Sumire Koen ✧ au Parc des Violettes |IE|

⋅ Partie 26 ⋅

Chambre de Naho - 00h13

Appel entrant de Nosaka Yuuma.

C'est en plein visionnage d'une série britannique au nom imprononçable, que le portable de Naho vibra subitement. La brunette sursauta sur son lit, brutalement arrachée à la contemplation des beaux yeux de l'acteur principal. Elle baissa les yeux sur le petit écran qui illuminait sa chambre plongée dans la pénombre, et son cœur manqua un battement en lisant le nom de l'émetteur. Elle hésita un instant à lui répondre, tentée de feindre un sommeil profond et lui mettre un vent monumental, mais la curiosité mêlée d'excitation eut raison d'elle. Un picotement électrique vint en plus lui chatouiller les doigts quand elle s'empara fébrilement du portable, et elle le porta à son oreille, toute nerveuse.

— Bonsoir Naho, roucoula Nosaka à l'autre bout du fil, et elle frémit rien qu'au son de sa voix.
— Il est minuit passées, Nosaka, soupira-t-elle en fermant son ordinateur portable. Qu'est-ce que tu veux ?
— Toi.

Un petit rire nerveux échappa à la jeune fille, qui roula des yeux face à l'absurdité de cette déclaration. Pourtant, ses joues s'enflammèrent presque aussitôt pour ce simple mot. L'effet qu'il avait sur elle ne se dissiperait jamais. Pire, elle ne pensait pas s'en lasser un jour.

— Je suis à la porte de ton immeuble, reprit-il au bout de quelques secondes.
— Attends, quoi ?

Naho sauta sur ses pieds et se précipita à la fenêtre, où elle ne put que constatée, effarée, que Nosaka était bel et bien dans la rue, au pied de son immeuble. Elle aperçut sa tignasse rouge à la lumière de la lune, alors qu'il patientait près de l'accès au parking souterrain. Il ne portait pas l'habituel survêtement d'Inazuma Japan, mais un t-shirt noir à manches longues, ainsi qu'un jean sombre ; tout cela lui donnait un air ténébreux qui ne lui correspondait absolument pas.

— Qu'est-ce que tu fais là ? souffla-t-elle dans l'appareil, n'osant pas trop lever la voix.
— J'ai quelque chose à te montrer, répondit-il simplement en levant la tête vers elle – il avait déjà sans mal repéré sa fenêtre.
— Ça peut pas attendre demain ?
— Pas vraiment, non. Je pars, demain, lui rappela-t-il.

Naho fronça les sourcils, intriguée, et peut-être inquiète aussi. Dans quoi comptait-il encore l'embarquer, qui nécessitait absolument d'être fait ce soir ? Ce garçon finirait par la tuer, ou la rendre folle, au choix.

— Il faut encore espionner un gars de ton équipe ? Ou braquer un hôpital ?
— Non, rien de tout ça, répondit-il et elle devina son sourire à travers ses paroles. J'ai juste un truc à te montrer.
— Mais... je...

La jeune fille s'interrompit et jeta un coup d'œil prudent vers sa porte. Est-ce que ses parents lui en voudraient, si elle faisait le mur pour sortir avec un garçon qu'elle ne verrait pas pendant au moins un mois ? Elle hésita. Oui, ils l'atomiseraient pour être sortie en pleine nuit sans les prévenir, ça, il n'y avait aucun doute là-dessus. Seulement, seraient-ils un jour au courant ?

— Naho ? l'appela Nosaka, comme elle s'était tue.
— J'arrive.

Et elle raccrocha aussitôt, le souffle court. Pendant une longue minute, elle resta immobile au milieu de sa chambre, à ne rien faire, indécise. Un soupir lui échappa finalement et l'adrénaline grimpa en flèche. Avec le sentiment qu'elle finirait par le regretter, elle troqua son pyjama rose bonbon vieux comme Mathusalem contre une combishort à fleurs qui traînait sur son bureau. Un coup de brosse et quelques secondes plus tard, elle sortait en douce de sa chambre et traversait l'appartement à pas de loup. La jeune fille retint son souffle et compta les portes qu'elle dépassait : celle de la chambre de ses frères, celle de ses parents, celle de la salle de bain... Elle n'osa expirer que quand elle arriva dans le genkan, où elle s'empara de ses chaussures pour disparaître, en chaussettes, derrière la porte d'entrée. Une fois en haut des escaliers en colimaçon, elle enfila ses tennis à la va-vite, puis dévala les marches sur la pointe des pieds, discrète au possible.