Chapitre 7

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Un élément déclencheur... 

Le soir, après la réunion, je décidai d'inviter Anna et Camille chez moi pour une petite soirée loin d'être amusante et distrayante, comme c'était le cas habituellement. J'avais besoin de discuter avec elles de cette réunion, peut-être qu'elles allaient pouvoir m'aider, que nous allions pouvoir nous aider mutuellement pour avancer, mais surtout essayer de trouver des réponses à nos questions qui étaient, hélas, bien trop nombreuses.

« Donc... D'après ce que tu racontes... Un élément déclencheur pourrait nous aider à nous souvenir de notre passé... ?

- Oui, c'est cela Anna, tu as bien compris. Pour cette fille c'était le chocolat chaud... 

- Il y a un détail qui m'échappe Bridger. Toutes les nuits, tu rêves inlassablement du même cauchemar. La scène est toujours exactement la même, les dialogues aussi, absolument tout est pareil, alors pourquoi cela ne déclenche pas tes souvenirs... ? Parce que selon moi, c'est ton cauchemar qui est ton élément déclencheur, je ne vois rien d'autre.

- Je pensais la même chose au début... Mais... Plus maintenant, à force de le faire chaque nuit, j'en suis venu à me dire qu'il n'avait aucun lien avec ma précédente vie. Cela doit seulement être un rêve comme un autre.

- Tu te voiles la face Bridger. Un rêve pareil ne peut en aucun cas être banale, comme un autre ou anodin. Il a forcément un rapport avec ta vie et c'est peut-être ça le problème justement.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- C'est très simple, tu nies l'évidence et en continuant de te voiler la face, ton esprit ne se débloque pas et tu n'arrives pas à te souvenir parce que tu nies l'évidence, voilà tout.

- Je ne me voile pas la face !

- Bien sûr que si ! Comment peux-tu penser un seul instant qu'un rêve pareil n'a aucun rapport avec toi ou ta vie passée !? Tu te rends compte de se qu'il s'y passe bon sang !? Un suicide n'est pas une simple banalité ! On ne rêve pas d'un suicide Bridger ! 

- Jamais je n'aurais sauté de cet immeuble devant un de mes amis comme l'a fait ce monstre !

- Ce monstre était peut-être toi Bridger et ça tu dois le comprendre. 

- Jamais ! Jamais je n'aurais mis fin à mes jours. Jamais tu entends ! De toute façon je suis en vie non !? Tu me vois il me semble ! Tu m'entends ! Et je peux te toucher ! Alors ne dis pas n'importe quoi, je ne suis pas mort.

- Admettons. Oui tu es vivant, d'accord, ça c'est certain.

- Voilà ! Donc je ne suis pas ce garçon ! »

Anna soupira simplement pour toute réponse. Camille déposa entre chacun de nous un bol débordant de chips à l'ancienne, mes préférés, avec un verre de jus d'orange. Elle prit une chips et l'engloutit presque aussitôt avant de prendre la parole.

« Et si effectivement ce garçon dans ce rêve n'était en réalité que toi et seulement toi.

- J'ai dis que...

- Laisse moi finir tu veux ! »

Elle se mit à gonfler les joues d'un air boudeur et enfantin, ce qui accentua énormément les toutes petites tâches de rousseurs qu'elle avait tout autour de son nez à demi retroussé. Je finis par hocher la tête et la laissai continuer à expliquer son point de vue, après tout, je les avais invité pour ça, il ne fallait pas que je l'oublie.

« Peut-être que ce garçon et toi ne faites qu'un. Selon mon raisonnement, je pense que tu devais souffrir dans ton ancienne vie, alors il est possible que parfois la nuit, tu faisais ce genre de rêve où tu mettais fin à tes jours sans l'avoir fait pour autant. »

Elle prit une courte pause pour boire à petites gorgées une partie de son verre de jus d'orange. Je pouvais presque entendre le liquide couler le long de son œsophage.

« Je ne sais pas pourquoi, mais depuis la réunion, je me demande si nous ne sommes pas ici parce que justement nous souffrions dans notre ancienne vie et que peut-être, la personne qui nous a emmené ici l'a fait dans l'unique but de nous offrir une vie sans souffrance, comme une seconde chance.

- Ne pas se souvenir est une souffrance !

- Et est-ce que se rappeler n'était pas encore plus douloureux ? Nous n'en savons rien puisque nous ne nous souvenons de rien ! Imagine que tu finisses par te rappeler et que justement la personne que tu étais te répugnes, que tu la déteste désormais. Ne voudrais-tu pas oublier cette partie là de toi pour être à nouveau comme tu es maintenant ? 

- Je... Je ne sais pas. »

Même si c'était dur à l'admettre, Camille venait de marquer un point, voir une centaine. Retrouver nos souvenirs pouvait être à double tranchant si son hypothèse se révélait être la bonne.

Jamais avant je n'avais envisagé que si nous étions ici, c'était peut-être parce que nous souffrions dans notre ancienne vie. Est-ce que notre « kidnappeur » nous avez choisi en fonction de nos vies passées ? 

Je ne pouvais pas nier qu'ici, nous ne connaissions pas la criminalité présente dans les films que nous regardions parfois. La vie ici était parfaite, alors l'idée de Camille était loin d'être bête, bien au contraire... 

J'étais de plus en plus en train de me dire qu'elle avait raison. Elle venait tout juste d'arriver ici, et voilà qu'elle était sûrement parvenue à trouver la réponse à l'un des plus grands mystère de notre monde...

**

Quelques heures plus tard, après une longue soirée, je décidai de raccompagner Anna et Camille chez elles. Une fois Camille rentrée, je me retrouvai seul sous le ciel étoilé de la ville. L'air été frais ce soir, même très frais, demain, il allait certainement pleuvoir au dessus de la ville.

Je remontai la fermeture éclair de ma veste en soufflant ensuite un peu sur mes doigts. Malgré le froid ambiant, je n'avais pas envie de me dépêcher de rentrer. Je voulais profiter de la tranquillité de la nuit, et puis surtout... Il était bientôt 3h05 du matin, et je n'avais pas envie de faire ce cauchemar, pas encore... 

Je repris lentement la direction de mon appartement sans cesser d'observer les étoiles plus brillantes les unes que les autres en avançant le plus lentement possible. Cette nuit, je me sentais mieux que les précédentes.

**

Bridger regardait le ciel nocturne tout en continuant d'avancer dans les rues désertes. Il ne fit pas attention à l'ombre qui l'observait depuis une dizaine de minutes, au coin de la rue qu'il venait de dépasser et qui disparue quand 3h06 s'afficha sur le cadran lumineux de sa montre...  


~~ 


Hellow tout le monde. Après une longue -très longue- absence, je suis de retour (pour vous jouer un mauvais tour) dans l'écriture de Sur le Fil

On peut tous remercier @Hypollite qui m'a poussé à reprendre l'écriture et avec qui je participe actuellement à un marathon d'écriture avec deux chapitres postés par semaine, le mercredi et le samedi. D'ailleurs je vous invite à aller lire son nouveau roman : Carrés blancs

N'hésitez pas à laisser des commentaires :)

Des bisous o/ 

Sur le FilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant