Ange bascula la tête en arrière dans un soupir et ferma les yeux, alors que les rayons du soleil qui filtraient entre les branches l'éblouissaient. Le sourire aux lèvres, il se laissait gagner par les sensations que lui procurait Marin. Ses lèvres dans le creux de cou se révélaient divines. Autant que sa main, glissée sous son t-shirt, qui caressait sa peau dans un geste lent, presque sensuel.
Le jeune homme passa ses doigts dans les mèches châtaines de son amant et lui fit redresser la tête pour l'embrasser. Son pied nu trouva son mollet, il mêla ses jambes aux siennes, ajusta sa position pour mieux le ressentir. Tout était parfait. Ils avaient trouvé refuge à l'ombre d'un grand chêne pour profiter d'une pause bien méritée, après avoir aidé à la ferme toute la matinée.
Marin frotta son nez contre le sien et il ouvrit les paupières pour contempler son sourire. Son regard tendre l'admirait, alors qu'il prenait une de ses mains et entrelaçait leurs doigts.
— J'ai de la chance, souffla le soigneur animalier.
— Ah oui ? Pourquoi ?
— Parce que tu as bien voulu de moi.
Son cœur s'emballa dans sa poitrine, et le poids qui s'y logeait depuis quelques jours sembla s'alourdir. Cette masse pesante se trouvait là depuis la naissance de Charlotte, l'empêchait parfois de dormir. Quelque chose l'effrayait, sans qu'il ne puisse l'identifier. Cette nuit encore, Marin l'avait rejoint à trois heures du matin dans la chambre de sa sœur. Il veillait sur elle, angoissé à l'idée qu'elle ne s'envole.
Même Marin n'arrivait pas à éclipser totalement cette nouvelle peur. Ses jolis mots auraient dû l'apaiser. Pourtant, ce fut la nostalgie qui le rattrapa. Comment aurait-il pu résister à Marin ? Il n'avait pas eu d'autre choix que de le laisser entrer dans sa vie. Au contraire, c'était lui le chanceux dans l'histoire. Pour une raison qu'il ne comprenait pas, Marin s'était intéressé à lui, avait patienté jusqu'à ce qu'il soit prêt. Ses doutes lui paraissaient dérisoires aujourd'hui, bien que l'un d'eux persistait : Marin finirait-il par regretter ?
— On devrait y retourner, non ? s'enquit son homme en jetant un coup d'œil en direction du sentier.
— Oui, on devrait, confirma Ange en enroulant ses bras autour de sa nuque.
D'un mouvement du bassin, il inversa leur position pour s'asseoir sur ses cuisses fermes et baissa les yeux sur son torse, les joues rosies. À cause de la chaleur, Marin avait ouvert le haut de son bleu de travail et noué les manches autour de ses hanches. Était-ce normal de le trouve affreusement sexy ? Il ne se connaissait pas de tels fantasmes. La perspective de se retrouver seul dans sa chambre avec lui ce soir le fit frissonner de désir.
Il imagina que le temps puisse s'arrêter. Ici, tout paraissait simple. Il caressa la joue de Marin de son pouce, admira les nuances de vert de son iris, qui se mariaient si bien avec le paysage. Derrière, s'étendaient les collines verdoyantes, dont l'herbe se couchait en vague à chaque souffle de vent. Cet endroit incroyable avait bercé toute son enfance et son adolescence, ainsi que son passage à l'âge adulte. Pour la première fois de sa vie, il y voyait un défaut important : il manquait la mer. La mer, qu'il avait appris à aimer, qui avait dompté le cœur de son amant. Il s'était habité au parfum de ses embruns, au chant de ses mouettes.
— Coupons par le bois, proposa Ange.
Il se leva à contre cœur et noua ses doigts à ceux de son amoureux. Ils regagnèrent l'ombre du sous-bois et empruntèrent le chemin dessiné par le temps. Ange connaissait chaque recoin de cette parcelle de nature, pouvait identifier chaque empreinte d'animaux ou chant d'oiseau.
— C'est une maison qu'il y a là-bas ? interrogea Marin, dubitatif.
Ange regarda la direction indiquée. Au pied d'un arbre se trouvait un petit chalet en bois miniature, aux détails travaillés. Une petite cheminée pointait vers le ciel, des fenêtres et une porte étaient peintes, et un parterre de fleurs dessiné s'épanouissait autour.
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Entre ciel et mer
De TodoIl y a la vie. Il y a l'espoir. Il y a les secondes chances, qui permettent de vivre pleinement. Et puis, il y a Marin. Marin et son regard aussi étrange que rassurant. Il y a les coups d'amour. Les coups de foudre. Les coups de tonnerre. Il y...