CHAPITRE 30 : tout ce que j'avais à dire.

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Le cœur battant, Ange rejeta sa couverture dès qu'il entendit des sons étouffés provenant de l'étage du dessous. Ses parents étaient enfin levés. Il frissonna sous la fraîcheur du sol et enfila d'épaisses chaussettes en laine rouge, agrémentées de motifs de rennes. Il s'était réveillé vers cinq heures du matin en prenant conscience d'un détail qui l'avait empêché de se rendormir. Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, son ventre refusait de se dénouer.

— M'man, appela-t-il d'une petite voix.

— Ange ? Tout va bien ? s'alarma sa mère en délaissant la cafetière pour se tourner dans sa direction. Tu as mal quelque part ?

— On n'a pas de cadeau pour Célian.

Ange ignora la question initiale, trop habitué à l'entendre. L'idée que le jeune homme se retrouve sans présent pour son premier Noël seul lui enserrait sa gorge. Il n'avait aucune idée de ce qui aurait pu lui faire plaisir, mais n'importe quoi aurait été mieux que rien du tout.

Célian avait refusé l'invitation de ses parents pour le réveillon, bien trop gêné de s'imposer. Néanmoins, ces derniers avaient insisté pour qu'il passe Noël avec eux. Au souvenir de son regard ému, toute trace de rancœur avait disparu. Ange n'avait plus qu'une idée en tête : qu'il passe une belle journée.

— Ne t'en fais pas, le rassura sa mère. On avait prévu de lui offrir quelque chose dans tous les cas, pour le remercier de son travail.

L'étudiant se détendit aussitôt, alors que le soulagement ôtait un poids de ses épaules. Il jeta un coup d'œil en direction du sapin, dont la guirlande lumineuse scintillait. En effet, deux cadeaux se trouvaient déjà à son pied. Ange fit demi-tour et remonta les marches deux à deux jusqu'à sa chambre. Il récupéra les présents achetés pour ses parents, cachés sous son lit, et se figea devant son bureau, où trônait toujours la boîte de chocolats achetée pour Leïla. Il avait complètement oublié de lui donner. Elle ne lui en voudrait pas s'il l'offrait à Célian.

Alors qu'il s'apprêtait à redescendre, son téléphone vibra dans sa poche et un sourire étira ses lèvres, alors qu'il lut le prénom de Marin. Sa légèreté retrouvée, il exécuta un tour sur lui-même et se laissa tomber sur son lit, avant de décrocher.

— Joyeux Noël ! s'exclama-t-il.

— À toi aussi, Ange.

Il devina son sourire en coin grâce à sa voix amusée. Même à travers le combiné, le souffle de Marin déclenchait ses frissons. Son prénom résonnait comme une caresse. De façon machinale, il entortilla une mèche blonde entre ses doigts, comme Marin aimait le faire.

— Je n'ai pas beaucoup de temps, je dois aider pour le repas, annonça le soigneur animalier. Je suis déjà crevé, les mioches étaient réveillés à six-heures, trop existés d'ouvrir leurs cadeaux.

— J'étais pareil, avoua Ange dans un éclat de rire. Et une fois tous les paquets déchirés et ouverts, je finissais par me rendormir sur le canapé.

— Ça ne m'étonne pas, ricana Marin. J'étais plutôt du genre à prendre mon temps. Je détestais déchirer les emballages, je m'appliquais toujours. D'ailleurs, en parlant de cadeau... tu n'as rien trouvé dans la poche avant de ta valise ?

— Non, je n'avais rien mis dedans.

Ange se redressa, le cœur battant, et s'approcha de son bagage. Il ouvrit la fermeture éclair et glissa une main dedans, jusqu'au fond, où ses doigts rencontrèrent un emballage en papier plat.

— Promis, je l'ouvre sans tout déchiqueter, plaisanta-t-il en grattant le morceau de scotch.

Il renversa délicatement le présent dans le creux de sa paume et observa la chaînette en argent agrémentée d'un cercle, au centre duquel s'épanouissait une vague. C'était lui. C'était Marin. Le bracelet le symbolisait à la perfection. Ange plaqua une main sur ses lèvres pour retenir l'étrange son qui menaçait d'en sortir, entre le sanglot d'émotion et le hoquet de surprise.

Entre ciel et merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant