Ange rabattit sa capuche sur sa tête et rentra ses mains dans les manches de son sweat-shirt. L'appartement semblait beaucoup plus froid, sans Marin. Il aurait dû travailler aujourd'hui, mais il s'était arrangé pour échanger sa journée avec celle de sa collègue, le lendemain. Si ce compromis l'avait soulagé un moment, il se demandait désormais comment il allait trouver la force d'aller à l'aquarium. À la seule pensée de quitter l'immeuble, son ventre se nouait d'angoisse. C'était le cinquième jour consécutif qu'il restait enfermé. Il se contentait d'attendre son petit-ami, sans que rien n'arrive à le distraire vraiment.
De façon évidente, les choses avaient changé. Marin le ménageait pour tout. Il ne voulait plus de son aide en cuisine, gardait constamment un regard inquiet sur lui, comme s'il pouvait s'évaporer à tout moment. Il n'osait même plus vraiment le toucher, ni le serrer contre lui, probablement de peur de le briser. Ses rares caresses s'avéraient trop légères pour le réconforter, et lorsque Ange essayait d'approfondir leurs baisers, il calmait ses ardents en embrassant son front.
Sans le vouloir, Marin créait chez lui de nouvelles angoisses. Le plus jeune en venait à douter de lui-même. Peut-être qu'effectivement, il n'était pas capable de vivre de façon normale ? Son homme avait même annulé leur après-midi à la piscine, prétextant être fatigué.
Ange porta sa manche droite à ses lèvres et mordilla le tissu sans réellement en avoir conscience. Devait-il s'accommoder de ces nouvelles situations ? Qu'est-ce qui était le mieux pour lui ? Marin l'acceptait, devait-il donc prendre ce qu'il lui donnait, sans chercher plus ?
Le murmure des gouttes de pluie contre les vitres ne l'aidait pas à sortir de sa torpeur. Sa tranquillité fut pourtant ébranlée lorsque l'interphone sonna. Ange se tendit et resta pétrifié, le regard rivé sur le boîtier qui permettait d'ouvrir la porte du hall de l'immeuble. L'absence de Marin pesa un peu plus. Qui pouvait bien venir voir son petit-ami, à presque midi ? Une seconde sonnerie résonna dans le salon. La bouche sèche, il se leva et décrocha le téléphone.
— Oui ?
— C'est Capucine. Ouvre-moi, avant que mon plâtre ne soit mouillé, s'empressa de lui demander la jeune femme.
Ange accéda à sa demande sans réfléchir, avant de songer qu'il venait de se faire avoir en beauté. Il ne voulait pas se retrouver confronté à son amie aujourd'hui, c'était trop tôt, il n'avait pas encore remis de l'ordre dans ses pensées. Pourtant, il ne pouvait pas la laisser sous la pluie. Les mains tremblantes, il déverrouilla la porte et lui ouvrit lorsqu'elle toqua.
— J'ai pas la classe comme ça ? s'enquit la demoiselle en écartant les bras.
Un sac-poubelle noir protégeait son plâtre. Le vent avait dû pousser la pluie à s'incliner, car le devant de son jean bleu était trempé, comme ses chaussures. Ange esquissa un sourire et l'invita à rentrer.
— Je vais te chercher de quoi te sécher.
Il lui ramena une serviette pendant qu'elle retirait ses baskets et les mettait près du chauffage, avec son manteau.
— Comme ça fait un moment que tu n'es pas venu à la résidence et qu'on n'a pas mangé ensemble, je me suis dit qu'on pouvait se faire un truc, ce midi ? proposa-t-elle en lui tendant un sac en plastique.
Ange regarda à l'intérieur, et ce fut comme si un poids s'ôtait de ses épaules pour le rendre un peu plus léger. Il lâcha même un éclat de rire face au paquet de coquillettes et à la bouteille de ketchup. Rire se révéla à la fois libérateur et traite. Ses défenses s'abaissaient, l'envie de craquer lui noua la gorge. En croisant les yeux de Capucine, il devina l'inquiétude qu'elle essayait de cacher. Pourtant, elle s'armait de courage pour sourire.
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Entre ciel et mer
De TodoIl y a la vie. Il y a l'espoir. Il y a les secondes chances, qui permettent de vivre pleinement. Et puis, il y a Marin. Marin et son regard aussi étrange que rassurant. Il y a les coups d'amour. Les coups de foudre. Les coups de tonnerre. Il y...