Avez-vous déjà eu le sentiment d'être observé alors que vous êtes seul dans votre chambre ? Comme si un être ne faisait que vous regarder en permanence ? Ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas en train de devenir fou, ce n'est que l'effet panoptique.
Les panoptiques, des prisons imaginés par Jeremy Bentham
Un philosophe a un jour imaginé une prison circulaire dont l'architecture permettait aux gardiens de toujours voir ce que faisaient les prisonniers. Ces derniers avaient donc le sentiment d'être observées par un être omniscient et omnipotent. Ce philosophe est Jeremy Bentham. Son objectif était de simplifier la prise en charge des prisonniers et de la rendre moins coûteuse.
Le panoptique avait un système très strict. Les cellules faisaient six mètres carrés, les détenus étaient classés par type d'infraction, sexe et âge et ils revêtaient un uniforme asymétrique. Leurs postures et leurs comportements étaient rigoureusement contrôlés et quatorze heures quotidiennes étaient consacrées au travail.
Cette prison est novatrice car elle est principalement psychologique. Son dispositif permet de minimiser le contrôle sur les prisonniers tout en maximisant leur conscience de contrôle. Dans le panoptique les individus se sentent surveiller en permanence, mais sont incapable de s'en assurer, alors qu'il y a moins de surveillance dans cette détention que dans les autres.
Le panoptique de Bentham, une métaphore de la société
Dans la préface « Surveiller et punir », Michel Foucault compare le panoptique à notre société et surtout à sa propension à la normalisation et l'observation des autres. Que ce soit dans les écoles, les hôpitaux, les usines, les bureaux ou même dans les rues, nous vivons comme à l'intérieur d'un panoptique. On a l'impression constante d'être observés. Prenons un exemple. Avez-vous déjà eu l'impression que vos parents savaient quelque chose que vous leur avez caché alors qu'il est impossible qu'ils vous aient vu ? Ou bien avez-vous à plusieurs reprises fermez à clé la porte des toilettes quand vous étiez seul chez vous ? Ou encore, vous est-il arrivé de ne pas faire quelque chose, comme vous mettre les doigts dans le nez, car vous pensiez à ce que votre petit ami ou votre grand-mère diraient si ils vous voyiez ? Voilà ce qu'est le principe de panoptique.
Un groupe voulant se libérer de l'effet panoptique
Parlons maintenant d'un groupe d'habitants de San Francisco qui voulaient se libérer de ce sentiment général d'être surveillé, créé par l'effet panoptique. Tout d'abord sous le nom de Suicide Club, ce groupe a été crée en 1977, un soir d'orage. Ses membres Gary Warne, Adrianne Burk, Nancy Prussia et David T. Warren décidèrent cette nuit lors d'une tempête de longer le mur d'une vieille forteresse sous le Golden Gate et formèrent le Suicide Club dans la foulée. C'est Gary Warne qui trouva le nom du groupe, il s'inspira d'une nouvelle de Stevenson qui décrivait un cercle d'amis qui avaient tous décidés de se tuer et de profiter pleinement des derniers instants avant de se suicider. Ce qui l'a marqué n'est pas le fait que ce groupe décide de se suicider, mais qu'ils aient envie de profiter de leurs derniers jours sans entrave.
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Abîme de Science
Non-FictionQui n'a jamais rêvé de posséder tous les savoirs du monde ? Qui ne s'est jamais imaginé chercheur, scientifique, explorateur ? Qui n'a jamais songé aux milles secrets qu'il reste encore à découvrir sur Terre, et ailleurs ? Qui n'a jamais eu envie d'...