S๏lรtเςєร - [EreRiren]

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Levi détache soigneusement l'homme et laisse tomber au sol la lourde et longue corde qui le ligotait. Le malheureux qui aura le privilège de se faire sacrifier demain s'apprête à se lever de sa chaise, mais soudainement, la main de Levi s'abat rudement sur son épaule, le clouant à nouveau sur son siège.

- Ecoute-moi bien, mon grand. lui souffle Levi d'une voix menaçante, ses yeux luisant d'une lueur terrifiante. Tu vas me faire plaisir et rester bien sage, d'accord ?

L'homme déglutit péniblement, effrayé, avant d'opiner vivement de la tête. 

- Bien. continue Levi, toujours de sa voix la plus grave et froide. Maintenant, tu vas te lever sans geste brusque, et me suivre sans poser de questions. Si jamais tu es tenté de t'enfuir, rappelle toi juste que mon ami - ici présent - a entre les mains une carabine et... comment t'expliquer ? Et bien, disons qu'il a tendance à avoir la gâchette facile.

L'adulte pose des yeux écarquillés de terreur sur ma personne, et j'ai soudainement l'impression désagréable d'être un bourreau couvert du sang de ses victimes. Je me force à garder un visage inexpressif et à lui décocher un regard mauvais, espérant que ça suffise à lui faire suffisamment peur pour qu'il n'essaie pas de s'enfuir.

- Bon, bouge-toi maintenant ! lui ordonne Levi de sa voix la moins aimable.

Terrifié, l'adulte lui obéit immédiatement et docilement : il se lève presque d'un bon de sa chaise et s'empresse de suivre Levi lorsque ce dernier se met en route. Je me poste rapidement derrière lui, de sorte à ce qu'il soit cerné des deux côtés, et pointe le canon de la carabine sur son dos.

Nous sortons ainsi du hangar, dans un silence pesant qui trahit la tension que nous éprouvons. A la tête de notre petit groupe, Levi prend la direction de la forêt. Même s'il paraît totalement maître de lui-même, je le soupçonne d'être presque aussi nerveux que moi.
Devant moi, l'homme n'arrête pas de se retourner pour loucher sur mon arme, la peur ravageant son visage aux traits creusés par la fatigue. Après quelques minutes de marche, n'y tenant plus, je lui abois dessus, lui ordonnant d'arrêter de se retourner ainsi s'il ne veut pas finir cribler de balles. Il cesse alors de le faire, apparemment trop apeuré pour se rebeller.

Au dessus de nos tête s'étend l'immensité du cosmos ; les étoiles peuvent briller de tout leur éclat nacré grâce à l'air non-pollué de la campagne, et la lune, qui me rappelle tant la couleur des prunelles de Levi, luit de toute sa beauté sans qu'un nuage n'ose venir la masquer. Peut-être aurais-je pu profiter de cet incroyable spectacle en d'autres circonstances... hélas, j'ai bien mieux à faire en cet instant que d'admirer la voûte céleste ! 
Mes pensées dérivent alors vers mes parents et je me demande ce qu'ils font en ce moment. Sans doute ma mère est-elle en train de zapper toutes les chaînes de la télévision, aucun programme ne l'intéressant mais pas assez fatiguée pour aller se coucher. Quant à mon père, il est sûrement endormi profondément depuis bien longtemps. Un petit sourire ironique étire mes lèvres en songeant que, pendant ce temps là, je joue le rôle d'un petit caïd, d'un voyou qui menace un adulte avec une arme à feu...