Chapitre 39

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Ma chambre est un véritable chantier, alors que j'avais fait un bon tri et un bon rangement. Je me laisse tomber sur le lit, désespérée.

- Tu étais trop mignonne ! Enfin tu l'es toujours je te rassure, tu avais quel âge sur celle-là ?, me montre Steph en tendant la photo qu'elle a décollé de mon miroir.

- 6 ans, eh oui, j'étais déjà plus petite que la moyenne à l'époque.

Il se trouve qu'elles ont ramené 2 gros sacs chacun et qu'en attendant que ma mère trouve de la place,ils sont dans ma chambre. Elles aussi, contentes de rentrer dans mon intimité. Quoique j'en ai plus avec elle, presque. Elles sourient et commentent chaque photos qu'elles trouvent, ainsi que toutes les babioles. Elles sont venus dormir le weekend chez moi parce que je leur manquais trop. Je ne peux pas cacher qu'elles m'ont manqué aussi, mais 3 filles de plus dans cette maison, je crois que ça va finir par un drame. Mon père va vite revoir son avis. Ma mère et lui pensent que c'est une bonne chose dans le sens, que je ne dois pas rester seule, ils ont repris le travail et ma sœur les cours,donc ils culpabilisent de me laisser ici, même s'ils ont chargé la voisine de venir me voir toutes les heures.

Ce qui n'est pas logique c'est que le weekend tout le monde est là. Passons. Ça me ferait certainement du bien.

- Je peux rentrer ?

- Maman, la porte n'est même pas fermée.

- Je préfère demander, vous êtes entre filles.

- Tu es un homme maman ?, plaisanté-je l'air outrée.

Elle roule des yeux, mes blagues ressemblent de plus en plus à celles de mon père depuis que je suis rentrée.

- Vous allez faire quoi aujourd'hui ?, nous demande-t-elle, pressée de se débarrasser de nous à ce que je vois.

- Je ne sais pas, on va rester papoter je pense.

- Oh non, me reprend Steph, tu vas sortir et reprendre des couleurs. Tu es aussi blanche que mon cul. Pardon Madame Moreau, s'adresse-t-elle à ma mère se rendant compte de ce qu'elle vient de dire.

- Stéphanie, je suis d'accord avec toi alors ne t'excuse pas. Puis tutoyez moi les filles.

- Maria, on n'est pas venue pour rester dans ta chambre, poursuit Julie.

- Tu es seule contre tous ma chérie. Le vendredi soir, vous allez sûrement trouvé quoi faire. Et papa vient de rentrer du boulot, finit-elle en quittant la chambre.

- Alors, il y a quoi dans les alentours ?, me pose Sophie.

- Euh, rien de passionnant.

- Maria ?

- Quoi ?

- On le voit que ça ne va pas. D'ailleurs, on a pas eu l'occasion de se retrouver seule depuis alors cette discussion on va l'avoir ici, ou dehors.

- Vous êtes vraiment déterminée c'est incroyable. Je me change vite fait, installez vous tranquille mais pas de désordre.

Elles sourient et je choisis les premiers vêtements qui me viennent. En descendant, je dis bonjour à mon père et je remarque que les filles étaient derrière moi.

- Je vous laisse discuter, dis-je avant de me précipiter à la salle de bain.

Je me regarde dans le miroir et je n'aime pas cette sensation. Je n'ai pas envie de sortir, je n'ai plus envie de rien. Néanmoins, je n'en peux plus d'être enfermé. Tout est paradoxal. Je m'habille d'un jean et d'un t-shirt simple assez large. Pas envie de me pomponner non plus, même les filles ne vont pas se changer. Alors je me rafraîchis le visage après avoir versé deux, trois larmes. Je rajoute un léger coup de crayon et je sors.

- Tiens ma puce, allez prendre un verre, allez au bowling, peu importe, mais éclatez vous, me dit mon père me tendant une centaine d'euros.

Il ne fait pas les choses à moitié,les filles derrière lui, sont assez gênées, parce que vu ce qu'il a donné c'est pour payer la sortie de tout le monde.

- Merci papa, fallait pas.

- Mais si, tu m'as manqué mais y'en a marre de te voir hanter les lieux, rigole-t-il.

Entendant ma mère qui le suit, je suppose qu'elle est d'accord avec lui, ok c'est sympa.

***

Nous avons choisi de faire un laser game, où on s'est totalement défoulé. On a fait même deux parties. La deuxième, nous n'étions pas seules, un autre groupe d'amis s'est rejoins à nous pour qu'on fasse un duel, c'était vraiment sympa. On a bien sympathisé avec eux mais ils sont déjà partis. Nous, on s'est installé dans des fauteuils autour d'une table basse pour boire un petit verre. On est tous dans le soft pour ce soir.

- Demain, on fait du shopping non ? Ça me plairait de savoir ce qui a comme magasin ici, suggère Sophie, toujours présente pour dépenser ses sous dans les fringues et chaussures.

- Je suis partante, confirme Steph.

Alors nous optons tous pour une partie de shopping demain après midi.

- Maria, comment tu te sens ? Ça te fait du bien d'être chez tes parents ? Et cette fois, aucun excuse, aucune esquive, continue-t-elle.

- Si, parce que je ne pense pas que ce soit l'endroit approprié pour parler de ceci. Il y a beaucoup trop d'oreilles.

- Maria 

- Sortons.

Les filles se lèvent sans plus attendre, je suis obligée de les suivre du coup. En effet, je n'ai plus aucune excuse. Enfin je crois.

Nous nous asseyons sur un mur près du parking où personne ne se trouve autour de nous. C'est déjà un poids un moins mais je ne sais quoi pas leur dire, ou par quoi commencer.

- Maria, tu as besoin de nous parler. Ta mère nous a dit que tu ne l'as pas fait avec eux. Tu ne peux pas garder tout ça au fond de toi, commence Julie.

- Je sais mais... c'est facile à dire. Je ne sais même pas dire si je vais bien.

- C'est que ce n'est pas le cas, confirme Steph et c'est certain.

- Tu veux parler de ce qu'il t'a fait là bas ?, poursuit Julie d'un regard compatissant la main posé sur mon épaule.

- C'est encore un peu flou. Je me rappelle que j'avais terriblement froid, terriblement faim. Qu'à force de crier au secours, j'en avais perdu ma voix. Qu'à force de tirer sur les cordes avec lesquelles il m'avait lié les mains, je m'arrachais la peau, leur expliqué-je en touchant les poignets à peine cicatrisé.

Je ne retiens pas mes larmes et elles me prennent sans hésiter dans les bras.

- Dès qu'une réponse ne lui satisfaisait pas, il cognait, me tirait les cheveux, c'était...c'était...

Je n'arrive pas à trouver mes mots car il n'y en a pas d'assez fort pour décrire cette barbarie. Je m'effondre davantage dans les bras comme pour me libérer de ce trop pleins de tristesse qui me ronge. Mais il y a pire, comme le dégoût et la haine que je ressens. Je crois qu'il est temps que je m'arrête là. J'en ai déjà dit trop.

- Tu sais avant le shopping je crois que je sais où on doit aller pour te faire du bien, lance Steph sans que je m'y attende.

- Où ?, répondé-je reprenant mon souffle.

- Ouais où Steph ? Au SPA ? Massage, soins, coiffeur et tout le tralala, nous liste Sophie enjouée.

- Mieux que ça.

Cruels intentionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant