dix-sept

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Il n'était pas loin de cinq heures du matin et, déjà habillé, je restais assis dans la chaise de bureau, observant silencieusement Donghyuck dormir dans un coin de la pièce.
Invisible et moi-même incapable de fermer l'œil, je m'étais naturellement dirigé ici. Peut-être ressentait-il ma présence et n'en était auquel cas pas perturbé, ou bien ce n'était pas le cas. Je ne comptais plus les minutes, elles défilaient simplement au gré du cliquetis répétitif de la pendule accrochée au-dessus de son bureau; il n'y avait pas cours aujourd'hui, de toute façon.

Dans un geignement discret, il se retourna dos au mur, son visage paisible me faisait face et ses muscles demeuraient détendus. La minuscule fenêtre me laissait cependant entrevoir ses traits au travers de la pénombre. Je me sentais mieux ici, la pièce me semblait à présent familière que ma propre chambre. Un geste à peine plus grand qu'un petit doigt levé et la chaise émit un grincement, presque bruyamment. Inutile d'espérer qu'il ne l'entende pas, même son battement de paupière avait été encore plus audible.

-Mark...? C'est toi? marmonna-t-il d'une voix encore partiellement dans son rêve.

L'une de ses mains se trouvant encore sous les draps atteignit son autre oeil qu'il frotta. Il n'avait vraisemblablement pas encore eu le temps de me discerner. Sûrement se demandait-il qui d'autre aurait l'idée de venir lui rendre visite dans sa chambre au milieu de la nuit, ou bien assez tordu pour l'observer dormir.

-Oui.

-J'avais peur que ce soit quelqu'un d'autre.

D'ici, je ne pouvais pas affirmer s'il se sentait soulagé, mais sa voix me semblait plus rassurée. Peut-être allait-il me poser d'autres questions auxquelles je ne répondrai pas.

-Tu ne peux pas dormir. supposa-t-il, sans que cela me soit obligatoirement adressé.

Je basculai la tête et haussai les épaules; il se redressa en même temps que je me levai de la chaise. Il m'avait manqué de transparence en disparaissant sans prévenir pendant je ne sais combien d'heures. N'importe quoi aurait pu lui arriver bien qu'il soit encore inconnu des autres qui pourraient potentiellement lui vouloir du mal; à lui, à moi ou au reste du clan. A causes de son escapade, j'avais failli à ma responsabilité étant de veiller sur lui et de le protéger. Il n'était ni en mesure ni en condition de se battre si cela s'avérait nécessaire et ça faisait de lui quelqu'un de vulnérable. Je ne comptais pas être tolérant et passer l'éponge comme le ferait un membre de sa famille après une de ses nombreuses fugues, il y avait un lien autoritaire qui nous unissait lui et moi, auquel il a ouvertement exprimé son consentement.

Je ne m'inquiétais pas pour lui, je ne devais en aucun cas ressentir la moindre inquiétude envers lui. Aucun sentiment de nature subjective ne devait circuler entre son regard et le mien. Plus le temps passait, plus il tentait de se défaire progressivement du rôle auquel il s'est lui-même conféré.

-Je dois savoir où est-ce que tu as disparu hier et ce que tu faisais. ordonnai-je d'une intonation monocorde mais claire.

-On a pas cours, Mark... Je suis pas un collégien, j'ai pas besoin de couvre-feu.

Il avait de toute évidence élaboré ses arguments, profité du temps que je nous avais laissé pour réfléchir à des parades à la moindre de mes questions. Ma solution était donc de ne lui en poser aucune; de le mettre face à son obligation de répondre à mes ordres.

-Je vais devoir te rappeler qu'ici, tu n'as pas la liberté de te volatiliser et de réapparaître comme bon te semble. Ne joue surtout pas avec ma patience.

-Je me casse de chez moi pour ne plus avoir affaire à ma mère et toi tu parles exactement comme elle. annonça-t-il, se penchant à gauche pour allumer la lampe de son bureau. C'est pas des vraies lois, ici.

Last Fight || markhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant