Parfait. Ange ne trouvait pas d'autre adjectif pour décrire ce qu'il vivait. Les bras de Marin l'entouraient, robustes et protecteurs. Si masculins. Ce détail avait longtemps occupé ses pensées, alors que le désir s'éteignait petit à petit, pour laisser place à une profonde tendresse. Aurait-il dû être perturbé ? Cette place lui plaisait, il s'y lovait avec bonheur, les paupières closes, profitant de sa chaleur et de son parfum naturel. Il caressait ses abdominaux, en mémorisait le dessin. Tout ça était désormais à lui. Rien qu'à lui.
Ange se redressa pour lever ses iris bleus vers son homme et croisa son regard admiratif, qui s'attendrit aussitôt. Ses joues chauffèrent lorsqu'il comprit que Marin l'observait depuis tout ce temps.
- T'as des yeux incroyables, souffla le soigneur animalier en effleurant ses lèvres des siennes.
Ange les embrassa pour masquer sa gêne. Son cœur s'emballa sous le compliment qui le rendit muet. Pourtant, il aurait aimé lui dire à voix haute qu'il le trouvait beau et plus encore. À la place, il entrouvrit les lèvres et glissa une main sur sa nuque. Aussitôt, Marin se pencha vers lui et il s'allongea pour l'accueillir entre ses jambes. Où avait-il trouvé la force de lui résister, jusque-là ? Maintenant qu'il y avait goûté, il ne pourrait plus s'en passer. Sa délicatesse, sa passion, sa douceur, sa prévenance, il n'y renoncerait plus. Plus jamais.
- Ça va ? interrogea Marin en posant son front contre le sien.
- Comment ça pourrait ne pas aller ?
Ange esquissa un sourire. Son inquiétude le touchait. Il fallait avouer que tout s'était enchaîné rapidement. Pourtant, il n'avait aucun regret. Faire l'amour avec Marin avait été l'expérience la plus intense qu'il ait vécue. Ils avaient échangé des caresses, s'étaient découverts, peau contre peau. Leurs corps avaient dansé l'un contre l'autre jusqu'à l'apothéose. Il s'en sentait encore fiévreux.
Marin déposa quelques baisers sur sa joue, sa mâchoire, et descendit dans le creux de son cou pour atteindre sa clavicule. Il posa sa joue sur sa poitrine, juste contre son cœur, et fut satisfait d'en entendre les battements. Il savoura les doigts d'Ange dans ses cheveux, pas encore certain de ne pas rêver. La nouvelle passion du blond et son appétit l'avaient dérouté. Il craignait ses regrets. Il avait peur de le blesser, de le mettre mal à l'aise. Mais tout aller bien. Même merveilleusement bien.
Il embrassa sa chair abîmée et caressa distraitement le bas de son ventre, où la finesse de la peau se révélait aussi douce que du velours.
- Quel âge tu avais, quand tu as reçu ta greffe ? osa-t-il demander.
Il s'interrogeait depuis un moment sur cette partie de la vie du jeune homme. Durant cette semaine passée loin de lui, il avait laissé l'angoisse s'immiscer en lui. Il avait besoin d'être rassuré. La main d'Ange se suspendit quelques secondes, avant de reprendre ses caresses.
- J'avais dix ans, confia-t-il. C'était en décembre, je me souviens qu'il y avait beaucoup de neige. J'avais réussi à convaincre ma mère de ne pas aller à l'école le matin. On a passé la matinée à faire des bonhommes de neige pour représenter toute la famille. Je suis allé en cours après le déjeuner, car je ne voulais pas manquer les ateliers de Noël. On cuisinant des biscuits sablés et on décorait des tasses pour les offrir en cadeau aux parents. Je me souviens avoir été hyper contrarié quand ils sont arrivés dans la classe, parce qu'ils avaient gâché ma surprise.
Le rire de Marin vibra à travers sa poitrine. Ange esquissa un sourire en racontant sa piètre tentative pour cacher ses présents. Il avait fait tomber celui destiné à son père par mégarde, et la hanse s'était brisée. Il en aurait probablement pleuré s'il n'avait pas croisé le regard humide de sa mère. Tout s'était ensuite enchaîné. Il ne se souvenait pas du chemin jusqu'à l'hôpital, trop occupé à songer à ses gâteaux, qu'il ne pourrait pas sortir du four. Il ne les emballerait pas, n'avait même pas eu le temps de choisir la couleur du ruban.
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Entre ciel et mer
DiversosIl y a la vie. Il y a l'espoir. Il y a les secondes chances, qui permettent de vivre pleinement. Et puis, il y a Marin. Marin et son regard aussi étrange que rassurant. Il y a les coups d'amour. Les coups de foudre. Les coups de tonnerre. Il y...