Chapitre 17 - Union

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Le mois de mai allait être compliqué. Nous avions convenu avec nos parents de démarrer les travaux de notre loft pendant les vacances, car déjà mes examens se profilaient ainsi que le BAC pour Nathan et nous n'avions pas beaucoup travaillé pour les cours ces derniers temps (enfin, surtout moi). Avec tout ce qu'il s'était passé, il était inutile d'en rajouter. Heureusement, la présence de Nathan m'aidait beaucoup et nous nous soutenions l'un l'autre.

La perte de Thibaut nous avait tous profondément affectés et l'ambiance, les quelques fois où nous nous retrouvions avec la gang, était trop souvent morose, malgré nos efforts pour continuer à aller de l'avant. Nous n'avions pas repris les répétitions encore et la routine, triste, morne et grise s'était installée.

Deux semaines étaient déjà passées mais la douleur restait encore trop vive. Mes cauchemars avaient également repris, plus intenses et réels qu'auparavant. Plus fréquents aussi. Ce qui me troublait, tout comme Nathan qui remarqua forcément mes nuits agitées. De plus, pour couronner le tout, on aurait dû fêter l'anniversaire de Thibaut fin du mois...

— Et pourquoi on ne le fêterait pas ? me proposa Nathan un soir alors que nous finissions de manger.

— Ce serait une bonne idée, approuva Mom.

— J'en sais rien. J'me sens pas prêt pour ça. Peut-être.

Mon humeur n'avait plus été au beau fixe depuis ce fameux jour et je devais bien me rendre à l'évidence, il fallait que je me secoue un peu, les autres comptaient sur moi.

— Vous avez raison, c'est une bonne idée. Je vais m'en occuper.

Mom sourit à ma réaction et je sentis les lèvres de Nathan sur ma joue. Nous allions fêter Thibaut comme il le méritait.


Le lendemain, je proposai à Nathan de venir le chercher après ses cours car j'avais un rendez-vous important et je souhaitais qu'il m'accompagne. Il faisait froid pour un mois de mai et la pluie nous accompagna.

— Tu m'emmènes où ? me demanda-t-il, alors que nous quittions son lycée.

— A une réunion de famille.

Nous marchâmes jusqu'au cimetière où reposaient mon père et ma sœur. Aujourd'hui, le treize mai, Lætitia aurait eu vingt-trois ans.

— Ça me touche que tu partages des choses aussi personnelles avec moi, me dit-il, alors que nous franchissions la grande grille rouillée du cimetière.

— Je n'aurai jamais pu imaginer le contraire. Sans toi, ça ne serait pas du tout pareil.

— Je t'aime Julian, ne l'oublie jamais.

— Comment le pourrais-je ? Tu es tellement parfait avec moi. Je t'aime aussi !

Et je l'embrassai alors que nous arrivions à l'emplacement des deux tombes. Je sortis une couverture de mon sac à dos que je dépliai et nous nous installâmes tous les deux, l'un contre l'autre, tandis que la pluie redoublait de puissance, mais je ne m'en préoccupai pas.

— Bon annif' frangine. Tu connais déjà Nathan, je te l'avais présenté la dernière fois. Comment ça se passe là-bas ? J'espère que vous prenez bien soin de Thibaut.

Et nous discutâmes, Nathan et moi avec mon père et ma sœur. C'était forcément étrange d'un point de vue extérieur, mais ces retrouvailles me firent un bien fou. Je me sentis comme rassuré. Était-ce dû à la présence de Nathan ? Ou à autre chose que je ne parvenais pas à comprendre ? Les deux sûrement ! Mais je les remerciai tous silencieusement.

Nous quittâmes les lieux à la tombée de la nuit et nous rentrâmes à la maison. Nous étions trempés et frigorifiés mais grâce à Nathan, une petite flamme en moi me réchauffait. Comme j'aimais ce garçon.

Un monde parfait ou presque...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant