Chapitre 24 - Déchéance

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Je restai figé, son corps toujours collé au mien, alors que je me répétais inlassablement ses derniers mots, comme si j'essayais de bien les comprendre, de les assimiler, d'en apercevoir tous les sens. Puis un flash dans ma tête et je nous vis tous deux de blanc vêtus, entourés par nos amis, nos familles. Et l'évidence me frappa.

Brusquement, je me levai et expédiai Nathan sur le côté, manquant le faire tomber du lit. Il se retint à la couette d'instinct et me regarda inquiet, s'imaginant le pire le connaissant. Je ne pris pas la peine de lui parler, mais je l'assis au bord du lit, agrippai sa main et posai un genou au sol. Je bloquai mes yeux dans les siens.

— Nathan. Je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant. Tu as changé ma vie pour le meilleur et je veux que ça s'arrête jamais. Acceptes-tu de passer le restant de tes jours à mes côtés? 

Je sentis mes yeux piquer et ma gorge se serrer malgré moi sur les derniers mots. Il avait ce regard emplit d'amour qui scintillait à présent, embelli par ces magnifiques teintes de vert.

— Bien sûr que j'accepte !

Sa voix était un souffle et le silence qui nous entourait était comme sacralisé par sa réponse. Et cette fois, je ne pus retenir des larmes de couler.

— Je suis l'homme le plus heureux du monde, Ju' ! Merci pour tout, finit-il par dire en me tombant dans les bras, ses joues aussi humides que les miennes.

Son câlin dura plusieurs minutes, plusieurs minutes où nos esprits se connectèrent, comme si nous signions ce pacte commun qui officialisait ce qui était déjà écrit depuis longtemps.

Tout le monde accueillit l'annonce du mariage avec joie et ils furent même étonnés que nous n'en ayons pas parlé avant. Les délais étaient courts, mais grâce à Mom et Georges qui avaient plusieurs connaissances aux bons endroits, nous avions pu fixer la date à début juin, une semaine avant notre départ en tournée.

Nos parents avaient insisté pour s'occuper de tout, surtout Sandra qui avait des milliers d'idées en tête et débordait d'enthousiasme, bien que Mom n'était pas mieux à vrai dire. Nous n'avions qu'à gérer les invitations et leur dire ce que nous voulions pour le repas. Comment aurions-nous pu leur dire non?  Heureusement, ils nous laissèrent nous occuper de la musique (enfin, Sophie et Maxime avait décidé de s'en occuper sans nous laisser droit à la parole non plus).

Nathan et moi avions envoyé les invitations dès le lendemain et je fus repris d'un regain d'énergie dont j'avais grandement besoin. La dépression était vraiment proche et j'avais tellement peur de sombrer même si je ne me l'avouais pas.

C'est étrange comme vous pouviez vous sentir abattu alors que vous avez tout pour être heureux, littéralement tout. J'avais le meilleur des amants, au sens propre comme au figuré, avec ses milliers de petites attentions pour me (re)donner le sourire, une famille et des amis qui prenaient soin de moi comme jamais et je vivais de la musique, de mon rêve, que j'avais depuis tout petit. Pourquoi je ne parvenais pas à être pleinement heureux? Je ne me comprenais pas et plus j'essayais, plus je m'en voulais d'être aussi débile, et pourtant ça n'y changeait rien.

Aujourd'hui, Mom nous avait pris rendez-vous chez le tailleur pour nos costumes et Nathan était tout excité.

— T'es prêt ? s'impatienta-t-il.

— Une minute ! Je finis de m'habiller !

— Grouille, on va être à la bourre ! T'as besoin d'aide, peut-être, vieillard?

— Comme d'habitude, rigolai-je.

Je boutonnai mon jeans et passai un pan de ma chemise par dessus mon pantalon avant de me regarder dans le miroir, presque satisfait. De quelques coups de mains expertes, je me « coiffai », replaçant mes mèches bleues correctement. Je souris à mon reflet, content du résultat lorsque je songeai de nouveau à la cocaïne que j'avais laissée au fond du meuble dans une petite boîte planquée derrière les serviettes.

Un monde parfait ou presque...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant