Je suis contrariée, au point que je ne vois pas du même oeil la cour du centre. Mon regard s'attarde moins que d'habitude sur le gazon verdoyant, au milieu duquel pavanent des pélicans, malgré le soleil dont la chaleur provoquerait des rougeurs. Je commence à marcher dans les chemins faits avec des briques blanches rectangulaires, des chemins qui tournent tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche ou qui continuent sur la ligne droite. Je regarde autour de moi, m'assurant que j'ai rien manqué dans mon entourage de ce début d'après-midi. J'entends le bruit du vent entre les haies situées par-ci et par-là, entre les branches des arbres, au-dessous desquels, on y trouve soit un banc en béton blanc, soit un banc en fer forgé peinturé en noir. Des tables blanches en fer forgé, munies de leurs chaises se trouvent généralement sous un parasol, mais certaines se trouvent aussi sous des arbres.
Ces tables sont parfois occupées par des hommes ou des femmes bavardant ou se livrant à des parties de jeux: Scrabble, carreau, échecs, dames ou d'autres. Les occupants sont infirmiers, patients, famille de patients..Les médecins ne prennent pas vraiment part, toutefois disent un bonsoir, bon jeux, en passant tout près d'une table occupée. Ils s'arrêtent quelques minutes, mais finissent toujours par passer leur chemin.Dans un chemin sur ma droite, un infirmier pousse une chaise à roulette sur laquelle est assise une cinquantenaire. Celle-ci pointa son doigt en direction d'un arbre. Je suivis la direction qu'elle indiqua. L'image qu'envoie mes yeux à mon cerveau m'aurait étonnée, si je ne me trouvais pas dans un centre hospitalier pour les troubles comportementaux. Deux hommes, qui ont environ la trentaine, une petite trentaine. L'un est assis sur un banc, se tenant droit comme un piquet avec un livre. Il a l'air concentré, avec ses sourcils froncés, tournant les pages sans hésiter. L'autre, se trouve à proximité sur un autre banc, couché sur le dos, riant de je ne sais quoi et à gorge déployée. Je ne comprends pas comment le vacarme de l'un ne nuise pas à l'autre. Comment celui qui lit peut se montrer aussi indifférent? Je regarde dans la direction de la dame et de l'infirmier, je les vois qui rient. Sûrement, ils sont en train de rire le joyeux incontrôlable et le liseur inébranlable. À croire qu'ici, nous avons chacun notre monde. Nous sommes au même endroit, ce qui pourtant n'est pas forcément vrai dans nos différents esprits.
Je ne suis pas très loin de ma place préférée de la cour. Deux bancs en béton, situés l'un en face de l'autre, sous un arbre, tout près du lac au bord duquel picotent, roucoulent des pigeons.
Malheureusement, je ne crois pas que je vais rejoindre mon paradis. Moi, qui pourtant ne visait que mon petit coin. Voilà, qu'une certaine personne loue mon espace. Je continue mon chemin, en tournant à droite ignorant de façon catégorique le locataire de mon espace.-Tu comptes vraiment m'ignorer? Me questionna celle qui occupe ma place.
Je n'attendais pas moins de sa part, mais j'espérais qu'elle fit au moins semblant, comme ça je n'aurais pas à l'affronter, du moins pas maintenant quand la vie de la cour du centre a réussi à me débarasser de ma nervosité. Je me retourne et prêt à l'attaque.
-Je ne te savais pas aussi lâche! Le vieil adage a parfaitement raison. On ne connaît jamais parfaitement une personne! L'être humain est pleine de surprise.
-Lâche? Me répond-elle.
-Oui, on avait un accord, toi et moi. Et devine ce qui s'est passé? Devine, combien a été ma surprise quand mes infirmiers m'ont conduit dans le bureau d'un autre psychologue.
-Liya...
Je ne la laisse pas terminer sa phrase, que je reprends tout en m'approchant d'elle,
-Dr Laval, ça te dit quelque chose. Au début, je me suis inquiétée pensant que tu avais un grave problème. La douche que j'ai reçu, quand le Dr Laval m'a expliqué que tu as toi-même organisé mon transfert, décidé de ne plus être mon psychologue, a été tellement froide que mon sang a gelé d'un coup.
Mivida me regarde sans broncher, ne dit rien pour s'assurer que j'ai bel et bien fini ma tirade. Après quelques secondes, je m'assieds à ses côtés, lui fait les gros yeux lui montrant que j'attends une réponse.
-Jarred est excellent. C'est un ami. Hier soir, je l'ai appelé pour lui demander de te prendre en charge. Et il a accepté sans la moindre hésitation.
-Devrais-je me sentir flattée que ton ami a bien voulu de moi? Lui dis-je en arquant un sourcil.
-Non, dit-elle en souriant. Il t'a accepté parce que moi, je lui ai demandé. Je prends officiellement congé, reprend-elle plus sérieusement. J'ai tansféré tout mes patients. Tu étais la seule à être encore sous mes gardes. Alors, je t'ai confiée à Jarred.
-Ce n'est pas perturbant pour les patients? De changer ainsi de psychologue?
-Oui, cela peut l'être. Sauf que j'ai été présente aux premiers séances de chacun d'entre eux avec leur nouveau psychologue. Et je leur en ai parlé juste avant. Je continuerai à m'informer de leur état continuellement.
-Vraiment? Et pourquoi ai-je eu droit à cette surprise? Suis-je ta préférée? Si c'est le cas, repenses sur ta manière de faire des surprises. Celle-là n'est pas réussie.
Elle rit à nouveau, à croire qu'aujourd'hui elle est de bonne humeur.
-Parce que toi, je continuerai à te voir quotidiennement. Et, si quelqu'un finissait par appendre notre marché, cela pourrait avoir des répercussions sur ma carrière. Je n'ai peut-être pas des ennemis aujourd'hui, qui sait ce que nous réserve demain?.
-Tu protèges tes arrières.. affirmai-je.
-Oui, Jeune femme.
-Malgré tes explications sensées, ne t'attends pas à des excuses.
Je m'assieds convenablement, en tournant ma face vers le lac, et place mes pieds sur le banc en face de celui sur lequel nous sommes assises.
-T'es une vraie furie.. affirme une Mivida souriante en secouant sa tête de droite à gauche.
Je ne me suis pas trompée. Elle est plus sereine que les jours passés. Hier encore Madame pleurait pendant que moi je voulais rire. Aujourd'hui, elle rit à chaque instant pendant que moi j'étais contrariée.Heureusement, que je le suis plus. Je veux bien partager ces rires.
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Renaissance
NezařaditelnéLa relation psychologue-patient est une relation a sens unique. Le patient raconte, explique ses moindres sentiments. Et si le psychologue lui-même avait besoin de se confier? Et si le patient n'acceptait en aucune façon de faire des confidences, s...