S๏lรtเςєร - [EreRiren]

ƇhคƤιtℜє 22... {Levi}

◇◆...◆◇...◇◆...◆◇...◇◆...◆◇...◇◆

ן'คเ ๔๏ภς คςςєթtє́.
เl єรt คթթคгย ๔єvคภt ๓๏เ. ɠгคภ๔, ɠเɠคภtєรợยє, թยเรรคภt... թยเร เl єรt թคгtเ คvєς гคթเ๔เtє́.
คթгє̀ร ςєlค, ภ๏ยร ร๏๓๓єร թคгtเร. ןє lคเรรคเร lє ร๏гt ๔є ςє vเllคɠє єภtгє lєร թคttєร ๔ย ๔є́๓๏ภ l๏ยթ.

◇◆...◆◇...◇◆...◆◇...◇◆...◆◇...◇◆

J'inspire profondément et expire lentement, formant des volutes d'air chaud, tentant de juguler la peur qui m'écrase les tripes et me broie lentement le cœur. Mes mains gantées agrippent fermement la carabine, et le doigt posé sur la détente de l'arme est crispé à son paroxysme. Tous mes sens en alertes, j'attends le moment fatidique où l'immense bête qui hante mes songes depuis maintenant une année se trouvera enfin dans mon viseur.
Je la tuerai. Il le faut. Sinon c'est moi qui y passe.

Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour Eren. Il doit être terrifié. Entre savoir que le démon existe et le voir réellement, il y a un fossé gigantesque. Ce monstre est cauchemardesque.
Je ferme les yeux une brève seconde pour me calmer et atomiser la pensée vicieuse qui vient de se faufiler dans mon esprit, me murmurant que quelque chose va peut-être le trahir et que le démon lui sautera dessus pour lui arracher la tête à grands coups de crocs.

Alors qu'enfin, je retrouve entièrement mon calme, une longue plainte mélodieuse s'élève. Je sens tous les poils de mon corps se hérisser et un tremblement parcourt mes membres, me faisant légèrement sursauter. Une terreur glacée m'embroche violemment le cœur.
Je déglutis péniblement et refoule du mieux que je le peux cette peur atroce qui se manifeste à chaque solstice, lorsque je suis confronté au démon, quelle qu'en soit la manière. Lorsqu'il arrête enfin de chanter à la lune, je sens une partie du poids sur mes épaules s'envoler.
Je serre les dents et empoigne avec plus de force la carabine entre mes mains. Voila le rappel dont j'avais besoin pour retrouver ma vigilance et ma détermination : une démonstration de la puissance de ce démon. Rien qu'en hurlant, et sans même que je ne l'ai en face de moi, il crée un sentiment implacable de terreur qui me transperce le cœur.

Il ne va pas tarder.
Je redresse la tête et prends mon courage à deux mains. Je soulève ma carabine et fixe mes yeux droit devant moi, là où devrait arriver le monstre d'un instant à un autre. J'ignore parfaitement les battements effrénés de mon cœur terrifié et le sang qui palpite dans mes tempes, toute mon attention concentrée uniquement sur l'arrivée imminente de la bête.

La forêt est à nouveau silencieuse, ce qui ne manque pas de me faire angoisser - pour une raison que j'ignore. Heureusement, le couteau de cuisine aiguisé qui est dans ma poche et les branches gigantesques du chêne dans lequel je suis caché m'offrent un peu de réconfort ; étrangement, j'ai l'impression qu'elles me protègent des menaces extérieures. Bien que, je le sais pertinemment, elles n'empêcheront en rien le démon de me tuer.

J'attends. Impatiemment.
Une goutte de sueur coule alors lentement le long de ma tempe droite. En temps normal, j'en aurais été dégoûté et aurais immédiatement essuyé ce filet d'eau avec un mouchoir ; mais en ce moment précis, je m'en moque : l'hygiène est le dernier de mes soucis désormais.
Soudainement, je cligne des yeux, percevant quelque chose. Les sens exacerbés, je me redresse légèrement et me concentre. Mes yeux s'agrandissent légèrement lorsque j'entends le son d'une course lourde et saccadée.