CHAPITRE 7 : tu veux jouer ?

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Ange reposa la liasse de billets de dix euros et attrapa celle de vingt pour la compter. Il avait terminé depuis quelques minutes et, après avoir rangé son espace de travail, avait commencé à compter les espèces de sa caisse. Normalement, il n'avait pas commis d'erreur en rendant la monnaie, mais il préférait vérifier une seconde fois. Concentré sur les pièces jaunes, il les rangeait en pile d'un euro, lorsqu'il entendit quelqu'un toquer au carreau. Le blond sursauta violemment, renversant ce qu'il était en train de trier. Il pesta en levant les yeux vers la silhouette, craignant de voir son supérieur hiérarchique. Néanmoins, il fut soulagé de voir Marin, à qui il s'empressa d'ouvrir.

— Désolé, s'excusa le châtain, penaud. Je ne voulais pas te faire peur.

— Je ne t'ai pas vu arriver.

Ange baissa aussitôt les yeux, les joues rouges. Il se sentait idiot d'avoir été surpris aussi facilement. Il se leva pour écarter sa chaise et s'accroupit pour chercher les pièces égarées. Marin l'imita aussitôt, rendant la petite cabine plus exiguë encore. Le blond tenta d'ignorer sa proximité, récupérant l'argent qui s'était faufilé sous le bureau. Il lâcha un grognement en constatant que son bras était trop court pour aller jusqu'au fond.

— Attends, laisse-moi faire, proposa Marin en posant une main sur son dos pour l'inciter à lui laisser la place.

Surpris par le contact, Ange recula vivement et se cogna le haut du crâne contre la planche soutenant le clavier de l'ordinateur.

— Désolé ! s'exclamèrent-t-ils en même temps.

Le blond porta une main à sa tête par réflexe, ça avait été plus surprenant que douloureux. Il ne savait même pas pourquoi il s'était excusé.

— Ça va ? demanda Marin, mortifié d'enchaîner les maladresses.

— Tout va bien.

— Je m'occupe du reste, bouge pas.

Ange hocha la tête et ferma les paupières quelques secondes, comme s'il souhaitait disparaître de la surface de la Terre. Il venait de se ridiculiser deux fois, en l'espace de cinq minutes. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il tomba sur une vision étrange. Marin avait les fesses en l'air, le bras sous les planches du bureau. Sa veste était remontée, dévoilant le bas de son dos et le haut de son boxer Calvin Klein blanc. Ses joues s'enflammèrent à nouveau, et il détourna le regard.

— Je l'ai ! déclara le châtain en se redressant. Tu as tout ?

Ange s'empressa de recompter la monnaie. Il ajouta la pièce trouvée par Marin et lâcha un soupir de soulagement.

— Le compte y est.

Heureusement, avaient-ils tout récupéré, il n'avait aucune envie de retrouver cette situation gênante. Il finit de vérifier sa caisse en tentant d'ignorer le regard de Marin, fixé sur lui, et mit la recette du jour dans une enveloppe.

— Tu as passé une bonne journée ? demanda le soigneur animalier.

— Oui. C'était plutôt tranquille, j'ai pu terminer de trier de mes photos. Et toi ?

— Tout s'est bien passé. On y va ? proposa Marin.

Ange acquiesça avec enthousiasme. Il avait attendu ce moment avec impatience. Il suivit donc le soigneur animalier pour sa seconde visite guidée, après avoir verrouillé la billetterie. Le blond resta bloqué quelques instants devant les loutres qui jouaient dans l'eau, profitant des derniers rayons du soleil. Le soigneur animalier l'attendait patiemment, amusé de le voir si admiratif. Ses yeux océan pétillaient, ses traits étaient épanouis. Marin adorait le voir comme ça. Il aimait sa façon d'être heureux, avec peu de chose. La journée avait été étrange pour lui. Elle était passée à une vitesse folle, entre stress et impatience, alors que ses pensées vagabondaient ailleurs. Aujourd'hui, il montrerait une part importante de lui au blond et ça le rendait nerveux.

Entre ciel et merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant