CHAPITRE 54 - Réconciliation

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Le groupe allant aux Bois Perdus s’était remis en route pour leur destination dès l’aube, ne voulant pas retarder encore plus leur arrivée. Ils avaient déjà marché toute la matinée et firent une petite pause pour manger le midi.  Alors que, selon Jehd, il ne devait leur rester que quelques heures de trajet, le Loup se sauva brusquement, comme attiré par quelque chose.
- Qu’est-ce qui lui prend à lui ? demanda Hönir en mettant ses poings sur ses hanches.
- Il est peut-être allé chasser ? supposa Jehd en mordant dans un bout de pain.
- Peut-être… répondit Link, perplexe.
Cette fuite soudaine l’intriguait. En général, le Loup faisait un petit signe pour signaler qu’il partait chasser ou explorer les environs, alors que là, il était parti comme un voleur, sans un regard en arrière, comme si quelque chose l’avait alarmé. Mais personne ne semblait s’en soucier lorsqu’il fit un rapide tour du regard. Quand il croisa le regard de son ami Lovio, ce dernier lui rendit son air inquiet, lui signifiant qu’il n’était pas seul à penser que c’était bizarre. Link but une gorgée d’eau, puis s’apprêta à déclarer qu’il allait voir ce que le Loup trafiquait.
- Je vais aller voir, déclarèrent deux personnes en même temps.
Link tourna la tête et vit que Sheik et Zelda s’étaient tous deux levés et se jugeaient du regard. Puis, la jeune fille se retourna et s’engouffra dans la forêt sur les traces de l’animal, suivie d’un Sheik de mauvais poil. Le jeune garçon soupira. Ses deux amis n’arriveraient donc jamais à s’entendre ? Il lança un nouveau regard au violet, qui lui fit signe de laisser couler. Il vit du coin de l’œil Era qui s’apprêtait lui aussi à se lever pour les suivre, mais le regard de l’Elu des Déesses l’en dissuada. Déjà qu’il avait énervé tout le monde dès le réveil avec son arrivée surprise et clandestine, il avait intérêt à obéir. Peut-être que si on les laissait seuls un petit moment, ils pourraient enfin se dire ce qu’ils ont sur le cœur…

Zelda marchait comme une furie dans la forêt, voulant à tout prix s’éloigner de lui. Pourquoi fallait-il qu’il fasse la même chose qu’elle ?! D’après lui, il n’était pas la personne qu’elle cherchait, mais ce n’était qu’un mensonge ! Un mensonge qui faisait mal ! Elle savait ! Elle savait que c’était lui et lui aussi savait, mais pourquoi ne venait-il pas lui dire en face, au lieu d’être aussi désagréable avec elle ?! Soudain, elle vit la queue du Loup derrière un buisson, ce qui fit instantanément disparaître sa colère. Elle se rapprocha de lui et s’accroupit à ses côtés tout en lui caressant son pelage. Il était assis et fixait un point devant lui, tourna la tête vers Zelda, puis continua à fixer son point.
- Et bien alors ? Qui a-t-il ? Pourquoi nous as-tu quittés brusq… commença la princesse en regardant dans la direction que fixait l’animal.
Mais la jeune fille ne put terminer sa phrase, voyant le corps gisant inanimé par terre. Ce corps aux courbes si familières. Elle se releva et avança doucement vers la personne. Quand elle reconnut ce visage qui l’avait bercée toute son enfance, Zelda tomba à genoux, les yeux lui piquant. Elle prit la tête d’Aëline entre ses mains pour la poser sur ses jambes et pleura à chaudes larmes tout en la berçant doucement.
De son côté, Sheik essayait de se calmer. Pourquoi était-il toujours obligé de s’énerver ? Ça ne lui ressemblait aucunement de perdre ainsi le contrôle. Il s’était arrêté dans sa course pour rattraper Zelda au moment où il l’avait vue bifurquer derrière un buisson. Il n’arrivait plus à avancer. Quelque chose au fond de lui le bloquait, l’empêchait d’avancer, tout comme ce quelque chose l’empêchait de parler franchement à Zelda. Au fond, il voulait la prendre dans ses bras. Lui dire qu’il voulait être son frère ! Mais au lieu de ça, il la repoussait toujours plus loin, lui lançant des piques, la rejetant inconsciemment. Dès le début, il lui avait dit ne pas être celui qu’elle pensait alors qu’il voulait lui dire le contraire ! Et il s’en voulait amèrement. Il se haïssait profondément pour ses actes. Et la colère revenait, en même temps qu’elle, cherchant toujours une certaine compagnie chez le frère qu’il était censé être. Sauf qu’au lieu de l’accueillir comme il se devait, c’était comme s’il la frappait verbalement, avec des mots qui lui écorchaient la bouche… et elle repartait. Soudain, il frappa violemment l’arbre le plus proche de lui, voulant évacuer toute cette colère inutile qui le traquait. Et il frappa encore, et encore, jusqu’à avoir les jointures en sang. Tout ça, c’était sa faute. S’il n’était pas aussi mauvais avec elle, il ne ressentirait pas cette colère, et il n’y aurait pas toutes ces tensions dans le groupe. Des fois, il se disait que Impa aurait peut-être mieux fait de ne pas le trouver sur cette berge. Elle ne serait peut-être pas…
- Wrof !
Un aboiement le sortit de ses mauvaises pensées. Il tourna la tête et vit le Loup lui lançait un regard noir. Puis il se radoucit en voyant la main du Sheikah. Il vint se frotter à lui et lui lécha doucement les traces de sang sur son poing. Ensuite, il fit comprendre au jeune homme de le suivre. Ce qui l’amena à voir Zelda, à genoux, serrant une Aëline inconsciente dans ses bras, pleurant sans retenue. Il pensa directement à une attaque des sbires de Ganondorf, sauf que la sorcière ne paraissait aucunement blessée. Prenant sur lui, il s’approcha de la jeune fille, inspira, et déposa une main qui se voulait réconfortante sur son épaule. Elle sursauta et releva un visage larmoyant vers le Sheikah.
- E-elle respire encore, m-mais elle ne s-se réveille p-pas… essaya d’articuler la princesse en caressant délicatement la chevelure de la Sage. En, en plus, s-sa respiration est de plus en plus f-f-faible…
Mais Sheik ne l’écoutait plus. Son regard fut attiré par de petites traces de pas non loin. Il quitta la jeune femme pour s’en rapprocher et dit distraitement :
- Si elle respire encore et qu’elle n’est pas blessée alors ce n’est pas si grave. Sauf qu’il avait dit ça sur un ton un peu trop inintéressé à son goût. Et il se maudit de toujours parler comme ça. Mais il se changea les idées en observant les traces. C’était des chaussures de quelqu’un de petit, peut-être la quinzaine d’années. Il releva la tête, et vit quelques cheveux… blancs ? Un Sheikah ? Non, aucun Sheikah ne pouvait sortir du dôme à part ceux ayant la clé. A moins que… Non, ça ne pouvait être Hergo, ce dernier ayant une pointure beaucoup trop hors norme et des cheveux roux. Ou alors… Non plus, elle était restée à l’intérieur. Mais, elle avait déjà réussi à sortir une fois, pourquoi pas deux ? Il ne l’espérait grandement pas, car si c’était le cas… Et puis la colère revint… en même temps qu’elle.
- Sheik !
- Quoi ?! s’énerva-t-il en se retournant vers Zelda qui était à présent debout, le Loup à ses côtés.
Cette dernière avait encore les yeux rougis, mais au lieu que son regard soit empli de tristesse et de peur, il y avait cette fois de la colère et de l’indignation.
- Tu ne m’écoute même pas ! s’exclama-t-elle, sa voix partant dans les aigus.
Le Sheikah se releva, agacé.
- Non ! Je ne t’écoute pas ! Parce que quand tu parles, ce n’est que pour te plaindre !
Le garçon se rapprocha de quelque pas pour bien faire face à la jeune femme.
- Je viens de te dire que ce n’est pas si grave ce qu’elle à, ta chère maman ! Elle n’est pas blessée à ce que je vois, nan ? Alors on a qu'à rejoindre les autres et on avisera ! Il n’y a pas de quoi pleurnicher !
Zelda encaissa violemment le coup.
- Pas de quoi ? Pas de quoi ?! pensa la jeune femme surprise par les propos de Sheik.
- Oh ! Ou alors je sais ! Peut-être que mademoiselle la princesse n’est pas assez bien logée parmi nous ? Et tu veux aussi peut-être que nous exécutions le moindre de tes caprices ? Hein ? C’est pour ça que tu pleures ? Peut-être que nous sommes de piètre compagnie, et que tu préférerais être seul avec ton cher Link, comme l’autre jour dans le lac ?!
Sheik fulminait. Il était en colère. Contre quoi ? Il n’en savait rien. Mais il avait envie d’hurler. Zelda ne lui avait vraisemblablement rien fait, mais il lui cria tout ce qui l’agaçait chez elle, notamment le fait qu’elle ait passer ce moment si dérangeant avec le jeune Hylien. Zelda, elle, se prit comme une claque en pleine figure. Sous le choc, elle restait paralysée par les mots du Sheikah.
- Et puis, elle est sûrement tomber dans les pommes, ta tendre maman ! s’écria Sheik, au bord des larmes de fureur, enfin, c’était ce qu’il croyait. Alors maintenant arrête de pleurer comme une fillette !
CLAC !!! Le bruit retentit dans toute la forêt tellement la claque fut violente. Sheik ne l’avait pas vu venir, mais il la sentait dans sa joue gauche. Elle lui brûlait la peau. Et soudain, un liquide chaud coula paresseusement sur sa peau.
- Je. Ne. Suis. Pas. Une. Fillette !! articula Zelda. Et tu n’as aucun droit sur moi ! Je fais ce que je veux, alors ne me dicte pas ce que je dois faire ou non ! Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens, ta mère est morte !
Sous le coup de cette dernière phrase, Sheik sentit un énorme poids sur ses épaules, ce qui le fit tomber à genoux. Le temps que la jeune fille se rende compte de ses mots, c’était déjà trop tard. Le mal était fait. Le Sheikah tomba sur son postérieur et ramena ses genoux contre son torse. Et, sans que Zelda ne s’y attende, un sourire apparu sur les lèvres du jeune homme. Un sourire dément.
- Oui… Oui, tu as sans doute raison, rigola alors Sheik. Ma mère est morte. Je ne peux pas comprendre ce que tu ressens, je n’ai même pas eu le temps de la pleurer, devant prendre les rênes de Toal.
Le jeune homme comprit que le liquide coulant de plus en plus sur ses joues était des larmes. Zelda remarqua alors la main en sang de son jumeau.
- Oh ! Sheik… Je, je suis… commença-t-elle, regrettant ses paroles et ses actes.
- Non, tu as eu raison, la coupa-t-il, toujours souriant, mais regardant dans le vide. Je l’ai mérité…
Il releva la tête vers sa moitié, le sourire effacé.
- Je suis désolé Zelda. Pour tout. Je… je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je… je ne voulais pas te parler comme ça, ni aujourd’hui, ni depuis qu’on s’est rencontré. Je… Je crois que j’ai eu peur… peur du changement, peur du nouveau. J’avais peur que tu ne veuille pas de moi, et je me suis mis dans ce foutoir tout seul, alors que toi, tu cherchais juste du soutien.
La jeune fille vint s’agenouiller à côté de lui, et prit sa main blessée dans les siennes.
- Je ne t’en veux pas, Sheik ! Dit-elle précipitamment. Tu as ton caractère et c’est normal, c’est….
- Non, ce n’est pas normal ! Je ne suis pas normal ! Je ne suis même pas un vrai Sheikah ! J’ai perdu ma mère et je lui ai succédé sans broncher ! Je suis désagréable avec les gens que j’aime ! Je me mets en colère pour tout et rien ! Et je ne suis même pas capable de te dire que… que je suis bien celui que tu cherches ! pleura-t-il soudain, évacuant tout ce dont il gardait pour lui. Je… quand je t’ai vue l’autre jour avec Link, je… Mais il ne put terminer cette phrase.
- J’ai l’impression d’être happé par toutes les responsabilités qui m’entourent ! Je perds ma famille, et dans la suite je deviens chef, découvre que je suis un prince et que j’ai une sœur jumelle quelque part dans le monde qui me cherche, que je suis un Elu des Déesses et que tout Hyrule repose autant sur moi que sur toi et Link ! C’est… C’est trop dur, c’est… !
Alors qu’elle voyait Sheik s’engouffrer dans un précipice d’accablement, Zelda fit ce qu’elle voulait faire depuis ce fameux jour où elle avait su qui il était : elle le prit dans ses bras. Elle l’encercla et le serra contre elle de toute ses forces, comme pour recoller tous les morceaux du Sheik d’avant qui avait éclaté le jour où son mental avait basculé, où il avait pris un coup tellement fort que ça avait complètement déréglé sa façon d’être. Elle le sera tellement fort qu’elle crut pouvoir le casser. Et contre toute attente, le Sheikah s’accrocha à elle comme à une bouée de sauvetage, essayant tant bien que mal de se calmer, doucement bercé par Zelda. Sheik ouvrit alors légèrement les yeux, toujours sanglotant et la vit. Il vit ce qu’il pensait ne jamais voir sur lui. Et maintenant qu’il avait la certitude de l’avoir, il reprit confiance en lui. Car maintenant, il savait qu’il était vraiment son frère, son jumeau, sa moitié. Il était un détenteur de la Sainte Triforce. Dès lors, tous deux surent qu’entre eux, ce ne sera plus pareil. Qu’ils pourront enfin vivre comme ils auraient dû le faire depuis leur naissance. Se sentant enfin complet avec la présence de l’autre, comme apaisé.
