CHAPITRE 8 : Lola.

4.5K 483 330
                                    

Ange sortit de la voiture et claqua la portière derrière lui, avant de se mettre à courir. La pluie s'était invitée au rendez-vous, aussi soudaine que torrentielle. Il tenta d'éviter les flaques qui s'étaient déjà formées sur le parking, mais gagna le auvent du restaurant trempé, le bas du jean arborant une large tache d'éclaboussure. Il secoua la tête pour chasser les gouttes de ses mèches et leva les yeux vers Marin, qui le rejoignit.

— Quel temps ! grogna ce dernier.

— Je t'avais dit de ne pas chanter, plaisanta l'étudiant.

Le soigneur animalier s'était lancé dans un solo sur une chanson d'Imagine Dragons. Il ne chantait pas faux, mais son accent anglais déplorable avait arraché quelques rires à son copilote.

— Tu n'as pas l'oreille musicale, c'est tout, s'offusqua faussement Marin.

Ange esquissa un sourire et cacha sa bouche d'une main pour réprimer un éclat de rire. Il pénétra finalement dans le restaurant et inspira avec délice les odeurs de sauce tomate et de pain chaud. Au centre de la salle trônait un comptoir en bois, derrière lequel reposait un imposant four en pierre. Les murs en briques rouges donnaient au lieu un aspect chaleureux et authentique. Le blond regarda avec envie la cheminée électrique, dont le feu ondulait paresseusement. Un serveur vint à leur rencontre et les plaça près du foyer, pour son plus grand bonheur. Marin lui laissa la place sur la banquette, satisfait de voir le reflet des flammes dans ses iris océan.

— Tu aimes ? questionna-t-il en le regardant admirer les tableaux qui représentaient des paysages.

— C'est sympa. Leïla adorerait cet endroit, elle aime beaucoup l'Italie !

Marin sentit son bonheur s'envoler, à la seconde où il entendit le prénom de cette fille. Il se retrouva vidé, comme s'il venait de se prendre une gifle magistrale. Il se força pourtant à sourire, ravalant sa rancœur. Il le savait depuis le début, pourtant, il était incapable de ne pas s'intéresser à Ange. Il était attiré par sa fragilité apparente, par la douceur qui régnait dans ses yeux, par sa sensibilité désarmante. Il avait tendance à oublier que le blond était déjà en couple, et avec une demoiselle. Il se sentit à la fois stupide et désespéré. Son dérapage était piquant, il n'avait pas su garder la tête froide, s'était emballé et avait désiré l'inaccessible. Il ne pouvait que s'en mordre les doigts.

Mécaniquement, Marin effleura son cache-œil, comme pour vérifier qu'il était bien mis en place. Il se sentait tout à coup vulnérable, comme s'il venait de se réveiller d'un rêve, d'un enchantement. Il ne savait plus très bien ce qu'il faisait là. La gorge soudainement sèche, il se cacha derrière la carte, bien que la faim l'ait quitté.

— Elle va bien ? demanda-t-il en tentant de maîtriser sa voix.

— Oui. Elle rentre à Veauce à la fin de la semaine prochaine, pour les vacances d'octobre. J'aurais bien aimé faire comme elle, mais je travaille.

Ange eut du mal à cacher sa tristesse. Il aurait aimé rentrer chez lui, ses parents lui manquaient. Néanmoins, il devait honorer son contrat et travailler à l'aquarium pendant ces sept jours. C'était le prix à payer pour avoir une semaine de congé à Noël. Il déprimait en songeant à l'ennui qui le guetterait, lorsqu'il serait seul à la résidence étudiante. Capucine et Ambroise rentraient chez eux pour les vacances et Alix rendait visite à ses grands-parents.

— Ça tombe mal, compatit faussement Marin.

— C'est comme ça. Tu seras là, toi ? questionna le blond en levant les yeux vers lui.

Le châtain se figea une seconde. C'était bien de l'espoir qu'il lisait dans son regard océan.

— Malheureusement oui, sourit-il. Et je serais probablement forcé de me déguiser à Halloween, pour amener mes cousins et cousines faire le tour des quartiers.

Entre ciel et merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant