Sumire Koen ✧ au Parc des Violettes |IE|

⋅ Partie 3 ⋅

Lycée Kitanosora - 16h02

Ce soir-là, les cours s'achevaient au lycée Kitanosora et les élèves se dirigeaient vers la sortie avec hâte, galvanisés par l'arrivée du week-end. Et si certains se rendaient dans leurs clubs respectifs, il restait une minorité de lycéens qui rentraient chez eux directement après les cours. Dans la foule d'adolescents qui engorgeaient les escaliers principaux pour prendre la sortie, Naho discutait avec sa meilleure amie quand elle fut interpellée par un professeur de troisième année. La brune, qui n'était qu'en deuxième année, piqua un fard et étouffa un juron.

— Je t'attends au portail, lui souffla Rin avant de s'éclipser.

Naho hocha la tête avant de se diriger, rouge de honte, vers l'enseignant. Quand un professeur d'une autre classe voulait vous parler, c'était toujours alarmant. L'homme était dans la trentaine et n'avait pas l'air sévère, mais il n'en était pas moins un professeur, ce qui ne manquait pas d'angoisser la jeune fille.

— Mademoiselle, le règlement exige que vous portiez votre cravate tous les jours.

La brune retint un soupir d'agacement. C'était la troisième fois qu'on la reprenait aujourd'hui sur sa tenue et cela ne la surprenait plus, mais ça devenait agaçant à la longue. Tout ce cinéma pour un bout de tissu que l'on noue autour du cou... Bout de tissu qu'elle avait oublié en allant jouer au football. Serrant les dents, elle se promit que Tohru en entendrait parler ce soir.

— Je suis désolée, monsieur. Je l'ai oubliée, mentit-elle avec aplomb.
— Ça arrive, commenta l'adulte avec un sourire d'une sincérité déconcertante. Si tu l'as perdue, ce serait regrettable, mais tu peux toujours en acheter une autre auprès du secrétariat du proviseur.

Pour cinq mille yens, se retint d'ajouter amèrement la lycéenne. Ce qui ferait bien cher payé pour une simple cravate. Les études étaient chères, elle en était consciente, mais même si elle ne faisait pas partie d'une prestigieuse école de la capitale, son lycée n'en restait pas moins coûteux. Aussi se contenta-t-elle d'acquiescer.

— Je vais la retrouver, monsieur.

Une courbette et dix minutes plus tard, la lycéenne rejoignait à grandes enjambées sa sœur de cœur au portail du lycée. Rin leva les yeux de son portable et son regard s'illumina quand elle aperçut Naho accourir vers elle. Elle se redressa de la grille sur laquelle elle s'appuyait et balança son sac par-dessus son épaule, faisant en même temps virevolter ses boucles rousses.

— Alors, il voulait quoi ? demanda-t-elle.
— Me parler de ce que je porte, ou plutôt ce que je ne porte pas, autour du cou, répondit son amie en levant les yeux au ciel.
— Bah, tu la retrouveras, ta cravate. On y va ? J'ai une de ces dalles, faut absolument que je passe à la pâtisserie à la gare.

La brunette gloussa en hochant la tête et elles prirent la direction du retour. Rin était une amie de Naho depuis la primaire, elles se connaissaient sur le bout des doigts et savaient exactement comment se comporter l'une avec l'autre. Elles ne s'étaient disputées qu'une seule fois dans toute leur scolarité, et c'était pour une histoire de dangos à l'école primaire – Rin avait mangé ceux de Naho et elles s'était fait la tête pendant une semaine, rien que ça. Avec un sourire, les deux se séparèrent devant la gare, car Rin habitait dans un des quartiers huppés au nord de la ville. Après un dernier salut à son amie, Naho prit la direction du Parc des Violettes.

Ce vendredi, les cours s'étaient terminé un peu plus tôt pour permettre aux organisateurs de la fête du lycée de commencer les préparatifs. Trop heureuse de ne pas avoir été désignée par sa classe, Naho faisait partie des chanceux qui n'avaient donc ni club, ni réunion ce soir-là. Par conséquent, elle arriva en avance devant le terrain de football où elle devait rejoindre Tohru.