Non loin, derrière un arbre, un froufrou rose bougea, mais personne ne le vit. La personne sourit tendrement en voyant les deux moitiés se réconcilier, ayant écouté et vu toute leur scène de violence. Il avait même failli intervenir, mais tout était rentré dans l’ordre. Alors, Era se retourna vers le campement tout sourire, heureux pour ses amis dont les mains brillaient d’une lueur dorée.

***

Au campement le retour de Sheik et Zelda paraissait long.
-Tu es sûr qu’il ne faut pas aller à leur rencontre ? demanda Lovio à Link.
- Laissons leur enfin la possibilité d’être seuls et de se parler, lui répondit-il.
Le violet acquiesça et s’installa au sol à côté de Jedh et du tapis.
- Alors comme ça tu manipules les ombres ? lui lança se dernier.
- Euh… Oui… dit- le bibliothécaire gêné.
- Tu fais ça comment ?
- Je ne sais pas, je le fais, c’est tout.
- Ah, dit Lovio en hochant la tête en espérant en savoir plus.
- Tu vas le laisser tranquille, p’tite tête.
Derrière le jeune homme se dressait Hönir dans toute sa splendeur, accompagné de Ray la luciole.
- Mais tu n’es pas curieux de savoir ? Il pourrait te prendre ton ombre.
Lovio tapota celle-ci du doigt.
- Ce serait drôle de te voir danser. Enfin, voir ton ombre s’articuler sans que tu ne bouges, non.
- Non.
- Tu n’es décidément pas amusant, bouda le jeune homme.
La petite Sekiro, qui n’avait pas quitté Lovio depuis leurs retrouvailles, trouvait la scène amusante et sautillait sur place.
- Tu vois même Fram…
- Arrête ! gronda le Gerudo. Tu n’as pas le droit.
Hönir serra ses poings, il n’avait pas encore accepté que son amie soit de retour parmi eux sous cette forme. Le colosse tourna les talons et alla rejoindre Link qui observait la scène sans rien dire.
- Il n’est pas commode ton ami, dit Jedh, ça n’a pas dû être une partie de plaisir, ton aventure avec lui.
- T’inquiètes. Sous ses airs de bokoblin, c’est un vrai nounours. Tu vas voir.
En disant cela, Lovio lança un clin d’œil à Jedh. Le violet se tourna légèrement vers Link et Hönir et envoya un baiser de la main au Gerudo. De ses mains, il fait un cœur.
- Tu me manques déjà mon bichon. Reviens t’asseoir auprès de moi.
Jedh éclata de rire, suivi par Amelina et Nyio qui observaient depuis le début.
- J’aurais dû te laisser rôtir chez les Gorons, s’exclama le colosse.
- Moi aussi, je t’aime, mon chou, ricana Lovio.
Le Gerudo était agacé par le comportement du jeune homme, mais en même temps il était soulagé de le voir se comporter ainsi. Depuis qu’il avait tué le Goron, Lovio ne l’avait guère taquiné de la sorte, il craignait lui avoir fait peur. Cela le rassura un peu. Tout le monde semblait se détendre aux frasques de jeune homme et pour la première fois depuis le début de cette aventure, il s’amusait enfin.
- Et bien, je m’en vais 5 min et c’est l’euphorie ! dit Era sortant de derrière un buisson.
- Tu étais encore passé où toi ? le réprimanda Hönir.
- Oh, tu sais, pas bien loin, ricana le jeune homme en tournant sur lui-même faisant tourner au passage sa jolie robe. Je suis allé me balader et je peux vous dire que ce que j’ai vu était tellement mignon !
- Tu as suivi Zelda, s’énerva Hönir. Tu ne peux donc pas rester à ta place.
- Je n’ai pas suivi Zelda, que vas-tu imaginer, ma princesse n’a d’yeux que pour le petit homme en vert.
Era continuait à danser et faire tournoyer sa robe, quand il s’arrêta et fit face au Gerudo.
- J’ai suivi Sheik, mon mignon.
- C’est pareil, Sheik ou Zelda. Tu ne devais pas quitter le campement.
- Je t’ai manqué à ce point ?
Era ramena ses mains sur ses joues feintant la surprise.
- Tu es trop chou.
Hönir ne sut quoi dire à l’énergumène qui se trouvait devant lui. Era s’avança vers lui et du bout du doigt, lui caressa la joue.
- C’est décidé, mon chou, on ne se quittera plus.
- Euh que… quoi…
Hönir n’eut pas le temps de finir sa phrase que les jumeaux étaient de retour accompagné du Loup. Sheik tenait dans ses bras le corps inanimé de la Sage Aëline. Les aventuriers restèrent sans voix et regardèrent la scène sans bouger. Sheik déposa la sorcière délicatement sur le sol et recula d’un pas.
- Elle… Elle est... commença Link.
- Non… dit-il, les yeux rivés vers le sol.
Un silence sans fin s’installa. Navi voleta jusqu’au corps d’Aëline et scintilla. La petite fée avait reconnu l’essence de la magie des Sages. Elle dansa au-dessus d’elle, observée par le groupe. Ray alla la rejoindre et scintilla de mille feux. Quand, sorties de la forêt, d’autres fées et lucioles vinrent les rejoindre. Elles s’approchèrent doucement de la Sage et enveloppèrent son corps de leurs éclats. Zelda avait rejoint Link. A cet instant, elle avait besoin de son soutien et de sa présence. Elle lui prit doucement la main. Elle n’avait pas hésité et elle savait qu’il ne la repousserait pas. Le jeune homme appréciait ce contact, et en même temps il arrivait à ressentir la douleur qu’elle éprouvait à cet instant. Il resserra ses doigts sur les siens, comme pour lui dire qu’il était là pour elle. Zelda se rapprocha et posa sa tête contre son épaule tout en observant le ballet lumineux.
- Il se passa quoi ? murmura Lovio à Jedh.
- Pour une fois, je n’en ai aucune idée.
Le corps de la sorcière quitta doucement le sol, porté par les fées. Navi se détacha des siens et ouvrit la marche.
- Où vont-elles Link ? s’inquiéta Zelda.
Link regarda la jeune femme dans les yeux pour la première fois depuis sa rencontre.
- Je ne sais pas, suivons-les.
Doucement ,le groupe entier suivit le cortège lumineux à travers les bois. Le spectacle était magnifique et en même temps, il dégageait une atmosphère mélancolique. Personne ne parlait suivant ainsi le corps de la sorcière comme si celle-ci rejoignait sa dernière demeure. Par moments, de nouvelles fée et lucioles venaient s’ajouter au groupe. Le spectacle était vraiment sublime, Zelda ne savait plus où regarder. Il y avait du bleu, du jaune, du rose, du vert. Il avait beau faire jour, l’effet était éblouissant. Elle continua de suivre sa mère adoptive, sa main dans celle de Link. Sheik était derrière eux, accompagné du Loup. Il ne comprenait pas ce que pouvait bien trouver sa sœur à l'Hylien. Il jeta un œil à Era qui collait Hönir. Après tout, Link n’était peut-être pas si mal comparé au loufoque Era.
- Lâche moi, gronda doucement Hönir pour ne pas déranger le cortège.
- Oui, lâche le, dit Lovio à Era avec de gros yeux.
- Roooohhh, vous n’êtes pas drôle, et puis bâti comme il est, je suis sûre qu’il a fait chavirer plus d’une personne. Regarde- moi ces muscles !
- Chut, à la fin, s’énerva Lovio. C’est la mère de Zelda devant, pas n’importe qui !!!
Era baissa la tête, le violet avait raison, ce n’était pas le moment de taquiner le colosse. Sa douce princesse avait de la peine. Elle avait retrouvé son frère, mais perdu sa mère. Un prix douloureux. Derrière eux, Amelina et Nyio marchaient sans dire un mot. Ils trouvaient leur compagnon de voyage bizarre et excentrique. Jedh fermait la marche du cortège, comme tout bon intellectuel il cherchait à comprendre ce qui s’était passé. Sa conscience était-elle morte ? Comment feront-ils sans elle ? Son corps vivait, mais son âme ? Personne ne la remplacerait, il en était convaincu : son corps vivait encore.
- Tu te poses trop de questions ! fit une voix à ses cotés.
Le bibliothécaire tourna la tête, mais ne vit personne.
- Ash, c’est toi ?
- Rejoins moi dès que tu peux.
Sur ses mots la jeune femme ne se fit plus entendre.

Épopée d'Hyrule: TOME 1 , Les élus  [ EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant