vingt

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Il faisait de plus en plus sombre, ça allait bientôt être pour moi l'heure de sortir remplir ma tâche. Encore une fois, je préparais ma tenue la plus anodine et la revêtis, enlevant les affaires de cours de mon sac et finis par nouer les lacets de mes baskets.

J'avais insisté pour que, malgré la tendance nouvelle de mon père pour le luxe et les biens de valeur, mes vêtements restent simples et ordinaires. Lui qui avait pris goût aux costumes tous plus chers les uns que les autres, provenant de tailleurs réputés partout dans le monde de la haute couture, je ne pouvais pas m'imaginer porter autre chose que mes jeans, mes t-shirts et sweatshirts ainsi que mes baskets. Je croisais quelques personnes dans les couloirs nouvellement très éclairés et dégagés, certains me saluant avec le respect qu'ils étaient supposés me devoir mais atteignant bientôt l'extérieur, je me trouvai à nouveau comme un vulgaire délinquant en enfournant la marchandise de contrebande dans mon sac.

Peut-être des vêtements, des objets de valeur, des breloques, peut-être même des armes et je ne pouvais faire que des suppositions. Il m'était interdit de regarder; comme n'importe quel "livreur lambda". Mon point d'arrivée se trouvait à plus d'une heure de marche et je risquerai de rentrer plus tard que prévu surtout en ayant la prudence de ne pas courir. Rien n'était plus suspicieux qu'un lycéen courant dans les ruelles désertes tard le soir avec un sac à dos plein. Alors je marchais, d'une cadence habituelle, la même qu'en rentrant "chez moi" après les cours et ne courais que lorsque les rues passantes étaient traversées d'autres adolescents courant pour rejoindre leur travail de nuit à temps. Il était bientôt vingt-trois heures et j'arrivai enfin devant la maison en question.

Elle me semblait familière bien que je ne fis pas le rapprochement avec le nom de la rue mais en m'éloignant par derrière une fois avoir déposé la marchandise sur le seuil de la porte, je passai devant la fenêtre d'une chambre dont les lumières étaient encore allumées. Étrange, il était tard et nous allions être Lundi, demain. D'autant plus qu'en regardant en diagonale, l'intérieur de cette chambre vide m'allait tout l'air d'une chambre d'adolescent, ou d'adolescente. Je ne me préoccupai pas de cette impression de déjà-vu, de familiarité même avec l'intérieur de la pièce visible et sautai par-dessus le muret en béton enduit de chaux.

Marquant une très courte pause pour jeter un oeil à l'heure et vérifier qu'il ne soit pas trop tard, je m'apprêtai à repartir, rassuré quand j'entendis le grincement d'une fenêtre, et plus précisément, venant de la maison juste derrière moi. En théorie, je me trouvai à l'extérieur de l'enceinte et donc il n'y avait aucune effraction observée. La maison était de plein pied alors aucune chance que la personne aère juste la pièce sans m'avoir vu. J'attendis une éventuelle interpellation, tentant de m'agiter la moins possible mais éprouvant quand-même ce lourd stress.

-Eh, toi! Attends ... Mark? entendis-je dans mon dos, d'une voix que je reconnaîtrais entre mille. C'est toi, Mark?

Je me retournai sans plus attendre sur le visage de Hyejin dont la panique se changea en soulagement. Mais pas pour moi. Elle ne fit que s'amplifier à l'entente de sa voix même si je devais à mon tour sourire, et faire comme si ma présence n'était que fortuite. Mes pas franchirent donc à nouveau le muret blanc pour la rejoindre au pied de sa fenêtre presque à peine plus haute que mes épaules.

-Je pensais que la pièce était vide, quand est-ce que tu m'as vu m'arrêter devant? demandai-je.

-J'étais assise à mon bureau et j'ai vu tes cheveux noirs passer juste devant ma fenêtre, alors cherche pas à mentir beau gosse. ironisa-t-elle, pleine de sarcasme avec ce demi-sourire si particulier qui, en toute honnêteté, avait un certain charme.

Je fis comme si sa remarque m'avait percé à jour en riant mais réfléchissais déjà à un nouveau mensonge. Je m'en voudrais si elle apprenait ce que je venais faire chez elles et me demandais même comment étais-ce possible qu'elle ou un membre de sa famille fasse appel à un des gars de chez moi.

Last Fight || markhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant