Chapitre 17 : Nuit d'horreur

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Ella se couche tôt pour son premier soir à l'hôpital.

De toutes façons, elle ne peut pas faire grand chose dans sa chambre et puis les médicaments qu'on lui a donnés l'ont rapidement assommée.

Elle pose doucement sa tête sur l'oreiller moelleux et se met à fixer le plafond sombre éclairé par un rai de clair de lune qui a percé les barreaux de la fenêtre et projette une ombre quadrillée dessus ainsi que sur une partie des murs et du sol.

Il règne un silence effrayant dans ce lieu.

Elle aurait cru entendre des hurlements mais non, les autres patients qu'elle a croisés ont le regard dans le vide et sont complètement amorphes, drogués aux antidépresseurs et aux anxiolytiques pour la plupart.

La jeune femme, fort heureusement ne ressent que peu d'effets dûs au traitement si ce n'est la fatigue.

Elle pense être maîtresse de ses moyens ce qui la rassure car en cas de problèmes elle se sent de contrôler la situation.

Qui sait ce que la nuit lui réserve...

Elle ferme les yeux et s'efforce de laisser le sommeil la gagner.

Alors qu'elle vient de sombrer, elle est dérangée.

Un grattement étrange la sort de sa torpeur.

Elle ouvrit les yeux et observe autour d'elle.

Il n'y a rien de plus qu'avant qu'elle ne s'endorme.

Elle s'apprête à se rendormir quand elle entend un bruit lourd, comme si quelque chose venait de tomber sur le sol.

Des sons de pas précipités traversant la chambre la font se redresser.

Elle fixe un coin plongé dans le noir, mais il semble ne rien y avoir.

Elle plisse les yeux en se concentrant.

Constatant que rien ne bouge, elle se dit qu'elle doit avoir rêvé et que cela doit être dû aux médicaments.

Soudain elle sursaute en entendant des sortes de couinements provenir du coin noir qu'elle fixe.

Son cœur s'affole et elle ramène ses genoux contre sa poitrine dans un geste futile de protection.

Son imagination s'emballe et elle craint que ce ne soit encore un serpent de feu comme celui qui l'a déjà attaquée.

Mais c'est alors qu'elle se rappelle que rien de tout ça n'est réel, qu'elle est folle.

Dans ce cas pourquoi voit-elle une ombre en forme d'une boule passer à toute vitesse devant ses yeux et s'aplatir pour passer sous la porte ?

Elle plaque les mains sur sa bouche pour étouffer un cri qui reste bloqué dans sa gorge.

Ses yeux s'écarquillent de stupeur et d'effroi, suivant le chemin emprunté par la chose.

Qu'est-ce-que c'est que cette chose ?

Ella entend à nouveau les couinements mais moins fort.

Cela vient du couloir et cela s'éloigne de plus en plus.

La jeune femme fixe la porte, comme si elle allait exploser tout un coup.

Se disant que la créature va peut-être blesser quelqu'un, une part de courage s'éveille en elle.

Elle pose ses pieds sur le sol de carrelage froid qui la fait frissonner et se lève.

Tremblante, elle s'avance et pose sa main sur la poignée.

Elle hésite quelques instants, soupire, essaie de ne pas paniquer et ouvre doucement la porte de sa chambre.

Elle passe la tête dans le couloir, tout est plongé dans le noir.

Au fond elle aperçoit la loge du surveillant, seul halo de lumière.

Elle entend le grésillement de la radio qu'il écoute, sûrement pour passer le temps.

Pensant qu'il a peut-être vu quelque chose, ce qui prouverait qu'elle n'a pas totalement perdu l'esprit, elle décide d'aller lui parler.

Ses pieds nus foulent le revêtement en lino, rendant ses mouvements silencieux.

Elle inspecte chaque recoin mais ne voit rien de suspect.

Les chambres des autres patients sont fermées et aucun bruit ne résonne, ils doivent tous dormir.

Elle se demande ce qu'elle va bien pouvoir dire au surveillant, qu'elle a par ailleurs juste aperçu tout à l'heure.

Quand elle arrive au niveau de la loge, elle remarque que le vieil homme bedonnant est entrain de lire un livre, la cigarette au bec.

C'est étonnant sachant qu'il est interdit de fumer ici mais Ella ne va pas faire une remarque à ce sujet.

- Excusez-moi, dit-elle avec une petite voix.

L'homme sursaute et pose brusquement son livre sur le bureau.

- Qu'est-ce-que vous faites en dehors de votre chambre ? demande-t-il d'une voix agressive.

- Je... J'ai entendu des bruits étranges et vu une chose traverser ma chambre.

Consciente que ce qu'elle dit est complètement loufoque, Ella ne s'étonne pas de voir le vieil homme soupirer en secouant la tête.

- Vous allez me faire le plaisir de dégager et de retourner dans votre piaule de tarée. Je vous déteste vous et toute la bande d'allumés qui séjournent ici, si ça ne tenait qu'à moi vous seriez tous en taule.

- Je ne suis pas une criminelle ! se défend Ella, outrée par les propos qu'elle entend.

Son interlocuteur ricane amèrement :

- Ça finira par arriver ! Déguerpissez ou ça va mal finir !

Comprenant qu'il ne servira à rien d'insister Ella tourne les talons et repart, non sans l'entendre grommeler :

- Bande de gosses attardés, j'te les cramerai tous, putain de factures à payer...

Ella referme la porte précautionneusement, le moral à zéro.

C'était ainsi que les autres personnes la verraient désormais, comme une paria.

Et même si certains ne connaîtront pas sa vie, elle aura à jamais l'impression d'avoir une étiquette collée sur le front en permanence.

Elle se colle, le dos contre la paroi et ferme les yeux.

Quelques instants plus tard, elle entend un cri et sent que la porte tremble.

Des bruits de chocs retentissent dans son dos.

La porte s'ouvre dans un fracas assourdissant.

La force du choc la projette en avant et elle bascule par terre.

Déboussolée elle se retourne et se qu'elle voit la glace d'effroi.



Moonlight Shadow [Roman fantastique court - Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant