Chapitre 2 - Correction

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Je me dirigeai vers l'entrée hâtivement. Il était déjà presque trois heures du matin et le club était sur le point de fermer et, bien que je savais que Caro aurait accepté que nous restions là pour la nuit, je préférai ramener Nathan chez moi, au vu de son état, afin qu'il puisse prendre une douche (il en avait rudement besoin) et surtout se soigner correctement. De plus, dormir dans un vrai lit serait bien plus réparateur que de rester sur le sol d'une arrière salle d'un club, même sur une couverture.

Martin était déjà occupé à ranger et à nettoyer en vue de la fermeture.

— Martin, appelai-je dès que je fus à portée de voix.

Il se tourna vers moi, le regard inquiet. Sous son aspect de grosse brute (il en imposait vraiment par sa carrure et, je le savais après l'avoir vu à l'œuvre plusieurs fois, il ne fallait vraiment pas l'emmerder), cet homme avait un gros cœur de nounours et je l'aimais vraiment bien (mais n'allez pas lui répéter, il risquerait de m'attraper et de me décoiffer !).

— Un problème avec le p'tit, Ju?

— Nathan !

Il me lança un regard interrogateur.

— Il s'appelle Nathan ! Et non, je pense que ça ira, il est plus solide qu'il n'y paraît (du moins, je tentais de me convaincre en le disant). Mais j'aurai un service à te demander.

Il attendit que je m'explique, ses bras posés sur le balai qu'il tenait.

— Penses-tu pouvoir nous déposer, Nathan et moi, chez moi quand vous partirez du boulot, Caro et toi ? Je n'ai pas trop envie de rester la nuit ici et je doute qu'il puisse marcher jusque là.

— Bien sûr Ju', d'ici quinze minutes. Mais pourquoi t'as pas appelé les urgences? Il serait bien mieux en observation et au moins, il aurait les soins adéquats.

Pourquoi en effet ? J'aurai dû directement l'emmener à l'hôpital, ça aurait été la chose la plus raisonnable et responsable à faire. Je n'avais pas de véritable réponse, je voulais juste m'occuper de Nathan et je n'avais pas réfléchis plus loin. Je me sentis ridiculement égoïste et stupide en cet instant et la colère repartit d'un coup, là où elle aimait se cacher, laissant place à un désarroi total. J'étais un idiot ! Martin dut voir mon air abattu car il ajouta rapidement :

— T'en fais pas, j'en ai vu des gars dans des états bien pire et je n'ai jamais connu de drame !

J'appréciai vraiment sa tentative de réconfort et je souris malgré moi.

— Merci Martin. Pour tout !

J'allai faire demi-tour quand il me retint par le bras.

— Julian... Tu ne dis pas tout, il y a autre chose ! Qu'est-ce qui te tracasse ? Pourquoi tu tiens tant à t'occuper de ce gamin ? Je sais que tu détestes voir les autres mal en point et que tu as à cœur d'aider les plus faibles, mais tu prends cette histoire bien trop personnellement !

Parce que son histoire me touchait, parce que je me revoyais quelques années plut tôt, quand... Et la colère revint d'un coup, bouillonnant dans mes tripes, à m'en faire presque souffrir. Elle attendait le moindre écart pour exploser, tel un geyser, le moindre moment pour prendre le contrôle et une part de moi était presque prête à la laisser faire. Heureusement, ma partie consciente parvenait plus ou moins à l'en empêcher et à la contenir.

Je ne voulais pas mentir à Martin, mais je ne pouvais pas lui expliquer non plus toute l'histoire sans trahir Nathan ou mettre en péril ce que j'avais déjà décidé de faire, seul. Je ne voulais impliquer personne dans une histoire qui me dépassait encore totalement. Je connaissais mes amis et ils auraient tout fait pour m'en empêcher sachant ce dont j'étais capable. De plus, ils auraient sûrement voulu régler les choses de façon plus conventionnelle. Et le conventionnel, ce n'était pas mon truc !

Un monde parfait ou presque...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant