Énorme déception, BG2 n'est pas là ce matin. Bon, moi je suis un peu fou, je viens tous les jours à la salle. Je sais que parfois il faudrait faire une pause, mais je n'y arrive pas, je suis vite devenu accro au sport et j'ai mauvaise conscience quand je loupe une séance. Ce matin, il n'y a aucun beau gosse, ça sent les vacances. Ils auraient pu me donner les dates de leurs congés, que je parte en même temps, puisqu'il n'y a pas grand intérêt à venir quand il n'y a rien à mater. Enfin si, je suis là pour faire du sport, mais ce n'est pas une motivation suffisante, il faut que je voie des beaux corps pour avoir envie de sculpter le mien. C'est sans enthousiasme que je me change et que je commence mes exercices. Je n'ai jamais de programme bien défini, je m'adapte à la situation. J'utilise les appareils qui sont libres, je ne suis pas très contrariant. Depuis une semaine j'inclus quand même dans chaque séance quelques exercices pour mes abdominaux, puisque c'est bien de se muscler les bras et le torse mais si j'ai un gros ventre, cela ne ressemble à rien.
La salle dédiée aux abdos se trouve au sous-sol. En général il n'y a que des filles, je ne sais pas quand les mecs qui ont de jolis ventres plats travaillent cette partie du corps. C'est avec encore moins d'enthousiasme que je descends les marches, puisque les abdominaux c'est ce qu'il y a de pire à travailler. Je m'arrête brusquement. BG2 est là, allongé sur un tapis. Pas possible ! Normalement il devrait déjà avoir quitté la salle. Je n'ai pas changé mes horaires. Je suis totalement déstabilisé. Je ne sais plus quoi faire. Et en même temps il faut que je bouge parce que si je reste là à le fixer il risque de s'énerver. Il faut vite que je reprenne les choses en main. J'analyse rapidement la pièce. Si je m'écoutais j'irais me placer juste à côté de lui, mais ce serait trop flagrant. C'est comme devant les urinoirs, quand il y en a cinq de libres et qu'un mec vient juste à côté de celui que j'utilise, je ne comprendrai jamais.
Donc je me place sur un tapis un peu plus loin. J'ai honte, je voudrais rebrousser chemin, je ne veux pas que BG2 me voie travailler mes abdominaux. Quand lui fait les exercices c'est beau, fluide, viril. Quand je m'y mets on dirait une baleine qui essaie désespérément d'avoir une taille de guêpe. Il faut quand même que je fasse quelque chose, ce serait idiot de repartir et de ne pas profiter de cet instant. Nous sommes seuls dans cette partie de la salle, c'est comme un rêve. Je sais que ça n'en est pas un parce que dans mes rêves je ne travaille jamais mes abdos. Bref, je me lance. Je sens bien qu'il jette des coups d'œil dans ma direction. Il doit certainement rire intérieurement en voyant un boudin tenter de faire du sport. Si je pouvais disparaître d'un claquement de doigts je n'hésiterais pas. Moi aussi je le regarde, évidemment. J'essaie surtout de voir ce qu'il fait puisqu'il a un ventre plat magnifique, il faut que je m'inspire de ses exercices. C'est assez spécial, je ne comprends pas exactement comment il s'y prend, il me faudrait un cours particulier.
« Salut ». Mince, il me parle. Je suis là depuis au moins cinq minutes et c'est maintenant qu'il me dit salut. C'est ma faute, j'aurais dû utiliser une formule de politesse en arrivant. En plus il me sourit, heureusement que je suis assis sur le tapis parce que je sens que mes jambes viennent de se transformer en coton, je ne pourrais pas tenir debout. Je sais, j'exagère. La communication est établie, ce n'est pas grand-chose vu de l'extérieur mais pour moi c'est le bout du monde. Il se lève et prend sa serviette. Ce moment intime serait-il déjà fini ? Je suis déçu. Jusqu'à ce que je comprenne qu'il ne va pas quitter la salle. Il avance vers moi. Il vient s'installer sur le tapis à côté de moi. Qu'est-ce qu'il veut ?