Chapitre 9

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// Pour ce chapitre, nous serons sous le point de vue de Camille pour changer un peu ! //


Cela faisait maintenant quelques jours que j'étais « apparue » comme par magie devant ce petit café et désormais, le choc était enfin passé. L'incompréhension et l'angoisse avaient laissés place à un nouveau sentiment de bonheur, léger et doux.

Je me sentais bien ici, cette ville était magnifique, et les gens tellement agréables. Tout était parfait ici. Comment continuer de pourchasser les fantômes d'un passé que nous ne connaissions pas où même vouloir vivre dans le monde que les films nous laissaient entrevoir alors qu'ici tout était si bon ? Pour moi, ce n'était qu'une perte de temps, ici nous avions tout, principalement nous étions heureux.

Pourtant, beaucoup ici ne pensaient pas comme moi,à commencer par mon nouvel ami, Bridger, malheureusement. De jour en jour, j'avais cette horrible impression de le voir sombrer et s'enfoncer de plus en plus dans un abysse que lui seul semblait connaître et dont personne ne pouvait le sortir. 

Malgré le fait que nous ne nous connaissions seulement depuis quelques jours, je l'aimais déjà beaucoup, lui comme Anna aussi, et le voir aussi mal me faisait de la peine pour lui. Il méritait d'être heureux, mais son cauchemar, malheureusement, l'en empêchait. J'essayais vraiment de lui redonner le sourire, de lui faire oublier son amnésie, mais il n'y avait rien à faire, il restait inlassablement accroché à l'idée de se souvenir, quitte à souffrir et à le regretter ensuite.

Peut-être qu'au fond, nous ne pouvions pas sauver tout le monde...

Aujourd'hui, c'était mon premier jour à l'animalerie situé dans le centre ville, non loin du café d'Anna. Je voulais m'intégrer à ce monde, et pour ce faire, je devais commencer par mener une vie des plus normales.

J'aimais énormément les animaux, alors quand Anna m'a parlé du poste qui venait de s'ouvrir chez Pets dans la Cité, je n'avais pas hésité une seule seconde avant d'aller me présenter au propriétaire. Le nom de l'animalerie était très rigolo à mon goût, je n'avais jamais vu avant un mélange de deux langues pour donner une identité à quelque chose, c'était insolite mais ça avait le mérite de rester dans les esprits.

Avant de partir, je me regardai devant le miroir pour être sûre d'être bien habillée. Je voulais faire bonne impression dans mon nouvel uniforme au ton vert plus ou moins foncé. Je pris la décision de me faire un chignon bien serré, je n'avais pas envie que mes longs cheveux traînent dans les bacs à litières ou encore qu'un animal s'amuse à me les mordiller pour jouer. Il pouvait ensuite risquer de s'étouffer avec et je ne le souhaitai pas.

Je partis ensuite de chez moi en prenant soin de fermer à double tours les deux verrous sur ma porte. Je savais qu'ici, personne n'allait venir me cambrioler, je pouvais laisser ma porte grande ouverte, le soir en rentrant rien n'aurait disparu, pourtant je le faisais quand même. C'était comme un réflexe, ou une vieille habitude dont j'ignorais l'origine.

Dans la rue, l'air était doux, il faisait moins froid que les jours précédents. Un peu de répit ne faisait pas de mal. Le ciel n'était pas encore totalement bleu, mais ce n'était plus qu'une question de jours avant que les nuages ne laissent la place au soleil.

Je fis un léger détour pour aider une vieille dame à traverser sur le passage clouté. Étrangement, elle me semblait si familière avec son petit manteau fuchsia, qui cachait jusqu'au genou, son pantalon de toile noir. Au dessus de sa tresse grisonnante, il y avait un chapeau rose bonbon où des dizaines de toutes petits fleurs chacune d'une couleur différente tel un petit jardin coloré. Elle tenait également une petite canne en bois vernis avec un papillon de fer turquoise qui semblait être venu se poser dessus depuis peu.

Cette vieille dame était décidément toute en couleur. C'était mignon, certes un peu trop chargé, mais mignon, ce style lui allait bien mais surtout lui appartenait. Son papillon semblait même me regarder à chaque pas sur le passage et cette sensation ne fit que faire augmenter en moi l'idée que cette vieille dame m'était familière. Pourtant, ici, je ne connaissais personne à part Anna et Bridger.

Arrivées sur le trottoir d'en face, la vieille dame lâcha mon bras, me remercia en souriant et en levant deux petits yeux d'un bleu océan vers moi. Je me perdis quelques minutes dans la contemplation de ses yeux, je me vis nager entre les vagues de l'océan, regarder les tous petits poissons nagés près du fond, apeurés par la présence humaine, les algues flottant librement au dessus de l'eau en dansant entre les remous des courants sous-marins. Puis doucement, comme dans un souffle lointain, j'entendis une voix m'appeler. Appeler mon prénom. Je levai alors la tête de sous l'eau et me tournai vers la plage où une silhouette, que je ne distinguais pas vraiment, me faisait de grands signes en continuant de m'appeler.

« Camille ! Viens ma petite cavalière ! À table ! »

Une vague me frappa ensuite de pleins fouet. Je secouai la tête comme pour chasser l'eau salée qui me brûlait les yeux. Dès lors, je repris conscience et ne pus que constater que la vielle dame était partie, me laissant seule sur le trottoir.

Je sentis quelque chose serré dans mon poing. Je l'ouvris alors lentement. Avant de partir, elle m'avait laissé une broche. Un cheval, avec accrochée à sa pique, une petite fleur bleue ressemblant à du bleuet.

Je levai alors la tête et regardai partout autour de moi dans ce carrefour dans l'espoir de la voir, de pouvoir aller la remercier, mais malheureusement, elle avait disparu.

Plutôt rapide pour une vieille dame...

Je baissai à nouveau la tête vers ma main pour regarder la broche que je tenais encore entre mes doigts. Je la serrai doucement contre moi avant de reprendre ma route. Cette rencontre m'avait perturbée, beaucoup même, mais je ne devais pas être en retard, pas pour mon premier jour...  

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