... très bien même, répliqua l’Hylien en souriant à Sekiro.
Ghyni prit son courage à deux mains et passa ses bras autour du cou de son ami. Ce dernier la repoussa, préférant câliner l’oiseau plutôt qu’elle. Ghyni vit rouge. POURQUOI son Lovio préférait cette petite chose insignifiante à elle ? Pourquoi lui chuchotait il de douces paroles ? Jamais il n’aurai fait ça pour elle.
Après le violent rejet de Sheik, elle était à bout et elle lâcha prise, se retrouvant à la merci de sa colère et de son chagrin. Elle était prête à tout pour Lovio, pour qu’enfin, il ne regarde qu’elle et elle seule, qu’importe les obstacles...

Épopée d'Hyrule: TOME 1 , Les élus  [ EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant