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Une silhouette se trouvait là, derrière la porte et me fixait. Je restais stoïque, mon cœur, lui, battait si vite que je crus qu'il allait s'arrêter.

- Lève toi ! Me dit le nouvel arrivant autoritairement, tout en essayant de ne pas parler trop fort.

J'écarquillai les yeux de peur et me redressai rapidement sur mon lit.
Après un petit moment de tension, je sortis de mon drap avec précaution et me levai, m'approchant de l'intru.

En réduisant la distance qui me séparait de la porte, je pouvais alors voir un petit peu mieux la silhouette derrière la grille. Ce n'était clairement pas mon garde.
Lui, était habillé dans une tenue semblable à la mienne, avait les yeux fuyants qui regardaient sans cesse de droite à gauche et il semblait même aussi effrayé et tendu que moi.

Je plaçai ma main sur la grille, le souffle court, et mes doigts s'agrippèrent aux grillages.

J'étais sous le choc.

Ça faisait si longtemps que je n'avais pas vu une personne autre que mon garde.
Je le fixais, mes yeux vibrants sous l'étonnement.
Lui ne me regardait pas, trop occupé à regarder aux alentours.

Il était très plaisant à regarder.

Bien plus que celui qui m'apportait mon repas trois fois par jour.

Enfin, de ce que je voyais de ma grille, je le trouvais parfaitement beau.

Sa peau était encore plus blanche que la mienne. Ses yeux, d'une noirceur sans faille, étaient couronnés d'une chevelure blonde ondulée. Il me manquait presque de voir le reste de sa personne. Je voulais le découvrir. Le toucher. Lui parler.

Le nouvel arrivant souffla un grand coup et me fixa de ses yeux perçants.

- Il faut faire vite, le garde de nuit va bientôt arriver. M'informa t'il d'une voix que je découvrais pour la première fois.

L'émotion me pris.

Ma bouche s'entrouvrit.

Quelqu'un était réellement devant moi entrain de me parler. Ça faisait si longtemps que j'attendais ça. Ma main tremblait sur le grillage. Il s'en aperçut mais ne sembla pas s'y intéresser, à la place il s'humidifia les lèvres et se rapprocha encore un peu plus de la grille.

- Ecoute moi bien, j'ai réussi à sortir de ma cellule tout à l'heure, il faut que je t'explique ce qu'il va se passer maintenant. Commença t'il en chuchotant.

Ma bouche sembla enfin se débloquer sous ses paroles et la surprise me vint en premier lieu, je repris enfin mes esprits.

- Co..comment tu as fais pour sortir ? Lui demandais je.

- Ce n'est pas important pour l'instant,
Reprit il pressé. Il y a d'autres personnes enfermés dans ce secteur, il faut qu'on sorte d'ici ! Ça fait très longtemps que je prépare un plan pour qu'on puisse s'évader, on ne peut plus rester enfermés comme des prisonniers de guerre, je vais tous vous faire sortir d'ici.

Attendez.

Il y avait d'autres gens ? Je n'étais pas tout seul ?

Mon corps se recula légèrement, comme défaillant, face aux nombreuses informations qui montaient dans mon cerveau.

Alors que j'allais lui poser une autre question, un bruit de pas lointain m'arrêta. Il tourna sa tête vers la droite paniqué, son souffle s'accélérant.

- Merde, jura t'il.

Il s'écarta de ma porte et je ne pouvais à présent voir un bout de la porte de la cellule d'en face.

Alors cette cellule était habitée?

Ça me paraissait impossible. Je n'avais jamais rien entendu venant de là.

Un bruit franc et net me coupa dans mes pensées et j'entendis quelqu'un grogner de douleur. Un autre coup partit et j'hoquetai de peur. Je reculai de plus en plus de la porte en comprenant que deux personnes se battaient à l'extérieur.
Un bruit de chute parvint à mes oreilles, j'atteignis le fond de ma cellule et je sursautai quand mon dos heurta ma penderie.

Des bruits sourds,
des corps qui s'entrechoquaient,
des plaintes c'était tout ce que j'arrivais à distinguer.
Mes poing s'agrippèrent à ma combinaison que je froissai sans même m'en rendre compte.

Puis tout s'arrêta.

Plus aucun bruit.

Je respirais à nouveau, mes muscles se détendirent et mes yeux se fermèrent en signe de soulagement.

Quand soudain quelqu'un frappa à ma porte. C'était bien le même homme qui était venu me parler tout à l'heure.

- Viens, tu peux te rapprocher, me confia t'il, il n'y a plus personne.

Je l'écoutais, et cette fois plus en confiance et m'arrêtais à quelques centimètres de la grille.

- Il y a d'autre gens ici ? Lui demandais je précipitamment.

Il me regarda comme si c'était évident. Oh, excusez moi de ne jamais avoir entendu de bruit de l'extérieur depuis que je suis ici.

- Oui je te l'ai déjà dit. On est sept dans ce secteur, six garçons et une fille, m'expliqua t'il.

Voyant que je n'avais rien a rajouter il reprit,

- Bon, tiens toi prêt, je reviens demain soir. Ne t'endors surtout pas, sinon tu pourrais tout faire foirer. Faut que j'aille prévenir les autres.

Il était sur le point de partir mais j'avais quand même une question à lui poser.

- ... Attend ! Comment est ce que tu t'appelles ? Lui demandais-je précipitamment.

- Bang Chan. Me répondit il avant de reculer de la porte.

- Tu... ne me demandes pas mon prénom ?

- Non, je le saurais demain de toute façon. me dit il avec un petit sourire avant de me tourner le dos, Ne. Dors. Pas.

Puis il partit.

J'étais sur le cul.

Je venais bel et bien de parler à une personne qui avait été enfermé ici aussi ? Peut être pendant plus de temps même ? Comment est ce que j'avais pu ne jamais me rendre compte que je n'étais pas seul après tout. Nous avions probablement une situation très similaire, à un détail prêt.

Lui était hors de sa cellule.

Demain on sortirait, je l'espèrais en tout cas.

Je me rassis sur mon lit un sourire béat scotché au visage. J'allais peut être enfin sortir d'ici. Je me laissais tomber à la renverse sur mon lit, la bouche ouverte, les yeux pleins d'étoiles.

*

| Perfect |    JeongchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant