Moonlight Shadow [Roman fantastique court - Terminé]

Chapitre 13 : Décisions

Le réveil est difficile.

Ella à de plus en plus de mal à distinguer la réalité des rêves.

Ses mains tremblent, posées  sur les draps.

Elle n'a pas le courage de se lever.

Le monde extérieur lui paraît trop effrayant, comparé au cocon rassurant que peut lui offrir sa chambre.

Elle se recroqueville et serre ses jambes contre son ventre.

Les larmes coulent déjà sur ses joues et ce alors que la journée vient à peine de commencer.

Elle regarde ses poignets, craignant de trouver de nouvelles brûlures, mais heureusement il n'y a rien. 

Elle se lève et se regarde dans le miroir.

Ses traits ne sont pas tirés.

Quand elle relève ses cheveux, son cœur manque un battement.

Les brûlures ont disparu, toutes les brûlures !

Ce n'est pas possible, cela ne disparaît pas comme cela !

Elle cherche des traces sur sa peau, il n'y a rien.

Une joie immense l'envahit, ce qui n'est pas arrivé depuis des lustres.

Peut-être que tout ce qui s'est passé ces derniers temps n'a pas été réel ?

Elle s'habille rapidement et prépare son sac pour aller au lycée.

Elle descend joyeusement les escaliers  avant de se diriger vers la cuisine.

Elle a très faim ce matin.

Toute son énergie disparaît d'un coup quand elle entre dans la cuisine.

Sa mère se tient debout, ses lèvres sont pincées et elle fuit son regard.

Ella regarde attentivement Peepa.

D'énormes cernes noires forment des poches sous ses yeux et ses joues sont creuses.

Elle a l'air fatiguée.

C'est la première fois depuis longtemps qu'Ella voit vraiment sa mère telle qu'elle est, une personne déprimée et lasse de la situation.

Elle sait que c'est principalement elle qui lui cause du soucis.

L'adolescente se sent mal et culpabilise.

- Maman il faut que je te parle, commence Ella mais elle est interrompue par la sonnette d'entrée.

Peepa se dirige rapidement vers la porte, elle n'a pas regardé une seule fois sa fille.

Ella la voit passer comme une flèche devant elle et sent la peur l'envahir, quelque chose ne va pas.

Ses mains se mettent à trembler et elle fixe la porte s'ouvrir pour laisser entrer le psychiatre qu'elle a déjà vu et un autre homme qu'elle ne connaît pas.

Ce qu'elle redoute depuis quelques temps va se produire, sa mère l'a fait interner.

- Bonjour Ella, lance calmement le docteur Travis en lui souriant.

- Je suppose que je n'ai pas le choix ? demande-t-elle en croisant les bras, la voix éteinte.

- Ta mère a signé des papiers, se contente-t-il de répondre.

Elle hoche la tête et leur tourne le dos.

- Je vais faire mes valises.

Lorsqu'elle monte les escaliers, marche après marche elle sent un poids immense peser sur ses épaules.

Elle en veut énormément à Peepa, non seulement de la croire folle, mais en plus de ne même pas en avoir discuté avec elle avant de prendre la décision de l'envoyer là-bas.

Elle prend quelques vêtements qu'elle empile machinalement, retenant ses larmes.

Elle ne sait même pas ce qu'elle doit emmener dans cet endroit. 

Ferait-il chaud ou froid ?

Aurait-elle une chambre avec d'autres cinglés comme elle ? 

Une angoisse terrible la plie en deux.

Elle s'effondre sur le sol carrelé, cognant ses genoux ce qui provoque une douleur lancinante.

Des voix s'élèvent alors dans sa tête, des ricanements sinistres qui semblent la narguer.

Elle se bouche les oreilles pour les faire taire mais comme cela ne fait rien elle hurle :

- STOP !

Un grondement sourd retentit au loin et une vague invisible la projette contre le mur. Elle se cogne la tête ce qui la sonne.

Il lui faut quelques instants pour reprendre ses esprits.

Son cœur s'emballe et elle regarde partout autour d'elle, il n'y a rien, rien du tout.

Alors tout se passe vraiment dans sa tête ?

Elle se relève et regarde ses jambes. Des bleus se forment là où elle s'est blessée.

Elle réalise alors qu'elle se fait mal sans même s'en préoccuper.

Ramassant sa valise, elle se dit qu'elle a peut-être un problème après tout.

Elle rejoint les personnes qui l'attendent en bas.

Elle ne regarde pas sa mère, il est inutile qu'elle lise le reflet de ce que celle-ci pense d'elle.

Une déception et une folle qui doivent disparaître loin de sa maison.

Le docteur Travis la laisse passer.

Il y a une sorte de car devant la maison mais en modèle réduit.

Elle monte dedans et s'assoit au fond sans dire un mot.

Le docteur Travis s'installe devant et l'autre homme prend le volant.

- Tu verras Ella, tu seras très bien dans cette maison de repos, lance le psychiatre, essayant sûrement de la rassurer.

Peepa n'a même pas pris la peine de sortir dehors.

- Je m'en fiche. Je suis folle donc peu importe ce que je penserai, murmure-t-elle pour elle-même.

- Ce n'est pas très loin d'ici et ta mère pourra te rendre visite ainsi que tes amis du lycée, continue le psychiatre, enthousiaste comme s'il parlait d'un centre de vacances.

Elle ne l'écoute plus et se contente de fixer sa maison qui s'éloigne et avec elle les souvenirs heureux qu'elle avait quand elle était enfant avec ses deux parents vivants.

Maintenant son père est mort et probablement assassiné par des forces obscures.

Elle ne sait toujours pas si celles-ci sont sorties de son imagination ou sont réelles.

Sa mère qui n'est plus qu'une ombre, l'a abandonnée.

Quand ils quittent le quartier, Ella soupire.

Il faudrait bien qu'elle se fasse à l'idée que sa vie changer mais pour le moment et cela l'étonne, la seule chose qu'elle veut c'est voir Liam.