XVIII

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Il n'y a rien entre Dr Laval et Mivida, mais je ne peux m'empêcher d'interpréter leur relation autrement. Je me demande si, le Dr Laval est au courant de sa maladie.
Miv et moi, marchons côte à côte, silencieuses, pensives.. Je sais qu'elle finira par me dire ce qui s'est passé hier, même si c'est moi, qui dois, de force, lui ôter les vers du nez. Devon a frappé fort, je comprends qu'il ait voulu utiliser Marti, vu ce qu'elle ressent pour lui. Mais, savoir que Miv ne peut avoir d'enfant a dû procurer à Marti une telle joie. Attends....

-Rassure-moi, c'est pas avec Marti que Devon t'a trompé?

Je l'arrête net sur sa marche, elle me regarde, l'air surpris,

-Je sais, continuai-je pour m'excuser.. J'ai posé la question, de façon abrupte mais je pensais à tout ce que tu viens de me raconter et cela m'est venue à l'esprit..

-Je te croyais, capable de faire preuve d'un étonnant sang-froid.. me lança Mivida, en aborant un air déçu.

-Disons que ton diagnostic est faussé, Dr, rétorquai-je avec une innocence feinte.

-Calme-toi. Non, c'est avec Alexandra, son assistante.

-Il faut dire que les services rendus par Marti n'ont pas été rentables...pouffai-je

-Ouii, ce côté sarcastique que j'ai flairé est bel et bien présent chez toi.

-Tu n'as encore rien vu. Alors, il t'a dit quoi, hier, à sa visite?

Mivida ne me répond pas tout de suite, cela ne me dérangea guère, car nous sommes tout près de notre coin paradisiaque. Nous nous asseyons chacune sur un banc, face à face. Je donne face à l'arbre, sur lequel le dos de Mivida trouve appuie. Je la regarde, sans ciller. Elle esquissa un sourire, comme si elle me demandait, silencieusememt si je ne comptais pas lâcher l'affaire. Veut-elle vraiment que je ramène sur la table, notre toute première discussion.

" Je viens de prendre ma douche, je descendis l'escalier en essayant de joindre Chachoue par appel vidéo. Je compte bien prendre mon petit-déjeuner avec eux au bout du fil. Quand une voix, que je connais trop bien, lançe des éloges à Jea, concernant ses oeufs brouillés. Je lève ma tête de mon portable, tout en coupant l'appel que je venais de lancer. Je suis dépassée par plusieurs sentiments d'un coup, le plaisir de le voir, comme si j'avais envie de le voir. Je préfère mettre cela sur le compte de la surprise. Il a un peu maigri, il a aussi une petite barbe naissante, qui lui va à merveille. Ce maillot, col V, bleu, devrait lui être interdit de porter. Son parfum vient titiller mes narines, jusque là, où je me trouve, dans la deuxième marche, au pied de l'escalier. Il souriait à Jea, quand il se tourna vers moi. Son sourire s'efface petit à petit, mon masque d'indifférence a l'effet escompté."

-Tu sais, je peux passer tout le reste de la journée à t'attendre, avertis-je Mivida qui, jusqu'à présent ne veut rien me dire.

Son soupir las, m'indique qu'elle va enfin cracher le morceau.

-Il était en face de moi, au pied de l'escalier. Toujours beau, raffiné. Il a un peu maigri, j'aurais voulu que ce soit à cause de moi, mais je crois que c'est à cause de son travail. J'ai appris de source sûre qu'il est sur un dossier très important, et lui m'a confirmé qu'il profitait des ses insomnies pour travailler sur ce dit dossier.

-Tout ne tourne pas autour de toi.

-Je commence vraiment à regretter l'époque où tu étais presque muette.

À cette phrase, je lui fais une grimace accompagnée de mes plus sincères sourires. Je comprends que Mivida n'est plus ma psychologue. D'ailleurs, elle ne l'a jamais été, elle était une confidente, comme la femme qui traverse un moment difficile, qui je pourrais rencontrer par hasard dans une réunion anonyme, à qui j'ai décidé de faire confiance, et que mutuellement, nous nous aidons, à remonter à la surface. Mais aujourd'hui, je comprends que Mivida est une amie, une amie à qui je peux tout dire, une amie à qui je suis prête à tout confier, une amie à travers qui, je me vois et me comprend.

"Devon déglutit et s'apprête à placer un mot. Je préfère lancer l'attaque.

-Que fais-tu, ici?

-C'est aussi ma maison, si tu t'en souviens.

-Oui, mais tu aurais dû prévenir.

-Je savais pas que j'avais besoin de la permission de quelqu'un pour venir sous mon propre toit.

-Tu sais quoi, fais ce que t'as à faire.

Je remonte l'escalier, mais dès que j'ai l'impression qu'il me suit, je cours vers ma chambre. Avant même que je puisse refermer, il a déjà retenu la porte avec son pied.

-Quoi, encore? Criai-je.

-Mivida, arrête de m'éviter. Tu ne veux pas me parler depuis que tu m'as demandé de partir de la maison. Tu voulais du temps, je t'en ai donné. Mais maintenant discutons-en. Le divorce ne peut être notre seul recours Miv.

-Et après quoi? Nous irons suivre une thérapie de couple , ironisai-je.

Il soupira, et s'asseoit sur un fauteuil en face de moi.

-Miv, je suis désolé. Mes excuses ne suffiront sûrement pas, mais comment veux-tu qu'on avance sans en parler.

Il passe une main dans ses cheveux, se lève et reprend,

-J'ai toujours voulu un enfant, des enfants avec toi. Je patientais dans notre combat, sauf que ce jour où Monroe m'a demandé d'être le parrain, je ne pouvais plus supporter de savoir qu'il se pourrait que, moi, je n'aurai jamais mon enfant. Si je t'ai caché la vérité concernant ta maladie, c'est parce que je voulais éviter que tu souffres Miv. J'étais sincère, ce soir là.. je voulais vraiment pas que tu souffres.

Je ne sais pas pourquoi, mais assise sur le côté du lit, je l'écoute sans vouloir en placer un mot. Je le regarde comme si ce qu'il m'explique en ce moment précis, m'indiffère.

- Je comprends que tu sois encore en colère. Mais, sache que je t'aime Miv, je t'aime encore.

-Non, non Devon. Tu n'as pas le droit de me dire ces mots. Tu ne peux pas me faire ça. Tu n'as plus ce droit. Criai-je en lui pointant du doigt.

-Pourquoi? Parce que je t'ai menti? Je n'ai plus le droit de t'aimer, rétorqua Devon.

-Oui, parce que tu m'as menti, parce que tu m'as trompé. Alors dis-moi, tu m'as trompé, pourquoi? Tu voulais m'éviter quoi, cette fois? "

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