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Le mec mignon ne vient pas me voir pour que je rende des comptes, pour me demander pourquoi je n'ai pas utilisé son numéro de téléphone. Il veut juste utiliser l'appareil sur lequel je suis et demande combien de séries il me reste à faire. Normalement il pourrait demander qu'on tourne à deux sur la même machine. Possibilité offerte seulement si la salle est pleine à craquer. Là nous sommes tôt le matin, il n'y a quasiment personne, il ne peut donc pas choisir cette option. Il y a comme ça des règles non écrites qui régissent les comportements dans une salle de sport, et bizarrement tout le monde les respecte. Je termine ma série et je lui laisse la place. Nous n'échangerons pas plus. Pour ce qui concerne mon prochain exercice, je m'installe très proche de mon beau gosse. Il vaut mieux être en face de lui, là je suis à côté, ce qui m'empêche de le mater. Et puis soudain j'entends un « salut ». Je tourne la tête : c'est lui !

J'ai l'air ridicule. J'ai les jambes en coton à cause d'un simple « salut ». On dirait un adolescent qui est trempé à la moindre excitation. Enfin, c'est quand même mon beau gosse qui m'adresse la parole. Je ne sais même plus comment me comporter, j'ai le cerveau dans le brouillard. Il veut que je l'aide au développé couché. C'est une chose qui se pratique entre sportifs : même si on ne se connaît pas, on peut demander de l'aide. Mon rôle sera donc de l'assurer, c'est-à-dire soulever la barre quand il n'en peut plus, qu'il est sur le point de céder. Je regarde le nombre de poids qu'il a mis. C'est totalement hors de ma portée. Pourtant je ne peux quand même pas dire non à mon beau gosse, même si je suis nul dans ce genre d'exercice : je ne sais jamais à quel moment il faut venir en aide. Soit j'agis trop tôt, soit trop tard. Il va se rendre compte que je suis naze. C'est la première et dernière fois qu'il me demande quelque chose.

Pour l'instant je me mets en position. Je ne suis pas du tout concentré. J'ai une vue imprenable et inédite sur mon beau gosse. Je n'ai jamais été aussi proche de lui. Je suis focalisé sur son joli petit ventre poilu qui se dévoile alors que son tee-shirt se soulève légèrement. Et surtout, je ne peux pas détacher mon regard de sa bosse proéminente qui se durcit quand il pousse sur la barre. Il est absolument magnifique. Et puis, je suis si proche que je peux sentir son odeur corporelle. Certes c'est principalement de la transpiration. Mais quand elle émane d'un mâle puissant qui me fait fondre, c'est une odeur qui m'excite au-delà du possible. Il me fait signe, je dois entrer en action. Ses bras flanchent, je dois l'aider à remettre la barre en place. Il faut que je bande tous mes muscles pour soulever ces kilos, il est complètement dingue d'en mettre autant. « Merci, mec ». J'ai envie de le prendre contre moi et de l'embrasser, le caresser, me frotter contre lui. Est-ce que je suis bon comédien ou est-ce qu'il voit que je suis totalement amoureux de lui ?

Il me sollicite encore deux fois, pour l'aider. J'essaie de paraître le plus viril possible. C'est un peu con comme attitude, mais nous sommes dans la partie musculation de la salle de sport, il faut se montrer très mâle. C'est une sorte de compétition idiote, sans doute un effet de la testostérone. Nous ne discuterons pas plus, c'est aussi une partie de la règle tacite. Ce n'est pas parce que je l'aide que nous devenons potes, il y a quand même des limites. En tout cas, il vient de faire mon bonheur. Il ne me faut vraiment pas grand-chose ! Le simple fait qu'il m'adresse la parole et pense à moi pour l'aider me transporte dans un autre monde. Nous ferions un beau couple. Je délire totalement. En tout cas, ce matin je suis venu en espérant avoir de quoi fantasmer tout le week-end. J'ai désormais bien plus qu'il ne m'en faut, et je n'ai en réalité pas besoin de grand-chose pour fantasmer...

Beaux gosses anonymesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant