Au clair d'une lueur artificielle (terminé)

- « J'PRENDS PAS LES LETTRES D'ADIEU, qu'il m'a dit. »

Voici l'un des derniers chapitres de ma nouvelle "Aphorisme". Au plaisir de peut-être vous y retrouver dans l'espace commentaire un jour !

J'prends pas les lettres d'adieu, qu'il m'avait dit avant de finalement saisir la mienne en secouant sa tête blonde, convaincu de me la rendre bientôt.

     « L'aphorisme de ma vie va sûrement me tomber sur le coin du visage comme un couperet, ou littéralement m'exploser à la gueule, va savoir. On sait rarement quand, pourquoi ou comment, mais peu importe au fond, ce n'est pas grave, je l'embrasserai sans animosité. Nous devons tous partir un jour et aucun ne sera jamais le bon, alors ce n'est pas la peine d'être en colère.

     Je ne compte pas m'excuser dans cette lettre, j'ai fais un choix et j'en connaissais parfaitement les conséquences possibles. Et puis de toute façon, je préfère mourir debout avec à mes côtés des mois durant des frères et des sœurs, plutôt que de devoir vivre à genoux, avec un café Starbucks à boire tranquillement tout les matins de mon existence à attendre patiemment que les conflits toquent à ma porte pour agir. Une guerre ne se gagne pas sans soldats.

     La famille, il y'a celle par défaut, celle que tu choisis et celle avec qui tu te retrouve comme une conne d'abord, mais avec qui tu finis par tisser des liens que tu ne tisseras jamais avec personne. Je voudrais dire merci à celle-ci, et je voudrais aussi demander aux personnes qui la compose de se battre avec toute la hargne qu'elles ont en elles, et de rentrer sur leurs deux jambes à la maison, je refuse que quelqu'un d'autre que moi ai la malchance de rentrer allongé au fond d'une boîte un poile trop sombre à mon goût.

     Laisse moi te dire pourquoi nous combattons, maintenant. Ce n'est ni pour le pétrole, ni pour les armes, ni pour le pouvoir ou quoi que ce soit. Non, nous nous battons pour ceux qui combattent à nos côtés. Nous combattons pour ceux qui sont dans le besoin. Nous combattons pour que tu n'ai pas à le faire.

Nous ne sommes pas des héros. Nous ne sommes pas des sauveurs. Nous sommes simplement, et tout les jours, des femmes et des hommes. Nous ne nous battons pas seulement contre la mort. Nous combattons aussi la douleur.

     Nous nous battons pour ceux qui ont souffert et qui souffre encore.
Nous sommes des frères, des sœurs, des maris, des femmes, des fils, des filles, des pères, des mères, des amis, des humains.
Nous sommes une famille.

Nous sommes aussi des individus à part entière.

     Personne ne saura jamais ce qu'il se passe réellement là-bas. Sauf ceux qui auront été témoin du pire... et du meilleur.

     Nous nous battons comme un seul être, nous souffrons comme un seul être, nous vivons comme un seul être. Le drapeau qui flotte en haut de son pic ne bouge pas à cause du vent, non, il flotte grâce au dernier souffle de chaque soldat mort pour le protéger.

     On ne peut pas parler de ce qu'on a vu, car les mots ne sont pas assez puissants, pas assez... tout. Rien ne le sera jamais pour décrire ces choses là. Ces choses qui ne devraient pas exister.

     Nous serons peut-être oubliés, sûrement même, mais nous, nous n'oublierons jamais ceux que nous avons perdu et ceux qui ont survécus. Et puis de toute façon, personne ne sort indemne de la guerre. Alors je ne sais sincèrement pas ce qui est pire, mourir sur le champ de bataille, l'arme au poing, la rage au bide, ou bien survivre (oui, je dis bien survivre, et non pas vivre) avec tout ces souvenirs qui nous hanteront à jamais ?

     Un ennemi sans visage dans un monde inconnu, voilà contre quoi nous nous battons.

    Peu importe où nous nous tenons debout, nous nous tenons campés sur nos pieds ensemble. Et n'oubliez pas, pour vos demains, nous donnons nos aujourd'huis.

     Alors ne nous appelez pas « héros » parce que nous ne sommes pas différents de vous.

     Tout ce que nous vous demandons,
c'est que vous vous souveniez de nous. »

aphorisme d'une vie...