Salon des Motomiya - 16h00
Nosaka ne donna pas signe de vie avant le lendemain, en fin d'après-midi, au beau milieu d'une rediffusion à la télé, d'un vieil anime des années 1980 que Naho aimait à regarder avec le plus âgé de ses frères. Son téléphone vibra pile à un moment crucial de la série, et si la brunette avait déjà vu cette scène plus de cent fois, elle fut agacée par la vibration. Décidément, Nosaka avait l'art de frapper au pire moment.
« Il me semble que tu as cours demain. Tu ne tiens plus à récupérer ta si coûteuse cravate ? »
Pas de bonjour, toujours aucun émoji, rien... Nosaka, en somme. Néanmoins, depuis quand était-il aussi pressé de lui rendre sa cravate ? Après lui avoir fait un tel chantage ? En relisant son message, sourcils froncés, elle retrouva un peu de son ironie habituelle dans ses mots.
— C'est qui ? demanda Hayato à côté d'elle, qui se penchait pour tenter de lire le message.
— Ça te regarde pas ! s'offusqua la jeune fille, en masquant le téléphone avec sa paume. Puis c'est Rin.
— Ouais 'fin quand Rin t'envoies un message, tu réponds directement, tu bug pas pendant deux minutes devant l'écran.
— N'importe quoi, je bug pas.Enfin, elle l'espérait. Elle se retourna sur le divan, les fesses sur les talons et le dos contre l'accoudoir, pour empêcher son frère de lire sa conversation avec Nosaka.
« Bien sûr que si, je veux la récupérer. Tu vas me la rendre ? »
Pour une raison inconnue, l'inquiétude la saisit quand elle appuya sur « envoyer » et elle reverrouilla son portable toute suite après. Elle se concentra sur le téléviseur pendant cinq bonnes minutes, avant d'oser consulter son téléphone. Quelque part au fond d'elle, elle redoutait la réponse qu'elle recevrait. Et il ne tarda pas à la lui donner.
« C'est ce qui est prévu. »
Naho poussa un soupir – de soulagement ou de déception, cela restait un mystère. Ses yeux s'attardèrent sur un combat épique qui se déroulait à l'écran, puis elle revint à Nosaka.
« Quand ça ? »
« Quand ça t'arrange. Demain si tu veux. »« Déjà ? » commença-t-elle à taper, avant de se rendre compte qu'elle avait bêtement écrit au fil de ses pensées. Effrayée par ses propres ressentis, elle effaça précipitamment son message.
« Demain, c'est parfait. »
En fait, elle était soulagée. Bien sûr, pourquoi ne le serait-elle pas ? Demain, elle retrouverait sa cravate et Nosaka disparaîtrait de sa vie. Plus de chantage. Plus de remarques au lycée. Plus de stupide footballeur pour lui casser les pieds à tout moment de la journée. Et tandis qu'elle y songeait, son portable vibra et l'arracha à sa réflexion.
« Très bien, je t'attendrai au terrain du parc à 8h30. »
Un frisson lui parcourut l'échine à la vue de ce message. Incontrôlé, naturellement. Surprise – et peut-être un peu irritée – par ce frisson, la brunette se redressa et ajouta un élément à sa liste des choses qui disparaîtraient avec Nosaka : plus de sensations déroutantes quand elle lui parlait.
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Sumire Koen ✧ au Parc des Violettes |IE|
Fanfic- Je veux que tu joues au foot avec moi. - Ha, rit-elle nerveusement avant de reprendre son sérieux. Hors de question. - Joue avec moi, et tu récupères ta cravate. - C'est du chantage ? Quand ce garçon est entré dans sa vie à cause de quelques malhe...