Chaque jour, la même routine m'attendait.
Je regardai ma montre. 13h42. J'étais à l'heure. Quelques secondes plus tard, j'entrai dans le petit café à l'angle de la 46ème. J'y venais tous les jours sans exception. Anna me fit un énorme sourire en me voyant passer la porte d'entrée en verre.
Anna était la serveuse du petit café. Elle avait toujours ses longs cheveux blonds en haute queue de cheval qui dansait en même temps qu'elle passait entre les tables en caressant l'air. Comme tous les clients le disaient si souvent, Anna était le rayon de Soleil de Coffee and Cie et ils n'avaient pas tord.
Elle s'avança vers moi toujours accompagnée de sa joie de vivre et de son magnifique sourire aux dents parfaitement alignées et blanches.
« Hey Bridger ! Toujours la même chose ?
- Salut Anna. Oui s'il te plaît. »
Il vint déposer un baiser sur ma joue et partit aussi vite qu'elle était arrivée pour passer ma commande. Cette fille était vraiment une boule d'énergie et aussi ma seule amie dans cette ville. Aussi loin que je m'en souvienne, je l'avais toujours vu travailler ici et à force de venir chaque jour, on avait finit par sympathiser. Elle avait même finit par me préparer ma commande avant que je ne passe les portes car oui, je n'étais jamais en retard.
Elle savait ce que je prenais car depuis tout ce temps, mon choix n'avait jamais changé. Je prenais toujours un cappuccino à l'extrait d'amande. Même si elle savait ce que je prenais, elle faisait toujours exprès de me poser la question. Anna me l'apporta et comme à notre habitude on parla quelques minutes de tout et de rien.
Ensuite, elle retourna travailler en me faisait des grands sourires. C'était toujours ainsi. On se croisait seulement une dizaine de minutes par jour, pourtant, elle était pour le moi le moment le plus important de la journée.
Une fois dans la rue, la routine continuait. Je ne savais pas moi même depuis quand je faisais ça, mais une chose était sûre, c'était que chaque jour, je faisais exactement la même chose.
Comme les jours passés, je marchais dans les rues en tenant fermement mon cappuccino entre les mains pour les réchauffer. Depuis quelques jours déjà, le temps s'était rafraîchit. L'hiver allait certainement pointer le bout de son nez, enfin je suppose car je ne savais même pas quel mois ni quel jour nous étions.
À environ sept rues du café, j'arrivai à un grand parc entouré d'arbres. Je savais exactement où je devais aller. Je passai donc par le petit portillon noir où la rouille était devenue une seconde couche puis pris le chemin principal parsemé de petits gravillons alliant du marron, du gris plus au moins clair et du blanc.
Au dessus de moi, un couple d'oisillons bleu et jaune passa tout en entamant leur petit chant. Une petite brise me caressa le visage et je fermai les yeux en souriant. Je me concentrai sur les petits bruits autour de moi. J'entendais des rires d'enfants, des aboiements de chiens, des feuilles se frotter les unes contre les autres sous le souffle du vent et puis je finis par entendre les caquètements des canards qui devaient déjà m'attendre devant mon banc. Eux aussi étaient toujours à l'heure, même en avance je dirais.
Je rouvris les yeux en souriant et repris ma route pour aller les rejoindre. Chaque après-midi, je venais ici pour les nourrir. C'était presque un rituel. Je ne savais pas vraiment pourquoi je faisais ça, mais j'avais l'impression de l'avoir toujours fais, alors je continuais tout simplement. Quand ils me virent approcher, leurs caquètements devinrent plus intenses et mon sourire augmenta. Ils avaient faim et me le faisait bien comprendre.
Je pris place sur le banc, toujours le même, celui tout au fond du parc, à gauche, juste devant le lac. Ce banc était caché par des arbres et des buissons, seuls ceux connaissant le parc sur le bout des doigts ou ceux s'étant promené à plusieurs reprises ici pouvaient savoir que ce banc se trouvait là. C'était d'ailleurs comme ça que je l'avais trouvé. À force de me promener dans ce parc chaque jour à la recherche de quelque chose, j'avais finis par le trouver et en voyant que personne ne venait jamais s'asseoir dessus, j'y avais pris place. Depuis, j'y revenais chaque jour.
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Sur le Fil
Misterio / SuspensoUn soir, deux personnes se donnent rendez-vous au restaurant. La première attend de longues heures la seconde devant deux chandelles qui disparaissent lentement sous un balai de flamme. La seconde ne viendra jamais. Les jours suivants, elle ne revi...