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Je prends le métro assez tôt le matin pour me rendre à la salle de sport avant le travail. Parce que la salle est à côté du boulot, c'est plus pratique, le soir je n'ai plus l'énergie pour aller transpirer. Bref, ce matin sur le quai, je vois un super beau gosse. C'est assez rare pour le noter. Il y a un site qui montre des photos de mecs mignons dans le métro, je ne sais pas sur quelles lignes ils voyagent, la mienne est assez pauvre en gravures de mode. Comme à mon habitude, j'essaie de profiter de cette opportunité en jetant des petits coups d'œil en direction du beau gosse. Je me demande toujours si les mecs canons savent qu'ils sont beaux ! Lui en tout cas il ne fait pas particulièrement attention à la manière dont il s'habille : un simple jeans et un tee-shirt. Immédiatement je commence à me faire des films. Et mes scénarios débutent toujours avec la même certitude : il est gay. Oui, j'aime bien croire que les beaux gosses sont tous gays et donc que je peux théoriquement les avoir dans mon lit.

Ensuite, je tente de déceler s'il est célibataire ou en couple. Bien sûr, mon seul indice est de regarder ses mains pour voir s'il porte une alliance. Un test qui n'est pas du tout fiable, parce qu'il pourrait quand même avoir quelqu'un. D'ailleurs je me demande comment un tel beau gosse pourrait être célibataire. Et puis je me mets à imaginer sa vie. Ce qu'il fait comme métier. Là je ne sais pas, vu sa façon de s'habiller il ne travaille pas dans une banque ou un truc nécessitant de porter un costume cravate. À moins qu'il ne se change en arrivant au boulot. Eh oui, en général il ne s'écoule pas plus de quatre minutes entre deux métros, mais j'arrive quand même à psychoter beaucoup. Mon cerveau s'emballe quand il voit un beau gosse. Et quand le métro arrive enfin, je fais en sorte de monter dans la même rame, ce qui ne sert pas à grand-chose à part pouvoir continuer à l'observer discrètement.

Surtout dans les tunnels. Pourquoi ? Si vous vous posez la question c'est que vous n'êtes pas psychopathe. Une fois dans un tunnel, les vitres deviennent des miroirs. Ainsi, en faisant mine de regarder devant moi je peux en fait observer mon beau gosse, du moins son reflet. C'est beaucoup plus discret comme technique. Pour cela il faut qu'il n'y ait pas trop de monde, je déteste quand quelqu'un finit par entrer et s'interpose entre moi et le reflet de celui que je veux observer. Le suspense suivant est de savoir à quelle station il va descendre. Je ne vais pas réussir à le découvrir puisque la mienne est avant. Et je ne vais quand même pas jusqu'à rester assis inutilement dans le métro pour voir où ce beau gosse s'arrête. Ce n'est de toute façon pas un indice très important, même si toutes les informations que je peux glaner ont leur rôle dans mes délires.

C'est bon de commencer la journée en regardant un beau gosse. Il va rester dans ma tête pendant des heures. Parce que j'ai une grande capacité à me faire des films, tout le monde l'avait compris. Je m'imagine le revoir demain, avoir le courage de lui parler. Non mieux, c'est lui qui vient s'asseoir à côté de moi et qui entame la discussion. Ce serait tellement romantique. Et pratique, puisque si nous montons à la même station c'est que nous n'habitons pas très loin l'un de l'autre. L'idéal pour une belle rencontre, selon moi. Donc il me dirait qu'il me trouve beau. Moi je décocherais mon plus joli sourire, parce que je ne saurais pas quoi répondre si quelqu'un me disait que je suis beau. Il me proposerait d'aller boire un verre. Et après une intense discussion, puisque forcément nous nous entendrions bien, je le ramènerais chez moi et on se souviendrait de ces instants comme des premières minutes d'une belle et intense relation amoureuse.

Beaux gosses anonymesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant