S๏lรtเςєร - [EreRiren]

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Je regarde le paysage qui défile devant mes yeux verts d'un air morose et profondément agacé.
Le comble c'est que notre C5 grise avance à la vitesse d'un escargot sous sédatifs sur cette petite route de campagne limitée à 80km/h.

Des champs à perte de vue et une terre parfaitement plate, rien de mieux pour assurer un ennui profond aux voyageurs. Heureusement que ma musique est là, sinon je serais déjà en pleine dépression. Et encore, pour survivre, je suis obligé de passer Happy de Pharell William en boucle.
Enfin, il y a tout de même un élément de ce paysage qui retient un minimum mon attention : une grande forêt se découpe au loin, contrastant avec ces incalculables terrains agricoles.

Mes parents, à l'avant de la voiture, discutent tranquillement. Ma mère, qui est au volant, demande de temps en temps des indications à mon père qui tient la carte.

Je pousse un soupir irrité, retire un de mes écouteurs et demande de ma voix la moins aimable :

- On est bientôt arrivé ?

- Dans quelques petites minutes. me répond mon père alors que ma mère me lance un coup d'œil mauvais dans le rétroviseur, me signifiant ainsi qu'elle n'apprécie pas le ton que j'ai employé.

Je remets mon écouteur droit et ferme les yeux, essayant de chasser la mauvaise humeur qui ne me quitte pas depuis que mes parents ont pris cette décision stupide : partir habiter dans la maison de ma grand-mère maternelle, fraîchement décédée.
Sa mort ne m'a fait ni chaud, ni froid ; je ne la connaissais même pas. Mais lorsque j'ai appris que ma mère avait hérité de sa baraque et que celle-ci se trouvait dans un bled totalement paumé et coupé du monde, je me suis mis à la maudire.

Mes parents se sont très rapidement mis d'accord : nous partons tous habiter là-bas.
Mon père, qui est médecin, a déjà fait plusieurs fois l'aller-retour entre notre ancienne maison et ce petit coin perdu. Il a acheté une petite demeure qui fera office de cabinet dans une ville non loin.
Ma mère, quant à elle, est boulangère - enfin, était . Et elle ne semble pas se soucier de devenir chômeuse du moment qu'elle s'installe le plus rapidement possible dans la maison de la vieille. Incompréhensible.
Et puis il y a moi, Eren Jäger, le fils unique de cette petite famille, l'adolescent de 17 ans dont l'avis ne compte absolument pas. J'ai dû dire au-revoir à tous mes amis du lycée du jour au lendemain et partir de notre ville pour aller dans un trou paumé.
Vie de merde. Qui m'a refilé des parents pareils ?

Notre voiture passe alors devant un panneau indiquant : "Bienvenus à Sina-sur-Marne".

- On est presque arrivé. m'annonce mon père en se dévissant le cou pour me jeter un coup d'œil. Maintenant, il ne nous reste plus qu'à trouver la maison et c'est terminé.

- Elle l'a fait exprès. je marmonne en faisant référence à ma grand-mère. Je suis sûr qu'elle riait comme une hystérique en écrivant son testament, ravie de son cadeau empoisonné.

- Je sais que tu es triste d'avoir quitté tes amis, Eren. affirme ma mère sans pour autant lâcher la route des yeux. Mais je suis certaine que tu t'en feras plein d'autres ici. Et puis, je suis sûre que tu vas te plaire à la campagne !