Last Fight || markhyuck

quatre

Quand j'étais reparti dans ma chambre après avoir finalement, de moi-même, installé le matériel nécessaire pour m'entraîner un peu et prendre une douche, je me fis interpeller par mon grand frère qui me croisa presque avec le sourire.

-Tu comprends de quoi je voulais parler, maintenant? dit-il avant de passer son chemin. Fais-en un bon, j'te fais confiance, Mark.

Je m'étais alors souvenu de ce qu'il m'avait dit à la fin de mon premier entraînement, en m'indiquant que je comprendrai une fois plus grand ce que signifiait "d'enseigner aux plus jeunes". Aujourd'hui, après le départ de Jeno, j'avais enfin compris ce que ça faisait de transmettre quelque chose. Mais il y avait encore tant de chose que j'ignorais, je ne savais pas encore quel était le but, ni les méthodes et j'avais énormément de questions. J'avais l'impression de ne moi-même pas avoir un niveau suffisant pour me prétendre capable de donner des conseils à qui que ce soit.

-Taeyong! appelai-je à nouveau mon frère qui se retourna. Et si je suis pas à la hauteur?

Il ne bougea pas de là où il se trouvait et ne fit que sourire, immobile.

-Tu sais tout ce que tu as besoin de savoir alors si t'as peur de pas être à la hauteur, fais comme moi. Fais en sorte de l'être.

Il disparut dans le couloir, prêt à sortir faire j'ignorais quoi avec d'autres gars pendant que j'étais dans la chambre, avec toutes mes questions, mes inquiétudes et la pression qui prenait de l'ampleur. Je devais faire de Jeno quelqu'un de combattif, même si j'étais certain qu'il l'était déjà, quelqu'un de stable et de discipliné. C'était ce qui risquait d'être le plus compliqué, de lui apprendre à canaliser son impulsivité et ses émotions; lui faire garder son sang froid. Mais je n'avais pas vraiment le choix; et ça m'aiderait moi aussi à me forger, à devenir plus fort d'une façon différente.

Je n'avais pas faim, je partis donc dormir le ventre vide, habitué au son extérieur, aux cris, aux vulgarités et je m'endormis en tenant de les ignorer.

XXX

Il venait souvent, taclait ce que je mettais à sa disposition sans aucun scrupule, il devait évacuer sa colère et je le laissais faire. Je regardais sa rage s'échapper de sa bouche en une multitude d'insanités, j'observais sa colère nourrir chacun de ses coups pour faire vaciller le sac de frappe abîmé de plus en plus fort à chaque fois. Taeyong venait voir comment il s'en sortait, il venait lui-même me faire part du fait qu'il était de moins en moins instable sans pour autant devenir prévisible: il voyait du bon en Jeno, il voyait en lui quelque chose qu'il n'a jamais vu en moi. Il voyait son envie de détruire, d'exprimer sa frustration, de se sentir puissant et d'avoir le contrôle sur son opposant.

C'était quelque chose que je voyais aussi dans sa façon de se tenir, là où il regardait, et là où sa satisfaction naissait. Elle naissait dans les dégâts qu'il était capable d'infliger. Il savait ce qu'il faisait, je n'avais pas à lui dire comment frapper pour éviter de se faire entorses ou fractures. Tout chez lui était plus intense que chez moi malgré son jeune âge. Sa force, sa vivacité, sa brutalité. Il n'avait pas encore eu d'opposants mais ceux qui l'avaient vu à l'œuvre disaient qu'il deviendrait un véritable tueur.

La sueur dégoulinait sur ses tempes, il était essoufflé après ces deux heures à se déchaîner. J'espérais que ça suffise à le dissuader de provoquer d'autres collégiens dans des affronts perdus d'avance.

Mais mon rôle ne se réduisait pas qu'à ça, il me fallait aussi se comprendre ce qu'il se passait à l'intérieur de son esprit après ces quelques semaines à ne pas observer le moindre tarissement de sa frustration. Il venait principalement après s'être battu au collège ou en dehors, pour se libérer mais depuis peu, il fuguait tout simplement de chez son oncle chez qui il vivait depuis le décès de sa mère.