CHAPITRE 12 : ligne du cœur.

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Ange grogna en se redressant péniblement. Il se maudissait d'avoir oublié de désactiver son réveil, alors que ce lundi était son seul jour de repos. À tâtons, il attrapa son téléphone et fit un mouvement du pouce vers la droite pour le désactiver. Sa tête retomba une seconde plus tard sur son oreille, prête à sombrer de nouveau.

— Ange ? appela une voix.

Le blond sursauta et s'assit dans son lit, aux aguets, avant de comprendre qu'il n'avait pas désactivé son réveil, mais décroché un appel de Marin.

— Ouais ?

— T'as une petite voix, constata le châtain. Je te réveille ?

— À ton avis ? Il est huit heures et c'est mon jour de congé, grommela-t-il.

— Désolé, mais moi je commence à onze heures, alors je ne pouvais pas t'appeler plus tard.

— De quoi tu parles ?

Ange fronça les sourcils, perdu.

— Je peux passer te prendre dans une demi-heure ? demanda Marin après avoir pris son courage à deux mains. Je veux te montrer quelque chose.

L'étudiant eut un temps d'absence, fixant sans vraiment le voir son ordinateur, posé sur son bureau. Il ne souhaitait que regagner la chaleur de sa couverture pour se rendormir et paresser au lit toute la journée. Pourtant, sa curiosité était piquée et l'idée de passer un moment avec lui le tentait. Cette amitié insolite lui plaisait, il ne s'ennuyait jamais avec Marin.

— Ok, céda-t-il.

Trois jours s'étaient écoulés depuis la soirée de Charles et David. Trois jours durant lesquels il avait rejoint le soigneur animalier après sa journée de travail, pour flâner dans l'aquarium, qu'il connaissait maintenant comme sa poche. Ils se rendaient ensuite chez Marin pour manger et jouer aux jeux vidéo. Ses journées étaient assez remplies pour qu'il oublie de penser à ses parents. Ce n'était que lorsqu'il se retrouvait seul dans son lit qu'il sentait sa gorge se nouer. Sa famille lui manquait et il avait un pincement au cœur en sachant que Leïla et tous ses proches étaient réunis, sans lui. Les deux mois avant Noël lui semblaient si longs.

Ange s'habilla chaudement et grimaça en jetant un coup d'œil à sa fenêtre. Des nuages menaçants cachaient le bleu du ciel, d'un gris orageux. Pour le moment, la pluie n'était pas au rendez-vous, mais jamais le blond j'avais vu de vent si violent. Les arbres semblaient prêts à céder sous les rafales. Il guetta l'arrivée de son ami et quitta sa chambre lorsqu'il aperçut sa voiture s'engager sur le parking.

— Salut, souffla-t-il en se glissant côté passager.

Il n'avait eu que dix mètres à faire pour rejoindre le véhicule, mais le vent vif avait ébouriffé ses mèches blondes et coloré ses joues de rose. Il posa la sacoche contenant son appareil photo à ses pieds et se tourna vers Marin, toujours injustement frais et disposé.

— Désolé de t'avoir réveillé.

— Tu vas devoir te faire pardonner.

Ange regretta ses paroles à la seconde où il vit la malice étirer les traits du châtain, ainsi qu'une étincelle s'allumer au fond de son iris vert. Il avait laissé échapper ces quelques mots sans réfléchir, pour plaisanter, mais Marin semblait lui avoir donné une dimension bien moins innocente. Heureusement, ses vêtements cachaient les frissons qui le parcoururent. Il leva les yeux au ciel en le voyant hausser les sourcils d'un air suggestif, montrant son désespoir face à son humour douteux. Pourtant, le rire léger de son voisin le fit frémir.

Alors que le soigneur animalier quittait le parking, Ange se tourna vers la fenêtre en cachant ses mains sous ses cuisses pour calmer le tremblement de ses doigts.

Entre ciel et merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant