BG2 a fait des efforts, je sais ce qu'il en coûte à un sportif de modifier ses horaires. Et je ne crois pas exagérer de trop en disant cela, je vois bien que comme moi tout le monde vient aux mêmes heures, sans doute à cause des contraintes extérieures. Pour s'asseoir à côté de moi, pour me montrer comment travailler mes abdominaux et peut-être pour me draguer, BG2 a tout bouleversé. Comme je l'imaginais, il n'y aura pas de seconde chance. Il l'a fait une fois, pas deux, moi j'aurais dû saisir l'opportunité. Ce matin, quand j'arrive à la salle il est déjà sous la douche. Oui, je sais que c'est lui puisque son casier est grand ouvert. Les sportifs sont finalement des gens assez psychorigides : toujours les mêmes heures, toujours le même casier, toujours le même rituel. Bref, je passe devant en essayant de ne pas m'arrêter, j'en ai marre d'être psychopathe.
Pourtant, pendant que je me change je ne pense qu'à une seule chose : sur le banc il a laissé ses affaires sales, y compris son boxer. Dans mon esprit totalement taré j'en viens à croire que c'est un autre signe, qu'il l'a fait exprès, qu'il veut que je le prenne, que c'est un test. Un test que seul un malade mental comme moi peut imaginer : s'il sort et qu'il ne le trouve pas, il saura que je l'ai pris et que je suis intéressé par lui. S'il le voit en sortant de la douche, il saura que je n'ai pas envie d'aller plus loin. N'est-ce pas débile de penser de cette façon ? Il ne me reste plus que quelques minutes pour me décider. J'en ai très envie, je sais que la chose est mal, que je ne devrais pas le faire. Pourtant j'avance vers ses affaires, je deviens presque incontrôlable. Je suis excité, mon cerveau n'arrive plus à raisonner, ce sont mes pulsions qui parlent. Je regarde autour de moi, j'attrape son boxer, je reviens à ma place, je ferme mon casier et je me précipite dans la salle.
Je ne vais penser qu'à ça pendant toute la séance. J'aurais aimé pouvoir assister discrètement à la sortie de BG2 de la douche, pour voir sa réaction lorsqu'il est revenu à sa place et qu'il n'a pas retrouvé son boxer. Je commence à être angoissé. J'essaie de me rassurer en me disant qu'il ne m'a pas vu entrer, donc il ne peut pas savoir que c'est moi. Enfin, il faudrait qu'il soit idiot pour ne pas en arriver à cette conclusion. Il me semble qu'il n'y avait personne d'autre dans le vestiaire, donc je peux partir du principe qu'il n'y a aucun témoin. Peut-être que j'ai commis le crime parfait. Entre chaque exercice je regarde vers la sortie, pour ne pas louper celle de BG2. Enfin je le vois passer, il a l'air décontracté, comme d'habitude. Mais peut-être qu'il s'arrêtera à l'accueil pour signaler le vol et que le sac de chaque adhérent sera fouillé avant de partir.
Quand je reviens à mon casier, je vois l'objet du délit. Je ne peux pas prendre le risque de le mettre dans mon sac de sport. Alors, même si ce boxer est trempé, je le glisse dans ma sacoche, celle où j'ai toutes mes affaires pour le travail. Je n'ai jamais été aussi anxieux, j'ai l'impression d'avoir volé une banque et que je risque de finir en prison, c'est du délire complet. Je me douche, je me rhabille, je ne pense toujours qu'à ce boxer. C'est un trophée et en même temps il me pèse. Quelle honte si je suis fouillé à la sortie et qu'on découvre que je suis un voleur de boxers. Je n'arrive évidemment pas à être naturel en avançant vers l'accueil. Sur mon visage il est certainement marqué que je n'aie pas la conscience tranquille. Je passe devant le type assis à son bureau, il me dit au revoir tout simplement. Je viens de réussir, j'ai piqué le boxer de BG2 sans me faire prendre, je suis fier d'être taré !