15.

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Le lendemain, je croise à nouveau le beau gosse du métro sur le quai. C'est un peu normal, puisque comme à la salle, ici les gens ont toujours les mêmes horaires. Bon, j'ai quand même tendance à prendre cela pour un signe, parce que j'en ai envie. Et surtout, je trouve toujours incroyable qu'avec les milliers de personnes qui prennent les transports chaque jour, j'arrive à croiser le même beau gosse deux jours de suite. Il suffirait d'une minute de décalage pour que cela puisse ne pas se produire, qu'il monte dans la rame avant ou après la mienne. Pour être honnête il faudrait dire que je croise certainement d'autres personnes chaque jour, mais je ne remarque évidemment que les mecs canons. Les autres passent inaperçus. Bref, lorsque le métro arrive je suis content puisque je trouve une place assise. C'est toujours une sorte de petite victoire. Même si cela m'empêche de regarder mon beau gosse. Je pourrais faire en sorte de monter au même endroit que lui, mais ce ne serait pas très discret. Déjà que je ne le suis pas vraiment...

Aux différentes stations il y a un va-et-vient énorme. C'est logique dans les transports en commun, une partie du troupeau sort pour que d'autres entrent. Et soudain, il vient s'asseoir à côté de moi. Il est comme tout le monde, son objectif principal est de trouver une place pour s'asseoir. Je commence à paniquer. Il n'y a aucune raison mais je suis impressionné que ce beau gosse soit juste à quelques centimètres de moi. Soudain je me demande si je suis présentable. Est-ce que je me suis assez bien habillé aujourd'hui ? Est-ce que je sens bon ? Parfois je me dis que ça ne vaut pas le coup de faire attention à la manière de s'habiller, mais en définitive on ne sait jamais ce qui va arriver durant la journée. Et là par exemple, il faudrait que je sois mieux sapé pour au moins attirer le regard de ce beau gosse. Parce qu'il s'en fiche totalement de moi. Il a son casque sur les oreilles et il pianote sur son téléphone portable. Alors que j'ai tendance à observer les gens qui m'entourent, il y en a beaucoup qui s'enferment dans leur petite bulle et qui ne veulent surtout pas voir la foule.

J'essaie de jeter des coups d'œil discrets sur l'écran de son téléphone. Il regarde son profil Facebook, il répond à quelques messages sur WhatsApp. Rien d'extraordinaire, mais en tant que psychopathe j'ai l'impression de faire un peu partie de sa vie alors que je m'immisce sans autorisation dans sa sphère privée. Ensuite, c'est le choc. J'aime bien dramatiser les situations. Il se rend sur une application de rencontres. Il fait défiler les profils. Que des mecs ! Mon cœur se met à battre plus fort. Je viens d'avoir la confirmation qu'il est gay. J'ai donc toutes mes chances. Enfin, je vois le type de profil qu'il consulte, je ne corresponds pas du tout à ses critères. Mais apparemment il cherche une relation, je pourrais donc entamer la discussion sans crainte. Je suis totalement paralysé, ce n'est pas mon style, je ne peux pas entamer la discussion avec un inconnu.

Tout serait plus simple si j'avais un profil sur cette application. Comme les autres elle géolocalise les personnes proches. J'aurais aimé voir sa réaction s'il tombait sur mon profil alors que je suis assis juste à côté de lui. Enfin, je ne suis pas certain de ça, si j'avais vu une expression de dégoût sur son visage j'aurais perdu toute confiance en moi. Mais quand même, je réalise que je ne suis de loin pas le seul à ne plus oser aborder quelqu'un dans la vraie vie, directement. Maintenant, tout le monde passe par des applications pour draguer. Évidemment, je retiens le nom de celle sur laquelle mon beau gosse consulte les profils. Et ma mission de la journée sera de me créer un beau profil sur cette application. C'est dorénavant le seul moyen d'avoir une chance avec quelqu'un...

Beaux gosses anonymesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant