| Perfect | Jeongchan

-6-

Nous étions enfin dehors,

Mais personne ne semblais réellement heureux.

Nous étions tous épuisés et avions eu très peur. Une tristesse commune avait envahi nos rangs après les révélations.
Quelques heures plus tôt, après avoir passé la porte, l'adrénaline nous avait tous aveuglés.

---

On avait beaucoup couru, et nous nous étions cachés et mis à l'abris. Mes yeux avaient parcouru chaque personne présente se tenant les côtes ou reprenant son souffle.

1. 2. 3. 4. 5.

Il manquait quelqu'un.

Je n'étais pas le seul à m'en être rendu compte car Chan pris la parole avant moi.

- Où est Yoongi ?

Les autres s'étaient redressés et avaient regardé autour d'eux, se rendant aussi compte que quelqu'un manquait à l'appel. Il n'était pas là.

Il n'était pas sorti avec nous. Il était resté bloqué à l'intérieur. Tout le monde l'avait compris, mais personne ne disait rien.

Je dû m'asseoir, mes jambes tremblantes ne m'en laissant pas le choix.

Il avait dû être le dernier à s'être présenté à la porte et avait été attrapé, voir même tué, après tout j'avais bien entendu une sorte de détonation.
Ça aurait pu m'arriver à moi. Nous étions arrivés les derniers avec Hyunjin, ça aurait très bien pu arriver à l'un de nous deux si on était restés derrière et que je n'étais pas passé devant tout le monde à cause de la peur et de mon égoïsme.

---

Personne ne disait rien, nous nous remettions petit a petit de nos émotions.

Chan avait l'air d'être plongé dans ses pensées, il regardait ses mains, jouait avec ses doigts et ses cheveux blonds lui retombaient un peu dans les yeux.
Je me surpris à le fixer quand il se redressa. Il s'était mis au milieu du groupe et se racla la gorge prêt à nous expliquer quelque chose.

- Hum... Je devrais peut être vous expliquez le plan maintenant.

Aucune parole sur Yoongi.
Il était passé au dessus, laissant son visage neutre ne traduire aucune émotion.

Le reste du groupe était assis ou avait les yeux dans le vague. Personne ne regardait Chan alors que celui ci avait tenté d'attirer notre attention pour qu'on ne pense plus au surplus d'émotions qu'on ressentait. Ou à la probable mort de yoongi.

Je ne le connaissais pas, mais ça me faisait quelque chose. Mon cerveau ne cessait de me dire que j'avais été égoïste et que j'aurai dû être à sa place, que j'avais été lâche.

Malgré notre manque de réaction Chan avait reprit.

- Le plan, c'est d'aller à la frontière pour quitter ce pays de tarés.

Sa petite phrase semblait avoir alerté Seungjae qui avait relevé la tête du sol.

- Quitter le pays? Et ma famille? Il faut que j'aille la chercher ! Il avait intervenu, paniqué.

Hyunjin l'avais fixé avant de ricaner en détournant le regard.

- Je crois que t'as pas bien compris. Lui dis t'il sur un ton de reproche.

Tout le monde semblait quitter sa torpeur et suivait le début d'échange électrique entre Hyunjin et Seungjae.
Chan reprit plus calmement en regardant le paysage.

- Regarde juste autour de toi Seungjae, tu vas comprendre. Il ne reste rien ici.

Il avait dit cela sans même le regarder et ses yeux noirs repartirent dans le vide.

-Rien à part des centaines de kilomètres de poussière et des milliers d'humains bioniques maintenant à notre recherche, super le plan. Intervint hyunjin.

J'avais observé l'endroit. C'était vrai que ce n'étais pas du tout les souvenirs que j'avais gardé de l'extérieur.
Nous nous étions réfugiés à côté de ce qui semblait être une carcasse de camion de marchandise, les roues ensablées dans le sol, le toit et les murs à moitié arrachés.

Bambam s'était levé s'approchant de chan.

Il était grand mais pas très impressionnant, il avait juste des jambes très grandes et très fines qui ajoutaient du ridicule dans cette scène pourtant très sérieuse.

- Rien ? Qu'est ce que tu entends par la ?

Drôle d'accent.

C'était tout ce qui me venait en tête actuellement.

J'avais peut être décidé de fuir la vérité aussi longtemps que possible, attendant qu'il le dise pour y croire.

Hyunjin avait alors sourit relevant les yeux vers Bambam.

- Ce qu'il veut dire, Bambam, c'est qu'on va aller chercher personne. Puisqu'il n'y a plus personne. Sérieusement je suis le seul à être un minimum réaliste ici ?

Tout le monde s'était figé. J'avais trouvé la réaction de Seungjae comique, comme si il venait de voir un fantôme. Bambam n'avait pas bougé d'un pouce et Hyunjin s'était raclé la gorge tout en changeant d'appui contre le camion. Chan avait plissé sa bouche avant de donner une tape amicale dans l'épaule de l'étranger et était allé s'asseoir sur un bloc de béton à côté du camion.

Puis doucement l'information remontait à mon cerveau.

Mon visage s'était fermé.

Toute ma moquerie s'était envolée et j'avais dû avoir une expression encore plus drôle que celle de Seungjae.

Tout le déni était parti et je faisais face à la vérité écrasante.

Je ne reverrais plus personne.

Alors oui, nous étions dévastés, les yeux vides après tant de chamboulements. Personne n'avait reparlé depuis, laissant le temps à chacun de reprendre ses esprits.

La seule fille du groupe, Yeri je crois bien? Se mit à pleurer. On pouvait voir qu'elle essayait d'étouffer ses sanglots.

Je réalisais.

Tout mes espoirs de revoir ma mère étaient réduits à néant. Tout ce qui m'avait maintenu en vie et m'avait poussé à m'évader était mort.

Mon cœur me fit atrocement mal. J'avais l'impression de revivre la mort de mon frère, en bien pire. Ma mère ? Mon père ? Et mon meilleur ami ? Tous mort ?

J'eus envie de crier, de m'arracher les cordes vocales. La douleur m'étouffait. Je me forçais de garder un visage impassible mais mes yeux ne mentaient pas. Ils brûlaient de désespoir.

Pourquoi il avait fallu qu'ils me prennent moi ? Je voulais rejoindre ma famille. Qu'est ce que j'avais fait pour souffrir autant. Qu'on m'explique. Je ne comprenais pas pourquoi moi j'avais pu survivre, enfermé mais vivant, tandis que les autres non.

Tout aurait été plus simple si je n'avais pas été à ces foutus cours du soir. Je serais rentré plus tôt. Ils ne me seraient pas tombé dessus et ils ne m'auraient pas pris. J'aurais pu mourir aux côtés de ma mère et rejoindre mon frère. C'était tout ce que je souhaitais.

Après ce qui me parut être une éternité, Chan se leva de son bloc et monta dans la carcasse du camion.

- Reposez vous, il s'accrocha au bord du camion en nous regardant, on part demain et on a pas mal de route.

Puis il disparut à l'intérieur du cadavre automobile.

*