Un sourire étira ses lèvres lorsqu'une main se posa sur son épaule, glissa sur sa nuque puis dans ses mèches blondes. Ange leva un regard tendre en direction du soigneur animalier. Était-ce normal de sentir aussi bien pour un simple effleurement ?
- On y va ? proposa Marin.
Ange hocha la tête et le suivit à travers les couloirs réservés au personnel pour rejoindre le parking. Le trajet jusqu'au centre-ville fut silencieux. Marin lui avait proposé de rentrer avec lui après le travail, mais il avait décliné, le regard fuyant. Il comptait se rendre en ville pour acheter des chocolats à Leïla. Il espérait qu'avec une boîte de sucreries, la rupture serait moins amère. Contre toute attente, le soigneur animalier avait décidé de l'accompagner, sans lui laisser réellement le choix. Malgré sa culpabilité, Ange appréciait l'effort qu'il faisait pour se montrer attentionné. Pourtant, il commençait à regretter de lui avoir permis de venir. L'ambiance étrange qui régnait entre eux le mettait mal à l'aise. Marin jouait la comédie, avec ses sourires crispés et son attitude nonchalante, qui ne le trompait pas.
La nuit commençait déjà à tomber sur Brest. Le ciel s'assombrissait, les éclairages de la ville illuminaient les rues et Ange s'émerveillait une nouvelle fois devant les décorations de Noël. Il se figea devant une vitrine de jouets pour enfants, décorée de fausse neige, d'un sapin aux couleurs rouge et or et de tout un village miniature. Cependant, il ne s'y attarda pas en voyant Marin continuer son chemin. Il le rattrapa et glissa sa main dans la sienne, comme s'il craignait de le perdre. Ce dernier tourna la tête dans sa direction et lui offrit un sourire doux, malgré la lueur de tristesse qui persistait au fond de son iris vert.
Ange faillit renoncer, la gorge nouée à l'idée de le faire souffrir en silence, mais se consola en se promettant de se rattraper un peu plus tard. En passant la porte de la chocolaterie, les traits des Marin se refermèrent complètement. Il se promit alors de faire vite. Il parcourut les étalages du regard, quelque peu égaré face à la multitude de chocolats proposés. L'odeur du cacao lui donnait envie d'y goûter.
- Qu'est-ce qu'elle aime ? questionna Marin d'une voix égale.
Ange lui jeta un coup d'œil. Son expression totalement neutre lui noua la gorge. Il aurait dû refuser sa proposition et lui interdire de l'accompagner. La situation était malsaine, il en avait conscience. Il mourait d'envie de se lover contre son torse pour s'excuser.
- Je vais prendre un peu de tout, souffla-t-il.
Il prit une boîte et la remplit en choisissant des parfums que Leïla apprécierait. Nougatine. Éclat de noisette. Pistache. Mousse citron. Noix de coco. Il en ajouta un au champagne, intrigué. Une pince vint déposer au carré fourré au milieu des autres, traversé par une élégante ligne rose.
- Framboise, annonça Marin en reposant l'instrument en fer.
Ange le remercia du bout des lèvres, chamboulé. Il avait envie d'abandonner cette maudite boîte. De tout abandonner. Ses pensées se transformaient en bourrasque de vent, embrouillées et incontrôlables. Il paya le cadeau et observa le vendeur le refermer dans un joli emballage, qu'il agrémenta d'un ruban. Ange le rangea dans son sac et ils quittèrent la boutique après avoir remercié l'employé.
L'étudiant en droit fixa l'arrêt de bus, en face du trottoir sur lequel ils se tenaient, incapables de se regarder dans les yeux. Ange triturait le bas de son manteau dans un geste nerveux. Demain matin, il se rendrait à l'aéroport, afin de prendre un avion qui le ramènerait enfin chez lui. L'idée de revoir sa famille le comblait. Pourtant, un pincement désagréable piquait son cœur à la pensée de quitter Marin.
- Je dois finir de préparer mes affaires, rappela Ange.
- Je sais... souffla le soigneur animalier. Bonne soirée.
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Entre ciel et mer
RandomIl y a la vie. Il y a l'espoir. Il y a les secondes chances, qui permettent de vivre pleinement. Et puis, il y a Marin. Marin et son regard aussi étrange que rassurant. Il y a les coups d'amour. Les coups de foudre. Les coups de tonnerre. Il y...