Le soleil descendait au fil des jours, à chaque fois au même endroit; derrière cet immeuble appartenant à un complexe hôtelier de la capitale. Les cris affamés des ruelles se faisaient ressentir dans tous les recoins de ce quartier mal famé. Tout ici laissait penser que le business marchait bien et moi, dealer contre ma volonté, je n'en croyais pas un traître mot.
On me répétait trop souvent que les choses changeraient pour le mieux; qu'aucun de nous n'assistera à cette misère quotidienne. Paroles en l'air. Le trafic avait juste gagné en intensité et au lieu d'être une poignée à travailler entre ses mains souillées, toute une organisation bien ficelée avait pris place. Chacun avait son rôle et son secteur. Ils étaient trop enracinés dans les engrenages de ce quartier pour en être délogés sans déséquilibrer tout son fonctionnement. Leur chef obtenait ce qu'il voulait, s'enrichissait à vue d'œil. J'étais cependant le seul à voir une vérité qu'aucun d'entre eux ne semblait considérer.
Les promesses qu'ils buvaient goulûment jour après jour n'étaient là justement que pour garder la mainmise sur eux. Afin de se démener dans l'ombre tout en continuant d'aduler celui qui s'autoproclamait homme d'affaires en n'étant qu'un mafieux corrompu et déshumanisé jusqu'à la moëlle.
Ils étaient convaincus de tout lui devoir, de n'être là uniquement grâce à sa bienveillance et sa considération. Ces mots me donnaient des haut-le-coeur; parce que "ils" m'incluait. Parce que cet homme détestable était celui qui m'avait donné naissance.Chaque jour, je me répétais que c'était en acceptant ce simple fait que je pourrais m'en détacher, en faire abstraction. Ils lui déléguaient tout leur instinct, restaient ceux qui se salissaient les mains sans ouvrir les yeux alors j'étais celui quu restais toujours alerte et qui réfléchissais en permanence.
Écouter mon instinct était la seule chose dont j'avais hérité de cette lignée pe renvoyant un semblant de fierté.
J'émergeai dans un flot de passants dont la plupart qui, comme moi, rentraient en cours chaque matin. Le temps m'avait appris que là où j'étais le plus intouchable, c'était soit dans la foule, soit au plus proche de son ennemi.
Peut-être étais-je le seul à avoir la maturité de penser que la violence était l'arme des faibles, ou des gamins. Cela faisait-il de moi le seul adulte malgré ma majorité tout juste atteinte?
Autour de moi, tous ces gens semblaient si sereins avec eux-mêmes, marchant seuls ou à plusieurs mais la vérité était que je n'avais pas la moindre idée de leurs vies. Certains revenaient peut-être d'une sortie entre amis ou d'un repas en famille. D'autres pourraient venir de se disputer avec un proche, de traverser une peine de cœur. Je n'étais tout compte fait pas le seul à avoir les ténèbres enracinés dans mon quotidien. Dans la vie de chacun résonnait le rire des démons.
Peut-être même cet enfoiré de Jaemin, aussi difficile à croire cela puisse-t-il sembler. Le petit chiot a bien grandi; toujours aussi obéissant et conciliant. Un gosse de race pure; j'étais certain qu'il n'a jamais eu à voir la moindre goutte de sang, qu'il ne s'est jamais tordu de douleur en devant retenir ses larmes.Arrivé ce matin en classe, il avait décidé d'utiliser sa tête aujourd'hui, de ne faire aucun des travaux donnés par les profs et naturellement, cela se fit remarquer. Si l'intello revient avec une feuille blanche, toute la classe revient avec une feuille blanche. Là où les autres élèves lui en voudraient d'avoir oublié, je ressentais une haine bouillonnante envers lui. Parce que non, il n'avait pas oublié; Jaemin n'oubliait pas ses devoirs. Il l'avait calculé et savait quelles seraient les conséquences, pour lui autant que pour les autres.
Ça me mettait hors de moi.
Quand le professeur nous regardait, il ne voyait qu'une bande d'incapables, excepté un seul. Le seul qui ne demandait jamais quoi que ce soit à personne. Qui n'a jamais cessé de vivre en solitaire, de prendre soin d'éviter chaque regard, en particulier le mien. Les seules iris que j'interceptais de lui étaient d'une noirceur inexpliquée. Peut-être avait-il enfin réussi à me haïr.
Jeno s'était lui-même à nouveau enchainé à la solitude et au silence, au lieu de profiter de ce nouveau départ pour se forger un entourage proche et solide. C'était un choix stupide et égoïste, lui aussi me mettait en colère.
N'était-il donc pas capable de prendre du recul sur toute sa souffrance pour s'en mettre à l'abri? Ne savait-il donc que se faire le plus invisible et muet possible?
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Last Fight || markhyuck
FanfictionMarkhyuck ❛❛Pourquoi je fais tout ça? -Tu comprendras quand tu seras plus grand, et plus fort ❛❛