dix-neuf

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Cette bonne humeur, après s'être accordés sur l'heure de sortie, restait le pilier phare de l'ambiance qui régnait entre nous. Elle circulait entre chaque mot que nous nous adressions. Elle maquillait nos visages souriants, ouverts par les rires et l'attention que nous portions à ceux qui avaient des choses à raconter. Tous vêtus de sombre, la lumière se trouvait dans le regard si ténébreux de Chris qui, illuminé d'un sourire, pourrait faire fondre le cœur de n'importe qui. Elle se trouvait dans la mélodie des rires de Felix et Donghyuck. Après une taquinerie dirigée vers le jeune rouquin concernant son prénom coréen, j'avais révélé le mien, Minhyung et cela provoqua des rires chez tous ceux qui l'ignoraient et il en fût de même pour Chan que nous connaissions tous sous le nom de Chris jusqu'à aujourd'hui.

Je ne saurais dire si ces fous rires résultaient de l'évacuation incontrôlable de notre permanent pression psychologique, mais à l'heure qu'il était, je m'en foutais.
Il n'y avait finalement que peu de gens à l'extérieur mais les quelques passants devaient très certainement nous prendre pour des fous.

Nous apprenions des choses cruciales sur chacun alors que nous les cotôyions déjà depuis tant d'années. Les adultes banals pourraient nous dire que c'était grave mais nois nous en amusions comme si ça n'avait aucune importance.

Au fond de moi, je gardais cette méfiance vis-à-vis des autres, celle à laquelle on m'a éduquée et qui était enracinée dans chacune de mes entrailles telle une ronce grimpante que j'essayais d'extraire épine par épine, jour après jour. J'apprenais petit à petit que c'était moi le seul responsable de toute les responsabilités que je plaçais sur mes épaules, que je n'avais pas besoin d'être si exigeant envers moi-même mais j'étais aveuglé par toutes ces obligations, dont certaines que je m'inventais.

Alors petit à petit, je tentai de lâcher prise, essayais de m'autoriser ce genre de choses naturelles dont je m'étais toujours privé.

C'était en les entendant parler de leurs sentiments, de leurs attirances et des liens physiques qu'ils avaient créé au cours de leurs vies avec le corps des autres mais aussi leur propre corps.

Ça me fascinait d'écouter attentivement, ce que chacun disait même si dans les faits, je ne prenais pas part aux échanges. On ne m'a jamais parlé de ce genre de choses, je ne savais pas que ça existait et je n'avais jamais été curieux à ce sujet non plus. Je me trouvais encore une fois dans cette impasse qui me persuadait de croire que ce genre de distractions charnelles constituaient une atteinte à l'honneur et à la prestance d'un homme de ma lignée.
Mais chacune des personnes à mes côtés ne le pensaient pas une seconde, qu'il ne s'agissait ni de quelque chose de dégradant ni dont il fallait éviter la vile tentation.

Mais j'écoutais Changbin en parler; il avait mon âge mais semblait avoir vécu tant de choses et tout du long de son récit, mon regard se projetait de lui-même en direction de Donghyuck qui lui aussi acquiesçait, totalement concentré sur lui. Parfois, il affirmait quelque chose, cela mettait tout le monde d'accord, sauf moi et mes principes. Alors je ne disais rien, je regardais juste les autres.

Jusqu'à ce qu'Amber se tourne vers moi et m'appelle.

-Et toi, Mark? T'as déjà été amoureux?

Cette question leur semblait si anodine, mais s'il avait été possible qu'on ne me la pose jamais, j'aurais sans la moindre hésitation choisi cette option. Je fis semblant de réfléchir alors que la réponse était déjà debout juste devant moi, elle attendait juste que je la présente.

Non. J'en étais quasiment certain.

-Amoureux? redemandai-je alors que j'avais parfaitement compris le terme. Euh... Non.

Last Fight || markhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant